Zack Snyder a repris son Justice League et nous livre une version bien loin du film de 2017, pour un résultat épique et à la fois frustrant.
Alors que le Marvel Cinematic Universe cartonnait, DC Comics et Warner Bros. voulaient leur part du gâteau avec leurs super-héros et ont développé, à la hâte, leur DCEU. Les fans ont eu droit seulement à Man of Steel, Batman v. Superman : L'aube de la justice et Wonder Woman pour introduire la majorité des personnages (Suicide Squad faisant un peu bande à part), autant dire qu'en sortant Justice League en 2017, les néophytes étaient un peu perdus. Et s'il n'y avait que ça... Le réalisateur, Zack Snyder, n'a pas pu participer à la post-production de son film après le suicide de sa fille, et avait été remplacé par Joss Whedon (Avengers, Buffy, Firefly), ce dernier s'occupant de tourner les reshoots et de monter le film, en suivant les directives de Warner Bros.. En résulte un film oubliable, confus et inintéressant qui a déçu presque tout le monde.
Et pourtant, les fans n'en démordirent pas, et ils ont lancé une vaste campagne de soutien à Zack Snyder sur les réseaux sociaux, demandant aux producteurs de sortir la Snyder's Cut, équivalent d'une Director's Cut où le réalisateur est le seul maître à bord pour enfin proposer sa propre vision du film. Si, en France, les réalisateurs sont des auteurs, ce n'est pas le cas à Hollywood, ils sont à la botte des producteurs, et pourtant, à la surprise générale, Zack Snyder's Justice League est une réalité. Le réalisateur a, après des mois de travail et de teasing, accouché sur HBO Max d'une version définitive du film, qui dure plus de 4h, utilisant principalement des plans coupés au montage par Joss Whedon et de rares reshoots réalisés cette fois par Zack Snyder lui-même. Nous nous sommes donc confortablement installés dans le canapé pour découvrir cette nouvelle version, et voici notre critique, sans spoilers !
Zack Snyder a réussi le miracle de sauver Justice League, et le film vaut le détour pour tous les fans de super-héros.
Car oui, Zack Snyder's Justice League a un scénario bien différent de celui du Justice League de 2017, que nous n'allons évidemment pas dévoilé ici. Le film est toujours une suite à Batman v. Superman, alors que la Terre se prépare à l'arrivée d'une nouvelle menace, bien plus grande que Doomsday. Batman fait le tour du monde pour recruter de nouveaux super-héros, et cette fois, le résultat est bien plus crédible, notamment concernant le personnage de Victor Stone/Cyborg, un peu mieux introduit. Le spectateur comprend bien mieux ses origines et ses motivations, qui même si elles ne cassent pas trois pattes à un canard, permettent de mieux cerner ses choix effectués pendant le film. Ray Fisher a enfin droit à davantage de temps à l'écran, pour le plus grand plaisir de tous, tout cela nous fait quand même penser qu'un vrai film entièrement dédié à Cyborg aurait été intéressant, car de nombreuses scènes dans ce Zack Snyder's Justice League ne sont qu'un prétexte pour introduire Cyborg, et non faire évoluer la trame principale, qui est de sauver le monde. De manière générale, la plupart des acteurs campent leurs rôles de manière très correcte, que ce soit l'amusant Barry Allen (Flash, Ezra Miller), le nonchalant Bruce Wayne (Batman, Ben Affleck), le froid Arthur Curry (Aquaman, Jason Momoa) ou la redoutable Diana Prince (Wonder Woman, Gal Gadot). Clark Kent (Superman, Henry Cavill) est évidemment de la partie, mais pas sa moustache effacée numériquement ! Zack Snyder reprend les rênes de son projet, adieu l'horrible reshoot de Joss Whedon. Kal-El n'a cependant pas vraiment un rôle bien plus important dans cette Snyder's Cut, son personnage est toujours perturbé par les évènements de Batman v. Superman, mais il est quand même un peu mieux travaillé et surtout bien plus plus sombre, laissant le spectateur dubitatif concernant ses intentions pendant un bon moment.
