TEST Beyond Good & Evil 20th Anniversary Edition : Mademoiselle Jade ne fait pas son âge
par Alexandre S.Nous avons retourné dans tous les sens la nouvelle version de ce jeu culte pour toute une génération, un reportage exclusif depuis Hillys.
Shauni NONhmpahkhan
En novembre 2003, un certain Beyond Good & Evil voyait le jour, développé par Ubisoft Montpellier. Il a depuis eu droit à une version HD en 2011 et a donc enfin fait son retour dans une 20th Anniversary Edition sur l'ensemble des plateformes actuelles depuis quelques jours. Nous n'avons donc pas manqué l'occasion de découvrir ce remaster développé par Virtuos sous la supervision du studio français, et ce dans ses versions PS5 et PS4. Direction la planète Hillys du Système 4 pour retrouver Jade, Pey'j et Double H au cœur d'une aventure toujours aussi plaisante.
Un rehaussement visuel toutefois inégal.
Petit aparté avant de rentrer dans le vif du sujet, une première chose nous a frappé dès le lancement du jeu, à savoir un message indiquant que Beyond Good & Evil 20th Anniversary Edition transpose l'expérience de l'époque, avec ses personnages et références stéréotypés, dont l'éditeur reconnaît l'impact négatif. Oui, nous en sommes rendus là pour ne pas choquer en 2024. Certes, la VF des Mammago avec tout le côté rasta surjoué et la façon de parler de l'IA Secundo auraient difficilement leur place dans une production actuelle sans créer une polémique stupide, mais ce genre de détails pas bien méchants participaient au charme du jeu à l'époque.
Hormis l'ajout d'une quête que nous évoquerons plus bas, l'intrigue d'origine reste donc la même, nous faisant suivre Jade, une photoreportrice vivant avec son oncle adoptif Pey'j – un cochon hybride ou Sus sapiens – et des enfants orphelins dans un phare sur la planète Hillys. Dès les premiers instants, sans même un prologue au calme, une attaque d'aliens appelés DomZ plante le décor, tandis que par la suite l'héroïne va tenter de découvrir la vérité sur les agissements des Sections Alpha, un groupe de mercenaires agissant en apparence comme des protecteurs face à ces envahisseurs, et ce au contact du réseau IRIS, la résistance locale. Bref, c'est assez basique et ne va pas chercher bien loin, tout se voyant venir à des kilomètres. Pourtant, cela suffit encore aujourd'hui à dépeindre la manière dont la presse peut être utilisée par un régime autoritaire pour endormir les masses et cacher la vérité, le tout avec des enjeux personnels pour sa protagoniste. Pour un jeu PEGI 12 (7+ en 2003), le propos est donc assez mature.
Côté technique, nous avons été étonné de constater que les versions PS4 et PS5 possèdent toutes les deux des modes de rendu Résolution et Performance. Autant cela se comprend pour l'ancienne console, mais nous n'avons pas réussi à constater de différence entre les deux sur la génération actuelle. En jouant tout du long avec le premier, nous avons eu droit à de la 4K à 60 fps constant, sans constater de chute gênante si jamais elles existent (par praticité, nous ne pouvons plus avoir le compteur de framerate de notre téléviseur TCL actif en permanence depuis le retrait de l'overlay). En utilisant le second, aucun changement n'a été perceptible, de quoi nous laisser perplexe sur l'utilité d'avoir laissé les deux. Quoi qu'il en soit, c'est assez beau pour un remaster d'un jeu ayant 20 ans, avec un rehaussement visuel toutefois inégal en fonction des textures et personnages. Mis côte à côte, nous voyons bien la différence entre un Humain tel que Jade et des êtres anthropomorphes comme Pey'j ou les Mammago au niveau de la peau par exemple.
Le système de sauvegarde manuelle est lui assez daté, nécessitant d'accéder à un terminal puis d'y insérer le Mdisk 1 en maintenant la touche d'interaction. De plus, un seul emplacement est disponible. Fort heureusement, des sauvegardes automatiques ont été ajoutées, jusqu'à quatre pouvant ensuite être utilisées. Cependant, nous devons quitter la partie et retourner à l'écran principal pour en charger une. Bon, ce n'est qu'un détail qui ne devrait pas déranger énormément, sauf lors du combat final si vous souhaitez le réussir sans perdre de vie comme le demande l'un des Trophées / Succès. Cela devient alors vite énervant, faisant perdre plus de temps qu'autre chose. Et Ubisoft oblige, il est possible d'exporter et importer dans le cloud jusqu'à cinq sauvegardes peu importe la plateforme et leur type (manuel ou auto) pour ensuite les utiliser où nous le souhaitons. La bande-son de Christophe Héral a elle eu droit à une réorchestration que nous avons énormément appréciée. De toute manière, difficile de ne pas tomber sous le charme de Salud Juanito! ou Dancing with DomZ.
