Dead Island 2 : Après des années d’attente, Dead Island 2 est enfin là. Réussit-il l’exploit d’être un bon jeu malgré un développement chaotique ?
Hell-A enfin là, cette suite !
Septembre 2011, Techland sortait Dead Island, un jeu d’action et d’aventure horrifique à la première personne, nous emmenant sur une île paradisiaque envahie par des zombies, un ennemi particulièrement à la mode à l’époque. Deux ans plus tard, une extension stand-alone, Dead Island: Riptide voyait le jour, et c’est à l’E3 2014 que l’éditeur Deep Silver dévoilait Dead Island 2, pour une sortie l’année suivante. Techland est parti travailler sur Dying Light, l’éditeur a donc placé sur le projet Yager Entertainment (Spec Ops: The Line), mais finalement, le développement a été confié à Sumo Digital, puis à Dambuster Studios (Homefront: The Revolution). Nous sommes en avril 2023, neuf ans après l’annonce du jeu, et voilà que Dead Island 2 est enfin disponible. Sur le papier, l’histoire du développement fait peur et rappelle l’effroyable Duke Nukem Forever, mais vous pouvez souffler, le jeu de Deep Silver et Dambuster est loin d’être une purge.
Le décalage entre le gore et les paillettes est amusant tout au long de la partie.
Même si beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, le pitch de Dead Island 2 n’a pas bougé depuis toutes ces années. Alors que l’apocalypse zombie fait rage et ne touche plus simplement qu’une île, plusieurs personnes tentent d’échapper à la quarantaine en Californie en avion, mais bien évidemment, l’évacuation ne se passe pas comme prévu et l’appareil s’écrase à Los Angeles, ou LA pour les intimes, qui est ici devenu Hell-A. Le joueur incarne un survivant parmi plusieurs choix et croise rapidement une jeune actrice qui l’invite à se réfugier dans sa villa, marquant le début d’une aventure pas spécialement palpitante. Le scénario de Dead Island 2 reprend la plupart des clichés des films de morts-vivants, en les mélangeant avec ceux sur les stars de Hollywood. Sans spoiler, bien évidemment, l’histoire s’articule surtout autour de notre personnage et du virus, avec quelques idées qui arrivent à tenir en haleine le joueur au fil des missions principales pendant une petite dizaine d’heures. Le ton est ici plutôt sérieux, ce qui détonne un peu avec le reste, mais mine de rien, le scénario fonctionne bien sans pour autant réinventer le genre et il est surtout là pour nous faire voyager en ville.
Le début de l’aventure nous emmène dans la villa d’une starlette à Beverly Hills avant de nous faire visiter les beaux quartiers de Los Angeles, de Venice Beach à Ocean Avenue en passant par Hollywood Boulevard, Santa Monica, un hôtel de luxe et des studios de cinéma, mais aussi des endroits moins exotiques comme le métro et les égouts. Ces deux derniers lieux sont surtout là pour des séquences un peu plus horrifiques dans des couloirs exigus et faiblement éclairés, mais les autres environnements sont des terrains de jeu de taille relativement moyenne et ouverts, Dead Island 2 n’étant pas un open world, mais un assemblage de ces niveaux, avec des passages (et des temps de chargement) les reliant. Et ça fonctionne, le dépaysement est total, les décors sont variés et détaillés, chaque lieu est immédiatement reconnaissable, le joueur s’amuse à se balader dans les villas des stars, sur la plage, sur les plateaux de tournage ou sur le Walk of Fame pour exploser des zombies à la chaîne, car c’est bien ça tout le principe du jeu.
Et mine de rien, le pari de faire un jeu fun avec des zombies à LA fonctionne du tonnerre, le décalage entre le gore et les paillettes est amusant tout au long de la partie, les développeurs détournent les clichés d'Hollywood pour mieux taper sur le star system avec par exemple des accros aux réseaux sociaux, des acteurs mégalos, des musiciens ratés ou des artistes fous. Tout ce beau monde est surtout présent dans les nombreuses missions secondaires du jeu, où l’humour est davantage mis en avant, l’écriture se prend moins au sérieux et le fun de Dead Island 2 prend tout son sens, même si au final, les objectifs de ces quêtes restent du pur FedEx dans la plupart des cas. Notons aussi la présence de missions de recherche, demandant de dénicher des notes et d’explorer les recoins de la ville pour retrouver des survivants, et surtout des armes rares et puissantes. Une bonne idée pour casser la routine, la récompense en vaut souvent la chandelle, même si se poser et réfléchir en pleine apocalypse zombie a de quoi étonner. Tout cela mis bout à bout, en comptant également les coffres à ouvrir avec des clés à dénicher et les défis de combats, donne une durée de vie supérieure à 20 heures de jeu, si comme nous le joueur s’amuse à déambuler parfois en ville sans se prendre la tête, mais en explosant seulement celle des zombies.
