Anthem : BioWare lance une nouvelle licence, mais le studio nous a clairement habitués à mieux.
Bienvenue au Bastion
Quand BioWare lance une nouvelle licence, c'est à chaque fois un petit évènement dans le milieu du jeu vidéo. Après tout, le studio est connu pour ses excellents RPG Baldur's Gate et Neverwinter Nights, mais également pour les Mass Effect et Dragon Age. Deux séries de jeux de rôle qui ont viré vers l'action sur leurs fins, et qui ont fini par décevoir les joueurs. Mais avec Anthem, le développeur part de zéro. Dans une direction très incertaine...
Le joueur a bien du mal à s'impliquer dans l'histoire d'Anthem.
Anthem se déroule dans un monde mêlant science-fiction et fantasy, dans la région du Bastion. L'endroit a été créé grâce à l'Hymne de la Création par des Démiurges, et si tout semble parfaitement se passer, le Dominion, méchant groupuscule mené par L'Observateur, avec une cape noire et une voix grave, fait son apparition. Ce dernier veut s'emparer de l'Hymne pour façonner le monde à sa façon, mais voilà, un artefact quasi divin, c'est compliqué à utiliser. Un Maelström se déclenche, d'énormes créatures venues d'ailleurs déboulent sur les terres du Bastion à la manière d'un Pacific Rim, et les Freelancers, des pilotes de Javelins, sont envoyés à la rescousse. Mais les héros en armure sont impuissants, la région tombe sous le contrôle des monstres et les survivants se réfugient dans le Fort Tarsis, une petite ville très orientale entourée d'énormes murs. Deux ans plus tard, les Freelancers ne sont plus vus comme des héros, mais il est temps de refaire chauffer les exosquelettes, car le Dominion est de retour.
Bon, ce synopsis un peu tiré par les cheveux fait office d'introduction à l'univers d'Anthem, celui-ci est par la suite étoffé avec des écrits et des dialogues à débloquer dans le jeu, mais finalement, nous sommes face à de la science fantasy ultra classique, avec des idées piochées à gauche et à droite dans la culture populaire, et si BioWare a ajouté un tas de termes compliqués à son lore, c'est pour mieux faire passer la pilule face à un univers peu inspiré. De toute façon, le scénario du jeu oscille entre l'incompréhensible et l'intéressant, le joueur a bien du mal à s'impliquer dans l'histoire d'Anthem. La faute à des personnages clichés et des dialogues insipides. Les passionnés du genre peuvent tout de même trouver quelques bonnes idées d'écriture dans le Cortex, qui regroupe toutes les informations à savoir sur l'univers d'Anthem, à condition de se farcir entre deux fables des textes inutiles. Ce manque d'implication de la part du joueur passe également par l'aspect technique des PNJ. Alors oui, la modélisation des visages est réussie, nous y reviendrons, mais BioWare nous propose là des visages fades, peu originaux et il n'est pas rare de confondre deux personnages tant ils n'ont aucun signe distinctif vraiment marquant. Et c'est dommage, car le doublage, anglais comme français, est de qualité, les acteurs y ont mis du leur pour donner vie à ces PNJ, mais ça ne fonctionne pas.
Artistiquement parlant, Anthem vaut quand même le détour. Le titre nous propose là des paysages mêlant le futuriste, l'antique et l'exotique, car l'Hymne influe également sur le climat. Il n'est pas rare de croiser d'énormes chutes d'eau au milieu de nulle part, des grottes illuminées par des roches et de grandes plaines habitées par des créatures plus ou moins dangereuses. Explorer le Bastion a quelque chose de magique les premières heures, et il faut avouer que techniquement aussi, Anthem est une réussite. Effets de lumières, de particules, environnements verdoyants détaillés, reflets sur les Javelins, le titre en met plein la vue, dommage qu'il faille compter sur un framerate légèrement instable, et qui ne dépasse surtout jamais les 30 fps, sans oublier des temps de chargement beaucoup trop longs et quelques rares bugs. Et nous sommes loin de ce qui avait été présenté à l'E3 2017...
Il est beau mon Javelin
Mais avant de partir en expédition à bord de son Javelin, les joueurs sont invités à explorer Fort Tarsis, une petite ville labyrinthique fortement inspirée par les régions d'Orient où le Freelancer croise donc des PNJ pour faire avancer l'histoire, mais également obtenir des contrats, remplir son Cortex, personnaliser son exosquelette ou encore faire les boutiques. Ici, la caméra est à la première personne, et c'est un ratage sur presque toute la ligne.
L'ennui touche vite le joueur d'Anthem.
Outre la rigidité du héros dans le Fort, celui-ci manque clairement de vie, avec des habitants vissés sur des piquets, qui ne se déplacent donc quasiment jamais d'eux-mêmes, répètent les mêmes phrases en boucle et n'apportent absolument rien au jeu. Alors oui, il est possible de dialoguer avec certains d'entre eux pour découvrir de petites intrigues (qui consistent simplement à faire des allers-retours pour développer la relation entre deux personnages) pour augmenter sa réputation auprès de différents groupes de personnes et légèrement améliorer le Fort, mais c'est rigide et peu passionnant. Alors que faire à Fort Tarsis ? Les boutiques ? La bonne blague, le joueur ne peut acheter qu'une sélection d'objets très chers qui change tous les jours, il ne reste plus qu'à faire un petit tour à la Forge.
