Ghost of Tsushima : Un jeu qui tranche sec ? Une page se tourne pour la PS4.
Les Bas-Fonds
En 2017, les joueurs du monde entier découvraient une toute nouvelle exclusivité à venir sur PlayStation 4, Ghost of Tsushima. Aux commandes ? Une équipe connue pour diverses licences amusantes, Sucker Punch. Ainsi, nos yeux se sont posés sur une production mettant en avant le Japon féodal. Un univers enchanteur... Un gameplay alléchant... Un monde prenant à exploser... Cette aventure avait tout pour plaire de prime abord. Nous avons décortiqué la bête dans tous les sens, il est l'heure pour nous de vous livrer nos impressions.
Une atmosphère envoûtante qui nous fait voyager dans un Japon oublié.
Parlons peu, parlons bien, la partie de visuelle de Ghost of Tsushima est hétéroclite. Entendez par là que le jeu peut éclater vos mirettes, avec des plans et des séquences travaillés à couper le souffle, et vous donner une sensation de répulsion, tellement certains passages manquent de finition. En effet, d'un côté nous avons des textures peaufinées et éclatantes, de l'autre, sommaires et quelconques, dignes d'un jeu PS3 sorti en début de génération... Cette transition entre « le beau et le laid » est pas mal dérangeante. Alors oui, nous sommes dans un monde ouvert, et nous sentons que les développeurs ont dû faire quelques concessions selon les lieux explorés. Mais sincèrement, c'est très dur de passer d'un décor somptueux et vivant, avec une faune et une flore poignantes venues de l'Est, à des lieux plats, vides et sans âmes. Les animations, même combat. La gestuelle des personnages est tantôt fluide, tantôt très mécanique. Et les expressions faciales... Non, il vaut mieux ne pas en parler.
Cependant, malgré ces altérités visuelles, la direction artistique est excellente, tellement extra qu'elle parvient par moment à nous faire oublier les imperfections à droite, à gauche. Certains jeux de lumière arrivent à nous plonger dans une atmosphère envoûtante qui nous fait voyager dans un Japon oublié. Les rayons du soleil transperçant les nuages, la lune éclairant les petits villages, c'est saisissant ! Autre point et pas des moindres, il est possible d'appliquer un filtre dit « Kurosawa » (rendant hommage au réalisateur japonais). Le jeu passe en noir et blanc pour nous faire vivre une expérience digne des longs-métrages du maître. Néanmoins (pour chipoter un petit peu), nous n'aurions pas été contre l’ajout de petits grains pour donner l'aspect d'un film vieillot à l'image.
Du côté de la bande-son, c'est de la volupté, avec des thèmes rythmés, qui collent parfaitement à une situation. Bien évidemment, les notes jouées viennent du pays du Soleil-Levant, c'est relaxant et satisfaisant. Le doublage français dans tout cela, lui, est bon, même si cela manque de tripes et de folie dans la voix dans certaines scènes. Sans surprise, nous vous conseillons de jouer dans la langue de Mishima, en japonais donc, pour vivre cette expérience comme il se doit.
Le Duel silencieux
Ghost of Tsushima est un jeu mélangeant action, infiltration et exploration. Ainsi, nous plongeons dans un univers 100 % nippon que nous pouvons parcourir à dos de cheval, ou à pied. Nous pouvons nous servir d'une carte pour repérer des lieux précis afin d'y placer un marqueur. Point d'indicateur à l'écran durant nos escapades, nous devons suivre la direction du vent (que nous pouvons invoquer avec le pavé tactile) pour arriver à notre destination. C'est vraiment bien pensé et légèrement poétique.
Une fois la prise en main maîtrisée, Ghost of Tsushima est jouissif et divertissant.
Tout au long de notre aventure, nous récupérons de nouvelles armes, et nous cumulons des points d’expérience (à récupérer en achevant des missions, des quêtes secondaires, en découvrant des lieux cachés) afin de booster un brin notre protagoniste. En passant par un arbre de compétence, nous avons alors la possibilité de débloquer de nouvelles techniques fort pratiques. L'évolution de notre héros se fait en douceur et est en adéquation avec le déroulement de l'histoire. Plus nous avançons, plus Jin Sakai à la rage et prend en biceps.
Lorsque nous envahissons un village pris en otage, nous pouvons nous faufiler dans les hautes herbes, nous dissimuler derrière une paroi, ramper sous une maison, afin de surprendre un adversaire. Ici, nous essayons de repérer le guerrier le plus puissant afin de le provoquer en duel. C'est alors que s'enclenche un affrontement en tête à tête où le premier qui dégaine son arme, à un timing bien précis, gagne la bataille. Notez que ce genre d'opposition alerte souvent les opposants environnants.
