Arena of Fate : Se faire un nom dans le milieu du jeu de combats en arènes n’est pas vraiment une chose aisée…
Tous les joueurs PC connaissent les MOBA, ces jeux de bataille mettant en scène des Héros dans des arènes fermées, où le but est de détruire la tour principale de l’adversaire. Un principe créé par des fans de Warcraft III avec le mod Defense of the Ancients, et popularisé par sa suite, Dota 2, mais surtout par League of Legends. S’immiscer dans le milieu du MOBA est donc difficile, tant ces deux titres sont populaires, mais de nombreux studios tentent leur chance, comme Blizzard avec Heroes of the Storm où ici Crytek avec Arena of Fate.
Le MOBA de Crytek a presque un goût de contrefaçon.
Le jeu permet donc de choisir son Héros parmi une trentaine, leur particularité étant qu’ils sont tirés de contes, légendes ou histoires populaires. À vous les joies de voir s’affronter le Petit Chaperon Rouge avec Jack L’Éventreur, avec à leurs côtés Robin des Bois, Jesse James, la créature de Frankenstein, etc. Si le design des personnages est plutôt réussi, avec un petit style cartoon, leurs capacités ne brillent pas par leur originalité, et ceux ayant déjà touché de près ou de loin à un MOBA auront cette désagréable sensation de déjà-vu, de redite, mais surtout un niveau en dessous de la concurrence. Les archétypes classiques sont bien là, avec les Assassins à distance, les Guerriers au contact et les Soutiens qui régénèrent la santé des équipiers, mais rien n’est fait pour apporter un peu de fraîcheur au genre.
La partie se lance, après parfois plusieurs longues minutes pour constituer un groupe de dix joueurs, et les premières secondes sont dédiées à la personnalisation du Héros, du moins ses capacités. Un point intéressant, car une capacité majeure peut changer la manière de jouer de chacun, avec la possibilité d'être plus efficace contre les tours ennemies, contre les minions, ou encore contre les Héros adverses diminués. Une bonne manière de renouveler son style de jeu tout en gardant son Héros préféré, mais il est dommage que les améliorations (qui se débloquent en détruisant des minions, tours ou Héros) ne se concentrent que sur les statistiques globales du personnage (Vitesse d'Attaque, Points de Vie, Défense, etc.) et non sur ses capacités, dont certaines sont bien inutiles face à d'autres Héros. Mais une fois en jeu, l'atmosphère sonore surprend. Pas de quoi fouetter un chat, mais il y règne une ambiance de stade de football, avec des cris de supporters, et même une foule scandant le nom du Héros qui arrive à se démarquer des autres. Original, et surtout très grisant lorsque c'est son Héros qui est à l'honneur.
Lors de cette phase de bêta fermée, une seule carte est jouable, et il faut espérer que Crytek n’a pas choisi son meilleur atout, tant celle-ci n’arrange en rien l’état du titre, à cause d’un classicisme à faire pâlir Racine et Molière. Les bases sont présentes aux deux extrémités de la carte, avec plusieurs embranchements symétriques entre les deux. Les tours de défense sont placées en haut, en bas et au milieu, et les minions, ces petites créatures dirigées par l’IA qui accompagnent les Héros, suivent ces trois lignes. Rien de nouveau sous les tropiques donc, et le joueur revit une nouvelle fois cet affrontement entre l’équipe rouge et l’équipe bleue. Encore une fois, la forêt comporte des éléments à détruire pour gagner des supports ou des points supplémentaires. À noter qu'il n'y a pas d'objets à acheter en pleine partie, contrairement à Dota 2 ou League of Legends, le gameplay est simplifié au possible, à la manière de Heroes of the Storm, mais que la partie est limitée à 20 minutes. Si la tour principale ennemie n'est pas détruite avant, c'est l'équipe avec le plus de points qui remporte le match. Un atout de taille pour Arena of Fate, la plupart des MOBA ayant tendance à s'éterniser par moments.
Le système économique ne change rien à la donne. Le joueur, au premier lancement du jeu, sélectionne trois Héros qu’il pourra garder indéfiniment, sans rien débourser. Pour en débloquer d’autres, il faut enchaîner les parties, gagner des pièces d’or, et utiliser ces dernières pour acheter des Héros. Une manière longue et fastidieuse, mais il est possible de dépenser du véritable argent pour obtenir un Héros immédiatement. Comme dans de nombreux MOBA, le genre du free-to-play étant propice à cela.
Au final, il est bien difficile de conseiller Arena of Fate à qui que ce soit, tant le genre est bien mieux représenté par d’autres titres, bien plus populaires et attrayants, que ce soit du point de vue des graphismes que du gameplay. Le MOBA de Crytek a presque un goût de contrefaçon, imitant à la perfection les ténors du genre pour en ressortir une copie à la qualité inférieure, s'il n'y avait pas cette ambiance sonore originale et ces Héros qui pourront attirer les joueurs. Certes, le jeu est toujours en phase de bêta fermée, mais difficile d’imaginer comment le studio peut réussir à corriger le tir d’ici sa sortie définitive pour espérer faire décrocher les joueurs d'autres licences bien installées. Cela dit, pour débuter dans le MOBA, il n'est pas pire qu'un autre, et permet de se familiariser avec les bases du genre sans s'encombrer de nombreux bonus qui compliquent la donne, et surtout les parties limitées à 20 minutes sont un vrai atout pour les plus pressés. Du moins si vous êtes prêts à affronter une communauté très exigeante et parfois insultante, comme dans de nombreux jeux en ligne.