PREVIEW de The Architect: Paris, la Ville Lumière ne brille pas avec ce city-builder
par Christophe ÖttlSi l’idée était de rendre le travail d’architecte sympa, il y a encore du travail.
Paris, la transformiste
La perspective de remodeler Paris à sa guise est une offre d’Enodo Games que nous ne pouvions pas refuser. Sur le papier, la chose est très tentante. La capitale nous ouvre les portes de chacun de ses quartiers et il ne tient qu’à nous de les repenser de A à Z. Une sorte de SimCity en somme, duquel nous aurions retiré toutes formes de gestion pour nous concentrer sur la refonte d’une ville bien familière. The Architect: Paris se veut contemplatif. En témoigne la mise en valeur des monuments historiques à travers de sublimes graphismes et de vidéos quasi promotionnelles. Il se veut aussi très pointu sur l’histoire de la ville avec pas mal d’anecdotes sur les quartiers, de quoi faire fureur durant vos soirées Trivial Pursuit.
Les outils de personnalisation ne sont pas assez aboutis pour rendre la chose intéressante.
À en juger par ces deux derniers points, The Architect: Paris semble avoir été créé par et pour des passionnés de la capitale. La question du gameplay semble tout de suite très secondaire. Pourquoi modifier Paris ? De quelle manière ? Quelles sont les limitations aux changements ? Il n’y a pas vraiment de but, pas plus qu’il n’y a d’intérêt à modifier la ville. Ceux qui arrivent dans le jeu ne peuvent être là que par pur plaisir créatif. Si modifier chaque parcelle de terrain est votre délire alors vous allez être servi. À l’heure actuelle, il est possible de bidouiller sept quartiers de Paris pour les transformer en véritables bijoux. À l’échelle de la ville, c’est peu, mais cela représente tout de même des centaines de lotissements à métamorphoser. Deux bonnes nouvelles donc : la quantité de contenu est déjà considérable pour qui veut mettre la main à la patte et elle devrait être gargantuesque d’ici la sortie du jeu.
Le plaisir risque d’être de courte durée si l’architecture n’est pas votre truc, mais même si vous appréciez le concept, il se pourrait que l’ennui finisse par frapper à votre porte. La plus grande partie de The Architect: Paris se passe dans le mode Table à Dessin. Un titre prometteur pas vraiment à la hauteur de ce que nous espérions. Il n’est possible ici que de choisir un style architectural prédéfini et de modifier quelques menus détails, comme le nombre d’étages de l’immeuble, l’orientation des fenêtres ou la toiture. Le constat est sans appel : impossible de personnaliser jusqu’au bout des tuiles nos constructions, ce qui le rend le tout très impersonnel au final. Idem pour les parcs, parkings et autres places qui servent à agrémenter vos compositions urbaines. Tout est généré à partir de modèles alors que nous aurions aimé placer nous-mêmes les arbres, les dalles, les bancs, les sculptures, etc.
Luttez contre le préfabriqué
À l’usage, le titre d’Enodo Games se révèle plein de restrictions. Impossible de modifier les ponts, les routes et les monuments par exemple. Plus grave encore, il est interdit de modifier la couleur des bâtiments choisis. L’Éditeur de Parcelles nous laisse un peu plus de marge de manœuvre en nous laissant créer des surfaces de construction sur-mesure, mais là encore, nous sommes limités par les petites surfaces qui ne donnent pas les résultats escomptés avec les parcs et les places. Toutes ces entraves ne seraient peut-être pas si difficiles à accepter si The Architect: Paris disposait de nombreux modèles, mais ce n’est pour l’instant pas le cas, accès anticipé oblige. Nous notons quand même que parmi eux se trouvent des choses plutôt originales comme des remparts ou même la tour de Saroumane issue du Seigneur des Anneaux.
Une fois l’étape créative passée, vous êtes bons pour admirer Paris sous toutes les coutures avec des commandes prévues à cet effet. C’est réussi, pas de doute là-dessus, mais une fois encore nous aurions préféré qu’Enodo Games ne se cantonne pas à une simulation d’architecte et trouve d’autres mécaniques intéressantes. Il n’y a que les Projets Majeurs qui restent à l’issue de tout cela. Rien d’extravagant contrairement à ce que vous pourriez penser. Il s’agit simplement de modifier l’aspect général d’un monument ou d’une petite zone d’un quartier. Un clic suffit pour passer de l’une à l’autre des trois propositions imaginées par Enodo. C’est en général aussi joli qu’exotique, mais ces changements ne représentent pas un choix déterminant du tout, encore moins un intérêt ludique. Encore un manque de personnalisation flagrant qui fait de The Architect: Paris une source de distraction assez limitée.
Nos premières impressions : Ça sent le roussi !
Pour une ville aussi grande que Paris, nous tournons très vite en rond. Les fondations du gameplay sont particulièrement fragiles pour soutenir l’idée d’un city-builder contemplatif, comme semble le vouloir Enodo Games. Il y a moyen de faire quelque chose de vraiment sympa en prenant le temps de remodeler la ville, mais les outils de personnalisation ne sont pas assez aboutis pour rendre la chose intéressante. Sans enjeu et sans réel impact sur le design de la ville, The Architect: Paris devient très rapidement sans intérêt pour celui qui cherche un Simcity-like. Sa période d’accès anticipé n’est pas terminée, le studio a toujours l’occasion de changer la donne entre temps.