Mafia II: Definitive Edition : 2K Games nous offre une version « définitive » de Mafia II, mais cela ne fait pas d'elle un immanquable remaster.
Tout a changé en dix ans
Mafia II est sorti en 2010, et représentait alors une bonne alternative à Grand Theft Auto IV, voire un bon investissement pour les amateurs d'open world tout court. Le marché a bien évolué depuis, mais le jeu est resté dans les cœurs de bien des joueurs grâce à sa narration forte et son ambiance rétro rare. 2K Games nous propose désormais de le retrouver dans une version améliorée appelée Mafia II: Definitive Edition, dans le cadre de son bundle Mafia: Trilogy. Vaut-il le détour ? La réponse dans notre test !
Le manque d'expressivité des protagonistes se fait bien ressentir lors des cinématiques.
La première chose à regarder dans un projet du genre, ce sont bien évidemment les graphismes. Premier choc : les visages des personnages ont mal vieilli, surtout celui de Vito Scaletta, dont les yeux (et la tête) partent souvent dans des angles trop prononcés, voire improbables. Le manque d'expressivité des protagonistes se fait bien ressentir lors des cinématiques, alors que seules la bouche et les mirettes s'excitent lors des dialogues où les doubleurs sont en plus très investis. Cela dénote d'autant plus que les corps sont correctement animés et les textures des vêtements bien modernisées, et qu'ils sont placés dans des décors largement remis au goût du jour.
Les environnements sont clairement le point fort de ce remaster : des briques des parois aux posters, en passant par les intérieurs et les véhicules, tout a bénéficié d'un très appréciable ravalement de façade. Ce n'est pas une claque visuelle non plus, mais c'est largement à la hauteur de bien des productions modernes à ce niveau-là.
Pour respecter sur l'aspect technique, nos parties sur PS4 étaient malheureusement loin d'être parfaites. Baisses de framerate ponctuelles, parfois à des niveaux très dérangeants lors de certaines cinématiques, problèmes de collision et de points d'accrochage pour la couverture, clipping flagrant en regardant à l'horizon et même de très rares crashs sont venus rythmer notre aventure, ce qui est forcément gênant pour un jeu qui n'est déjà pas à la hauteur esthétique des cadors de 2020.
Le plus gros défaut ne se situe étrangement pas au niveau des graphismes, mais du son. Sur PS4, lors de certaines cinématiques il semble passer en mono et/ou certains sons apparaissent comme très bas sur l'une des deux sorties. L'utilisation de casque ou d'écouteurs devient alors très désagréable et déconseillée. De plus, il semble y avoir un problème de compression ou de grésillement sur l'ensemble des voix françaises, qui s'entend encore plus avec les périphériques audio. Cela encourage à passer sa console en anglais pour vivre au mieux l'expérience en version originale : malheureusement, il n'est pas possible de changer la langue depuis les menus in-game, et donc de profiter des dialogues anglais avec les textes en français, ni de régler la taille des sous-titres. En bref, aucune configuration ne permet pour le moment de s'amuser dans le confort optimal.
Autre souci, un gros logo apparaît en haut à droite de l'écran pour indiquer si votre partie est reliée à un compte 2K. Le pictogramme assez imposant ne partant pas, nous avons fini par associer notre compte... mais l'icône a simplement été modifiée, et n'a pas disparu pour autant. Elle s'est effacée lors de notre partie suivante, puis est réapparue par la suite, avant de repartir, mais nous aura embêtés pendant de longues heures. Bien évidemment, aucun bouton dans les menus ne permet d'agir manuellement sur ce point aussi idiot que dérangeant, probablement dû à un bug qui témoigne à lui seul du manque d'optimisation de Mafia II: Definitive Edition.
Les mêmes défauts, mais en Definitive Edition
Et c'est bien dommage, car c'est avant tout ce que nous attendons d'un portage d'un jeu vieux de dix ans, tout de même. Tous ces problèmes viennent s'ajouter aux défauts inhérents à l'expérience qui n'ont pu être changés : des bastons et des gunfights rigides n'offrant que peu de sensations, une IA aux déplacements et aux réactions souvent aux fraises, et un aspect très linéaire dans la narration, qui ne laisse que peu de place aux activités annexes. Malgré ses apparences de GTA-like, le titre est pour rappel nettement moins fun, privilégiant une conduite réaliste et des affrontements difficiles où la mort vient vite. Même en difficulté médiane, une rafale d'une demi-seconde ou un cocktail molotov peut tuer, alors même que nous ne calculons même pas que nous sommes en train de prendre un risque.
Mafia II: Definitive Edition n'offre finalement que l'illusion d'un jeu moderne. Sur un instantané, il a tout l'air d'un TPS très correct de 2020, avec de beaux décors et un gameplay ludique et complet à la GTA. Mais dès que nous creusons, nous découvrons ses visages et déplacements austères, ses scènes d'action difficiles et sans saveur, son univers qui manque de dynamisme et d'activités secondaires, et ses autres petits défauts qui ont pris de l'âge et sont plus difficilement acceptables. La concurrence nous a offert mieux sur bien des points ces dernières années, alors les moindres failles se retrouvent exacerbées par ces nouveaux défauts techniques qui rendent l'expérience imparfaite et inconfortable.
Reste tout de même toutes les autres qualités qu'avait Mafia II, de la ville fictive d'Empire Bay qui se laisse arpenter à bien des reprises dans des phases de conduite hypnotiques à l'ambiance des années 40 et 50 retranscrites dans les moindres détails, des véhicules à la bande-son, sans oublier cette histoire centrale captivante et prenante. Pour les adeptes de familles mafieuses italiennes ou les puristes de jeux en monde ouvert peu exigeants, le voyage vaut bien évidemment toujours le détour, mais ne parvient quasiment jamais à faire oublier son âge. Et si vous accrochez, vous avez même accès aux trois extensions scénarisées, malheureusement assez anecdotiques et redondantes malgré leur longueur.
L'édition PC de Mafia II: Definitive Edition est vendue à 29,99 € à la Fnac.
- L'ambiance rétro d'Empire Bay toujours intacte
- L'histoire des mafieux italiens reste prenante
- Un beau travail sur les environnements et leurs textures
- Les visages inexpressifs gênent l'immersion
- Des soucis d'optimisation nombreux, de l'image au son
- Tous les défauts et les vieilleries du gameplay cassent l'illusion d'un jeu moderne