Ça coupe, ça tape, ça crame, ça tire...
Dead Island 2 est le vrai successeur du premier volet et son gameplay n’a pas réellement évolué, gardant son côté jouissif, mais aussi quelques éléments parfois frustrants. Nous avons là un FPS où les armes à feu sont rares et les munitions assez limitées, invitant plutôt le joueur à utiliser les très nombreuses armes blanches qu’il trouve un peu partout, avec différents niveaux de rareté.
De nombreuses manières d’éliminer les zombies de façon toujours plus loufoque.
Et il y a de quoi faire : couteaux, hachoirs, battes de baseball, katanas, sabres, pioches, pelles, haches, masses, il y en a de toutes les tailles et pour tous les goûts. Concrètement, chaque arme a ses propres spécificités en matière de vitesse d’attaque et de dégâts, certaines sont parfaites pour les duels, d’autres plus efficaces pour gérer les troupes de morts-vivants, pour faire des coups critiques avec un coup bien placé ou en enchaînant les attaques, etc., et le joueur peut en changer à la volée grâce à une large roue d’inventaire rapide et s’adapter à chaque situation. Bien sûr, ces armes blanches se brisent au fur et à mesure de leur utilisation, mais cela n’a rien de gênant, au contraire, c’est toujours l’occasion de varier les plaisirs. Lorsqu’une arme est brisée, le joueur peut choisir de la détruire pour faire de la place dans son inventaire et récolter des ressources, ou de la réparer sur un établi. Ce dernier est aussi là pour rajouter des mods sur les armes, modifiant leurs spécificités et leur octroyant des effets élémentaires, rendant votre jouet préféré unique.
Cette notion de dégâts élémentaires est aussi très importante dans le gameplay, notamment pour s’occuper des groupes et de zombies ou infectés spéciaux, plus coriaces que les autres. Nous l’avons dit, l’environnement est un terrain de jeu, avec notamment un tas d’objets servant à déclencher des réactions élémentaires liées au feu, à la corrosion et à l’électricité, qui se marie parfaitement avec l’eau. Et là, c’est la fête à l’imagination, il est possible de projeter les ennemis dans des flaques d’essence puis de les enflammer avec une épée modifiée faisant des dégâts de feu, d’attirer les zombies dans une zone mouillée avant de tirer sur le boîtier électrique gentiment placé juste à côté, ou encore de propulser les morts-vivants à coup de pied sauté dans une piscine remplit de liquide corrosif. Et il n’en fallait pas plus pour que le gameplay fonctionne. Dead Island 2 se prend en main rapidement, tout est pensé pour que le joueur trouve de nombreuses manières d’éliminer les zombies de façon toujours plus loufoque au fil de l’aventure, sans jamais s’ennuyer ou sentir de la redondance, tant les armes sont variées et les décors bien pensés. Le gameplay est nerveux grâce aux blocages ou esquives, donnant lieu à des exécutions sanglantes et jouissives, nous nous sommes surpris plusieurs fois à relancer le jeu simplement pour déambuler à Hell-A et cogner du mort-vivant pour le plaisir. Ce n’est pas du génie, mais c’est suffisamment bien fait pour que l'aspect répétitif s’efface au profit de l’amusement, qui est de chaque instant dans le jeu, même si quelques défauts se sont glissés ici et là.
Notons d’abord une certaine rigidité dans les déplacements, comme le premier Dead Island à l’époque. En 2011, ce n’était pas bien grave, le titre posait les bases, mais aujourd’hui, après des titres similaires sortis entre temps (Dying Light, pour ne pas les citer), ne pas pouvoir escalader certaines parois pourtant visiblement accessibles ou subir des dégâts de chute assez sévères sans trop de logique fait grincer des dents. Dead Island 2 se passe au sol, et à part à de rares endroits où les caisses délicatement empilées et recouvertes de sang ou de bâches bien visibles nous indiquent un possible passage, hors de question de faire trop de grimpette. C’est assumé dans le level design, mais une certaine verticalité dans les approches possibles n’aurait pas été de refus. Et l’autre point un peu faible du jeu, c’est dans la redondance des infectés. Malgré leurs noms qui varient, les zombies de base se ressemblent tous, ils sont plus ou moins rapides, mais restent les mêmes. Certains morts-vivants spéciaux sont là pour corser un peu les choses, avec des policiers en armure, des Coriaces musclés, des Bouchers capables de bloquer vos coups, des Hurleuses vous repoussant et attirant d’autres morts-vivants en criant, des Baveux crachant du feu ou du liquide corrosif, quelques Contaminés se transformant en sacs à PV et... c’est à peu près tout. Outre quelques dérivés faisant office de petits boss pour des objectifs secondaires, le bestiaire tourne un peu en rond. Au moins, cela correspond bien au côté déshumanisé des morts-vivants et cela n’empêche pas le joueur de prendre un grand plaisir à les découper ou les fracasser à la chaîne.