Carlson et Peeters
Au total, nous avons terminé Beyond Good & Evil 20th Anniversary Edition pas moins de quatre fois, d'abord sur PS5 en mode découverte où il nous aura fallu un peu plus de 16h30 pour le compléter à 100 %. Ensuite, en mode Speedrun, nous avons tenté une run 100 % (les 88 Perles, 13 AP1 et 17 Mdisks récupérés, plus la quête inédite refaite) et cela ne nous aura pris « que » 6 heures 39 minutes et 5,65 secondes, sans spécialement nous presser. Enfin, avant de terminer l'écriture de ce test, nous avons également platiné la version PS4, qui tourne globalement de la même manière sur PS5 que sa déclinaison native, en complétant à chaque fois le jeu à 100 %. Notez qu'un patch avait alors été appliqué. La partie normale nous aura cette fois pris 6h35, tandis qu'en Speedrun il ne nous aura fallu que 4 heures 28 minutes et 33,242 secondes. Cela devrait vous donner une bonne fourchette du temps nécessaire pour en venir à bout.
Améliorer l'expérience sans la dénaturer.
En termes de gameplay, Jade possède un Daï-Jo (bâton de combat) pour attaquer, maintenir la touche lançant une Super attaque. Elle peut aisément esquiver, courir et s'accroupir. C'est rudimentaire et donc facile à prendre en mains. La touche d'interaction est désormais affiliée à son propre bouton, puisque l'utilisation des objets a été reléguée à la flèche du haut de la croix directionnelle, tandis que celle du bas sert à ouvrir l'inventaire. Ces légers changements de configuration sont suffisants pour améliorer l'expérience sans la dénaturer. Vient ensuite ce qui est appelé Mode Photo, qui n'a rien à voir avec sa désignation moderne, puisque Jade dispose littéralement d'un appareil qui est au centre de l'expérience. Nous pouvons ainsi prendre des clichés de la faune afin de gagner des Unités (la monnaie du jeu), créant une boucle de gameplay non violente. Il sert aussi à viser avec le gant lanceur de Gyrodisks, ce qui est loin d'être optimal, la mécanique accusant son âge. En effet, Jade est alors vulnérable aux attaques et il faut d'abord sortir du mode avant de pouvoir esquiver, bien souvent trop tard. De plus, la caméra de l'appareil est par moment comme bloquée et il faut alors la déplacer vers le bas avant de pouvoir cibler un ennemi en hauteur par exemple. Une légère révision de l'ensemble n'aurait clairement pas fait de mal. L'appareil photo donne également quelques informations sur certains éléments du décor et sert à scanner les plans d'une zone et des codes à décrypter, soit une utilisation intelligente d'un tel dispositif pour une telle œuvre futuriste.
De plus, le jeu propose des séquences en véhicule, que ce soit sur l'eau et le sable à bord de l'Hovercraft, qui reste assez maniable malgré l'âge, ou aérienne grâce au Béluga à la fin de l'aventure, servant principalement à naviguer à travers le monde semi-ouvert, mais aussi utiles pour canarder des ennemis, prendre part à des courses et poursuivre des pillards dans leurs antres. La caméra de ce vaisseau n'est pas des plus instinctives et il vaut mieux éviter les mouvements brusques qui donneraient presque la nausée. Et en parlant de ça, nous avons relevé quelques soucis de caméra par moment en contrôlant Jade, survenant dans des lieux exigus, un défaut d'époque qui est resté. Des phases d'infiltration sont aussi proposées, assez rudimentaires, l'IA des Sections Alpha n'étant pas très affutée. Se faire détecter est donc souvent sans grande conséquence et il suffit de s'éloigner suffisamment avant de réessayer, bien pratique pour éliminer un par un chaque garde.
Là où cela peut parfois devenir agaçant, c'est lorsque l'IA ennemie ne reprend pas son pattern de ronde. Dans le même genre, il arrive que notre allié reste bloqué sans raison et ne revienne pas vers nous... Cela nous a fait râler à plusieurs reprises. Avec la version PS4, nous avons même eu pire dans l'Antre des Vorax, car un ennemi était tombé dans le vide, mais restait vivant, avec la musique de combat qui continuait de retentir. Notre camarade restait alors figé et la seule solution a donc été de relancer une sauvegarde. Pas trop grave dans une partie normale, mais nous n'aurions pas aimé que cela nous arrive en Speedrun... Autres bugs rencontrés, un de collision pas bien méchant et récurrent face au boss final où les pieds de Jade s'enfoncent dans la plateforme centrale, le chargement au lancement de l'application qui restait figé et un crash de la version PS4 deux minutes à peine après le chargement de la sauvegarde...