Une mêlée débute, et une certaine envie de jeter la manette se fait ressentir... Pour commencer, la caméra est très capricieuse et n'en fait qu'à sa tête. Elle a, de temps à autre, du mal à suivre nos déplacements et se positionne sous un angle peu pratique, dissimulant un ennemi hors de l'écran (de notre champ de vision) qui ne se prive pas pour nous attaquer ; difficile de le contrer pour le coup. Autre point, il n'est pas possible de verrouiller un adversaire, il faut orienter le joystick vers un assaillant pour essayer de lui infliger des dégâts.
Pour trouver du plaisir pendant ces querelles, il faut comprendre ce que les développeurs ont voulu proposer aux joueurs, à savoir un aspect réaliste, sans indicateur, sans rien, pour nous immerger dans des luttes infernales. Il faut donc un temps d’adaptation pour assimiler les subtilités du gameplay. Ainsi, il faut analyser l'adversaire, saisir ses mouvements, anticiper, esquiver et frapper fort pour le mettre à terre. Une fois la prise en main maîtrisée, Ghost of Tsushima est ultra jouissif et divertissant.
Chien enragé
Nous sommes en plein Japon féodal, fin 13e siècle, les Mongols ont envahi l'île de Tsushima et veulent conquérir l'Archipel. Le samouraï Jin Sakai se lance dans une bataille acharnée avec toute une armée contre l'envahisseur. Les Japonais se font massacrer par la flotte du terrible et impitoyable Khotun Khan. Les corps jonchent le sol, Jin se relève, il est le seul survivant de son clan. Il va alors aller à l'encontre de certaines valeurs pour gagner en force. Il devient un « fantôme » qui n'a pour seul objectif : se venger et libérer Tsushima !
Il manque un « je-ne-sais-quoi » poignant et marquant.
Sincèrement, nous avons apprécié que Sucker Punch se soit basé sur des faits historiques réels pour concevoir cette production vidéoludique. Après, le petit problème qui se pose, c'est que l’odyssée tire par moment en longueur et nous avons du mal à nous attacher aux personnages. Il manque un « je-ne-sais-quoi » poignant et marquant, qui nous ferait décrocher la mâchoire. Nous suivons alors un périple avec quelques rebondissements peu surprenants.
Comme nous vous l'avons dit, Ghost of Tsushima est un monde ouvert proposant différentes quêtes à compléter. Seulement voilà, le souci est que les missions se ressemblent un peu trop. Le principe est toujours le même globalement : infiltrer et nettoyer un camp. En d'autres termes, c'est ultra répétitif. Pour varier un peu les plaisirs, nous devons examiner un peu les lieux, et trouver de petits secrets. Pour arriver au bout du tunnel, nous avons mis 28 heures environ, en traînant un peu des pieds. Mais en ligne droite, le titre se termine en une vingtaine d'heures.
Entre le ciel et l'enfer
Vous l'aurez donc compris au travers de nos écrits, Ghost of Tsushima peut être spectaculaire comme ennuyeux. Le titre dégage un côté poétique, très apaisant (il est agréable de se balader dans un environnement japonais avec sa monture), mais il manque cette folie, cette explosion qui nous ferait dire que nous avons là une grosse exclusivité à ne surtout pas louper sur PS4.
Malgré les défauts techniques et les problèmes d’écriture, cela reste tout de même un bon jeu qui fait passer le temps, mais qui ne va pas forcément marquer les esprits. Nul doute que Sucker Punch va prendre en compte les retours des joueurs pour peaufiner sa production au fil des semaines. Alors oui, si vous cherchez une aventure à monde ouvert dans un Japon atypique, Ghost of Tsushima fait un minimum le café. Simplement, ne vous attendez pas à un périple qui va vous retourner le cerveau.
Ghost of Tsushima est actuellement vendu à 59,99 € à la Fnac ou sur Amazon.
- Une direction artistique complètement dingue...
- Des combats intenses et forts en émotion...
- Une histoire se basant sur des faits réels...
- Plusieurs missions à réaliser...
- Une bande-son en adéquation avec l'univers
- Un aspect poétique, très apaisant, jouant sur les émotions, qui se dégage du jeu
- Le filtre Kurosawa, bel hommage
- ... mais un coup c'est beau, un coup c'est moche
- ... mais il faut un temps d'adaptation pour bien comprendre le gameplay
- ... mais très lente, avec une écriture qui a du mal à captiver
- ...mais bon sang, c'est super répétitif
- La caméra, au secours...