Tueur un jour, Tueur toujours
Toujours dans l’objectif de diversifier le gameplay, les développeurs permettent de choisir au début de l’aventure un Tueur, un héros ou une héroïne avec sa propre voix et surtout aux statistiques différentes des autres. Résistance, endurance, récupération de santé, dégâts critiques, agilité, santé maximum ou encore résilience, ces personnages (Dani, Jacob, Ryan, Amy, Bruno et Carla) sont là pour permettre au joueur d’avoir un héros propre à son style de jeu et offre surtout une certaine rejouabilité et de la variété pour les groupes en coopération, Dead Island 2 étant jouable jusqu’à trois en ligne (attention, créer une partie coopérative sur PS4 et Xbox One ne sera possible que cet été après un patch).
Un défouloir avec des morts-vivants idiots à massacrer sans trop se prendre la tête.
Mais cela n’est rien à côté des cartes de compétence. Au fil de l’aventure et en accomplissant des missions, le joueur débloque des cartes à activer dans différentes catégories (Capacité, Survivant, Tueur et Numen) afin de pouvoir utiliser des compétences passives ou actives, là encore à choisir en fonction de son style de jeu. Il est ainsi possible d’être rapide et de faire de gros dégâts critiques, ou d’être très résistant et d’encaisser un tas de coups avant d’être à terre. Et si Dead Island 2 peut parfois sembler difficile, notamment lors de combats contre des boss, modifier son set de cartes pour changer de façon de joueur peut totalement altérer l’expérience du combat et en finir rapidement avec un zombie coriace. Encore une fois, pour la rejouabilité, c’est bien vu et très bien intégré.
Enfin, un petit mot sur la partie technique. Nous avons testé Dead Island 2 sur le PC Gamer Cybertek Level 9, dans une version sans patch day 0 ou day one, Dambuster Studios promet déjà un paquet de correctifs pour le lancement officiel. Mais dans l’ensemble, notre partie s’est déroulée sans accrocs, avec seulement de petits bugs sonores et un passage au travers d’un mur nous demandant de relancer la session, rien de trop embêtant heureusement grâce aux nombreuses sauvegardes automatiques. Dead Island 2 est visuellement correct, dans la lignée des jeux actuels qui ne misent pas tout sur la partie graphique, mais davantage sur le gameplay, les éclairages ne décollent pas la rétine, les textures sont détaillées, mais sans plus, les effets d’explosions sont assez classiques, rien ne décroche la mâchoire, mais ce n’était pas forcément ce que les joueurs attendent dans un titre comme ça : un défouloir avec des morts-vivants idiots à massacrer sans trop se prendre la tête, avec un arsenal varié. L’âge se fait aussi sentir dans sa structure même : un semi-open world à l’ancienne, avec des missions assez dirigistes, mais il y a quand même des idées assez originales, comme la recherche de survivants disparus comme évoqués plus haut, ou les coffres-forts demandant de trouver une clé, souvent sur un infecté à proximité, mais pas forcément. Encore de la réflexion dans ce monde de brutes, pourquoi pas.
Lors de notre session de test, la question de la structure du jeu s’est souvent posée : fallait-il vraiment faire un vaste monde ouvert comme tous les autres AAA du moment, si c’était pour qu’il soit vide ou bourré de collectibles inutiles ? Non. Encore une fois, Dead Island 2 est un terrain de jeu bien pensé, amusant tel qu’il est, misant tout sur son gameplay qui arrive à être très fun et varié grâce aux armes et à l’environnement. Un FPS surtout à l’arme blanche gore et violent, souvent un peu idiot, mais qui fonctionne du début à la fin grâce à quelques bonnes idées. Ce ne sera sans doute pas un prétendant au titre du Jeu de l’Année 2023, il est clair qu’il sort avec pas mal de retard, mais même aujourd’hui, Dead Island 2 est typiquement le titre qui occupe lors d’une soirée de détente et qui ravit les amateurs de jeux de zombies à l’ancienne.
Vous pouvez retrouver Dead Island 2 à 49,99 € sur Amazon ou 69,99 € à la Fnac ou chez Micromania.
- Un gameplay très fun et immédiat
- L’arsenal ultra varié, avec un tas de mods
- Hell-A, un super terrain de jeu
- Les attaques élémentaires
- Les missions secondaires souvent très drôles
- Les Tueurs et les cartes de compétence
- Faux monde ouvert : vraie bonne idée
- Un peu rigide dans les déplacements
- L’écriture de la quête principale très classique
- Jamais très beau (mais toujours correct)
- Un certain manque de variété dans les zombies
Clint008 Rédacteur - Testeur |