A Link to the Past
L'une des principales nouveautés vient de l'ajout d'une chasse au trésor à travers Hillys faisant le lien avec le passé de Jade et en quelque sorte Beyond Good & Evil 2, du moins la version qui nous avait été présentée ces dernières années et qui devrait être une préquelle se déroulant dans le Système 3. Elle s'insère vraiment bien à l'ensemble et, si vous découvrez le jeu avec cette édition, fait parfaitement illusion. N'attendez toutefois rien d'incroyable en termes de contenu ou révélation, il s'agit juste d'aller d'un lieu à un autre en se fiant aux indices, puis de récupérer quelques objets, dont des Mdisks centrés sur l'équipage du Gada. La cinématique finale de cette quête est néanmoins assez touchante et peut d'ailleurs être rejouée avant d'accéder au point de non-retour de l'aventure. Malgré ça, la fin du jeu reste toujours aussi frustrante et abrupte, manquant d'explications claires, sans parler de la scène post-crédits qui à l'époque servait à teaser une suite qui n'a jamais vu le jour. Au passage, notez que ceux d'origine avec Michel Ancel et son équipe ont été conservés, tandis que de nouveaux ont ensuite été ajoutés pour Virtuos et les nombreuses personnes impliquées dans ce remaster.
Une véritable pépite pour nous plonger au cœur du développement.
Autre ajout de cette édition que nous avons donc déjà évoqué, la présence d'un mode Speedrun, qui comme son nom l'indique nous encourage donc à terminer le jeu le plus rapidement possible, accessible dès le départ. De prime abord, cela a tout d'une bonne idée, mais Virtuos et Ubisoft ont cru bon de retirer la possibilité de sauvegarder... Certes, le principe est d'aller vite, mais une sauvegarde automatique servant juste à quitter le jeu ou se prémunir d'un problème technique n'aurait pas été de trop ici. Et de toute manière, sans système de leaderboard, qui se soucierait que nous puissions revenir en arrière pour gratter quelques secondes ou minutes ? Les cinématiques peuvent être passées et notre temps est constamment affiché en bas de l'écran. En revanche, le chrono continue de tourner même sur l'écran de pause... Il vaut donc mieux prévoir une longue soirée en ayant tout prévu en amont, sauf si vous êtes vraiment très rapide. En voyant passer certains retours évoquant des crashs du jeu lors de tentatives de ce mode, nous n'étions pas rassuré, mais fort heureusement, nous n'avons été victime d'aucun bug gênant durant nos deux runs. De plus, la seule légère difficulté du jeu provient de la dernière phase du boss de fin. Un Trophée / Succès demande d'ailleurs de terminer une partie en Speedrun, il faudra donc forcément passer par là si le Platine ou les 1000 G sont votre objectif. Puisqu'il nous manquait deux éléments de personnalisation la première fois, nous avons pu constater que ceux déjà débloqués l'étaient dès le départ. Tant mieux, car certains n'auraient sinon que peu d'utilité. La sauvegarde dans une partie normale étant liée au Mdisk 1, vous devrez dans tous les cas passer par là pour obtenir les 18. Et petit bonus, l'écran principal affiche ensuite notre meilleur score de Speedrun (ou Best Score, puisque cela n'a pas été traduit...).
Enfin, pour célébrer comme il se doit ce 20e anniversaire, une galerie a donc été implémentée, au contenu assez copieux et à même de satisfaire les fans et joueurs curieux, qui est elle aussi débloquée d'office. Nous y retrouvons l'histoire de la conception de Beyond Good & Evil jusqu'à son lancement, soit une véritable pépite pour nous plonger au cœur du développement en découvrant des concept arts commentés et autres documents d'époque comme des vidéos. Il y a même une excellente musique pour un niveau prototype imaginé en 1999/2000 et des photos du kit presse de l'époque ! C'est clairement le genre de contenu que nous aimerions voir plus souvent, puisque l'évolution du titre et de son intrigue est assez détaillée, avec la présence d'éléments retirés ou transformés au fil du processus de création. Les grottes des pillards et zones des Sections Alpha ont par exemple été élaborées avec l'aide d'Ubisoft Casablanca afin d'atteindre les 15 heures de contenu jouable.
Après avoir longuement joué à Beyond Good & Evil 20th Anniversary Edition, difficile de ne pas vouloir une simple suite qui reprendrait et actualiserait son gameplay au travers d'une aventure assez linéaire nous faisant incarner Jade une fois de plus. Quoi qu'il en soit, le charme opère toujours, surtout si vous aimez ce type de jeu d'aventure du début des années 2000, avec une histoire sans trop de longueurs et bien ficelée, désormais accessible à tous. Même si tout n'est pas parfait, nous ne pouvons que vous conseiller de vous procurer cette édition actualisée. Désormais, nous attendons encore plus BGE2...
Test réalisé sur PS5.
Vous pouvez acheter Beyond Good & Evil 20th Anniversary Edition chez Gamesplanet au prix de 17,99 € au lieu de 19,99 €.
- Une belle refonte visuelle dans l'ensemble...
- L'ajout de sauvegardes automatiques et du cross-play
- La bande-son réorchestrée, globalement un régal
- La Quête des trésors du passé faisant le lien avec BGE2
- La galerie, une mine d'or pour les fans de la licence
- ... mais inégale sur certains points
- Le système de sauvegarde manuelle daté
- Pas de sauvegarde possible en Speerun ni possibilité de mettre en pause le décompte du temps
- Des bugs de l'IA agaçants
- Quelques soucis de caméra par moment