Un autre changement qui frappe, c'est la nouvelle apparence de Steppenwolf, plus extraterrestre, mais trop numérique et brillant pour être réellement effrayant. Le méchant du film n'arrive jamais à être ancré dans la réalité pour être une vraie menace, du point de vue du spectateur, qui voit d'abord un joli benchmark pour cartes graphiques, mais non un ennemi redoutable pour Batman et ses amis. Un problème qui se fait également ressentir dans le cliché des batailles sur de vastes plaines (comme Avengers: Endgame), faisant totalement oublier que nous sommes sur Terre et que le but est tout de même de sauver notre monde. La menace est rarement crédible, malgré la tonne d'effets spéciaux très réussis tout au long du film et l'évidente puissance de Steppenwolf. D'ailleurs, les fans des comics peuvent découvrir une nouvelle menace, dont nous tairons le nom, qui change grandement le scénario. Certes, il faut sauver la Terre et arrêter Steppenwolf, mais lui a d'autres plans en tête, permettant cette fois de découvrir une vraie mythologie du DC Extended Universe, où Zack Snyder's Justice League n'est qu'un épisode d'une grande saga, ce qu'avait bien du mal à faire croire le film d'origine. La fin est d'ailleurs riche en révélations et en teasing, laissant le spectateur sur un cliffhanger frustrant, nous laissant penser que si Zack Snyder's Justice League était sorti tel quel en 2017, le DCEU aurait largement pu rivaliser avec le MCU et proposer un univers cinématographique passionnant, avec des personnages bien mieux travaillés et introduits pour faire saliver les fans.
Et pourtant, il semble évident qu'un studio comme Warner Bros. n'ait pas voulu laisser trop le champ libre à Zack Snyder tant son Director's Cut est ici à des années-lumière des standards du cinéma, à commencer par sa longueur. 4h02 au compteur, c'est le double du film monté par Joss Whedon, et même s'il est divisé en six parties, le format reste très long, d'autant que l'idée de regarder ça comme une série est impossible tant les chapitres ont des durées très inégales. Pourtant, le film se regarde et le spectateur se laisse porter par cette histoire au rythme intense et riche en action, pas question de s'ennuyer devant Zack Snyder's Justice League. Pour autant, le réalisateur ne brille pas par ses talents de metteur en scène ni de monteur, abusant souvent de séquences musicales ou au ralenti abusif, pour un effet mélancolique qui ne fonctionne pas toujours. Rares sont les plans épiques qui en mettent plein la vue, Zack Snyder a préféré être au plus proche des personnages et de l'action, c'en est parfois étouffant, d'autant que le format de l'image laisse à désirer. Le réalisateur a opté pour du 1/3, ou 1:33, proche du format IMAX 1:43 dans lequel il voulait à l'origine tourner tout le film. Une image carrée qui accentue donc la verticalité des bâtiments de Gotham City et la puissance des personnages, mais il est clair que certains plans ont été pensés pour du 1:78 en 16/9, avec des personnages qui sortent du champ trop tôt ou qui sont même parfois coupés assez grossièrement. Zack Snyder a également revu presque toute la colorimétrie de son film, avec cette fois des couleurs très désaturées, pour un rendu morne et une ambiance déprimante, qui colle parfaitement à l'esprit du long-métrage et à ses héros sombres. Le réalisateur a d'ailleurs annoncé qu'une version en noir et blanc Justice is Gray devrait prochainement voir le jour, et il faut bien avouer que le plus gros du travail est déjà fait.
Nous devons bien l'avouer, avant de visionner Zack Snyder's Justice League, nous n'étions pas confiants. Warner Bros. nous avait déjà fait le coup du film amélioré avec des Director's Cut de Batman v. Superman et Suicide Squad, qui restaient mauvaises, et nous avions bien du mal à croire que Zack Snyder puisse sauver le Justice League charcuté par le studio. Et pourtant, le réalisateur nous livre ici sa version définitive de son histoire, tel qu'il l'avait imaginée. Sans être un génie de la mise en scène ou de la narration, Zack Snyder arrive à nous plonger dans une fresque épique avec des personnages forts, qui nous laisse au final un sentiment de frustration. Zack Snyder's Justice League laisse rêveur d'un DC Extended Universe qui aurait pu passionner les fans pendant des années, avec des héros sombres aux antipodes du MCU parfois jugé trop lisse, mais il ne s'agit ici que d'un film, un coup d'essai particulièrement intéressant, mais dont les répercutions dans le DCEU sont encore très incertaines. Quoi qu'il en soit, Zack Snyder a réussi le miracle de sauver Justice League, et le film vaut le détour pour tous les fans de super-héros.
Note : 4 étoiles sur 5
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Clint008 Rédacteur - Testeur |