CINEMA - Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar - Un coup d'épée dans l'eau (critique)
par Maxime ClaudelJack Sparrow est de retour et doit se racheter d'un quatrième film nul. Malheureusement, il ne faut jamais compter sur un pirate. Surtout pas lui.
Il y a bientôt quinze ans, Disney transformait une attraction ridicule, il faut bien se l'avouer, en un blockbuster animé par un casting cinq étoiles, composé de stars établies ou en devenir. À l'époque, cela relevait du génie et Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl, réalisé par Gore Verbinski, était une divertissante réussite. Étirer cet exploit sur cinq films, en revanche, s'apparente à du pur opportunisme. C'est justement dans cette optique que s'inscrit Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar, après un Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence 100 % raté malgré quelques jolis souvenirs issus de la trilogie originale. Touché, coulé.
À trop vouloir tirer sur la corde, les spectateurs finiront, espérons-le, par mettre les voiles.
En effet, tout respire la pièce rapportée dans Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar, justifiant une intrigue bateau - sans mauvais jeu de mots - et, comme toujours, diluée dans des arcs qui ne creusent pas grand-chose, si ce n'est la propre tombe du film. Pour Disney, il y a cette idée d'introduire une nouvelle génération de héros pour remplacer le duo Orlando Bloom/Keira Knightley, et voilà donc Jack Sparrow flanqué d'un fils et d'une fille de leur père, plutôt que de la mer. Durant toute la durée du long-métrage, il y a ce sentiment de déjà-vu, certaines séquences rappelant carrément la gloire de la saga reposant toujours sur la mécanique du A qui trahit B qui trahit C, mais qui en fait est copain quand même avec B et de temps en temps avec A. Les scénaristes ont trouvé une énième malédiction, un énième méchant qui en veut à Sparrow et roule ma poule, à fond les ballons.
Jack Sparrow, d'ailleurs, est en quelque sorte devenu insupportable, à l'image d'un acteur en roue libre depuis beaucoup trop d'années. Johnny Depp en fait des caisses, tout le temps, et ce qui faisait rire, à minima sourire, il y a dix ans se transforme désormais en un sentiment d'agacement à chacune de ses apparitions. Le pirate est maniéré à l'extrême, boit du rhum, manque de mourir 10 000 fois, assume sa misogynie... En bref, c'est du Jack Sparrow tout craché et Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar ne lui apporte aucune nuance supplémentaire alors que l'anti-héros a tous les arguments, normalement, pour être autre chose qu'un simple guignol. En face, Javier Bardem incarne un méchant OSEF, simple prétexte d'un cinquième épisode qui ne tire aucune gloire, non plus, de sa mise en scène. Mention spéciale aux séquences fortes plongées dans le noir, soit l'assurance de ne rien voir et, par conséquent, de ne rien apprécier.
Au final, Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar se laisse davantage regarder que Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence. C'est sans doute son seul faire-valoir face à l'évidence : la conviction que Disney doit en finir avec cette licence qui avait déjà tout et trop donné avec Gore Verbinski et, qu'à trop vouloir tirer sur la corde, les spectateurs finiront, espérons-le, par mettre les voiles. À bon entendeur.
Note : 1,5 sur 5