Ce n'est pas réellement un lieu du Fort, mais un menu très complet où le joueur peut personnaliser son Javelin avant de partir en expédition. Ici, il est possible de choisir l'équipement (les capacités) de son exosquelette, ses armes, ses composants offrant de légers bonus et ses grenades en fonction d'indices de niveau et de rareté. Idéal pour construire le Javelin de ses rêves, adapté à son style de jeu, et mieux encore, au fil de l'aventure et des niveaux qui grimpent, le joueur débloque d'autres Javelins. Si le tutoriel nous force à contrôler le Commando, un exosquelette équilibré standard, il est par la suite possible d'opter pour le Colosse, un véritable tank, le Tempête qui mise sur les capacités élémentaires et l'Intercepteur, rapide, mais disposant d'une faible résistance aux dégâts. Chacun y trouve son bonheur, et entre chaque mission, il est possible de changer de Javelin pour varier les plaisirs. Pour aller encore plus loin, le joueur peut personnaliser l'apparence de l'exosquelette grâce à des peintures, des autocollants et diverses options, avec même des emotes. Les parties de Javelin (casque, jambes, bras, etc.) peuvent également être changées, mais la boutique ne propose pas beaucoup de choix, c'est vraiment dommage. Et surtout, il faut dépenser de précieuses pièces acquises pendant les missions, alors au final, le joueur se retrouve avec le Javelin de base, et des couleurs différentes.
Il est donc temps de partir en expédition, en dehors du Fort Tarsis pour accomplir des missions... qui se ressemblent toutes. L'ennui touche vite le joueur d'Anthem, qui passe son temps à voler jusqu'à un point A, affronter des hordes d'ennemis (souvent les mêmes), déclencher la suite de la mission en trouvant un objet ou un PNJ, voler jusqu'à un point B et recommencer, encore et encore. Une structure de missions qui n'a rien d'original et qui rend le tout ultra répétitif, nous nous retrouvons à enchaîner les objectifs sans nous impliquer, mais au moins, c'est fun.
Voler, tuer, aider, recommencer
Car s'il y a bien un point positif que BioWare a su mettre en avant, c'est la prise en main. Qu'importe l'exosquelette choisi, les Javelins sont un pur bonheur à contrôler, notamment dans les airs.
Les interactions entre les joueurs sont inexistantes.
L'engin virevolte, esquive, fonce sur l'ennemi, frappe, tir et lance ses explosifs dans une fluidité impressionnante, rendant le gameplay totalement jouissif. Si le Colosse mise tout sur la force brute et les dégâts au corps-à-corps, l'Intercepteur est quant à lui plaisant pour laisser parler le skill avec des déplacements ultra rapides. Sans doute le Javelin le plus compliqué à maîtriser, mais également le plus satisfaisant. Et c'est d'ailleurs la possibilité de changer d'exosquelette entre les missions qui sauve Anthem d'une totale répétitivité, même si au final, il s'agit de faire tout le temps la même chose, mais d'une manière un poil différente.
Après quelques niveaux, la Baie de lancement est débloquée, elle regroupe simplement tout ce qu'il y a d'intéressant pour le endgame dans une seule salle de Fort Tarsis. Un hub communautaire plutôt vide, il faut l'avouer. Parce que oui, Anthem est également un jeu qui se veut coopératif, le titre invite les joueurs à rendre leur escouade publique afin d'effectuer les missions à quatre. Ça ne sert à rien, les interactions entre les joueurs sont inexistantes et il suffit finalement de suivre les marqueurs ensemble pour éviter d'être téléportés contre son gré. Tout cela pour sauver le Bastion donc, et le générique de fin arrive au bout d'une quinzaine d'heures en se focalisant sur les missions principales.
Est-ce la fin d'Anthem ? Non, pas totalement. Outre quelques tâches secondaires peu inspirées (comme les missions principales donc), le joueur peut recommencer les missions, réaliser des défis et essayer de terminer trois Forteresses assez difficiles, même en mode Normal. Au niveau 30, le joueur débloque la difficulté Grand Maître, qui augmente simplement les PV et les dégâts des ennemis de manière très artificielle, permettant d'obtenir un meilleur loot. Oui, vous l'aurez compris, après les missions de base, il n'y a pas grand-chose à faire dans Anthem, le principal intérêt est de recommencer les mêmes objectifs pour espérer avoir des armes ou de l'équipement plus puissant. Du farming sans intérêt, comme le mode libre, permettant d'explorer comme bon vous semble Bastion, une région très jolie, mais finalement assez vide. Quelques missions de sauvetage apparaissent régulièrement sur la carte, avec comme à chaque fois le même objectif : voler, tuer, aider, recommencer. Un endgame vraiment pas passionnant.
La vie de Freelancer, c'est chiant
Anthem est une déception. Les premières heures de jeu sont sympathiques, le joueur découvre un univers d'abord intéressant et un gameplay jouissif, le tout porté par des graphismes vraiment beaux, mais rapidement, le château de cartes de BioWare s'effondre.
La région du Bastion, fort jolie, est vide, les quêtes et le scénario principal sont inintéressants, le lore est sous-exploité, les missions sont répétitives et il n'y diablement rien à faire de vraiment passionnant une fois la fin du jeu atteinte. Nous avons l'impression de faire face à un jeu en Early Access, beau, mais vide de tout contenu qui permettrait aux joueurs de rester des heures et des heures manettes en main. Des mises à jour sont prévues, évidemment, mais à l'heure actuelle, difficile de recommander le dernier-né de BioWare. Reste le plaisir de virevolter aux commandes de son Javelin, le gros point fort d'Anthem.
- Une vraie réussite graphique...
- Un gameplay jouissif en Javelin...
- Un tas d'options de personnalisation...
- Un vrai effort sur la VF...
- ... mais des soucis techniques sont présents
- ... mais vite répétitif
- ... mais une boutique vide
- ... mais des personnages sans charismes
- L'histoire inintéressante
- Un gros manque de contenu
- L'aspect coopératif qui ne sert à rien
- Fort Tarsis, que c'est vide
- Un endgame peu passionnant
- Les temps de chargement, un enfer