Le Chevalier Noir affronte ses démons du passé et un vilain cinglé dans The Batman, de Matt Reeves. Cette énième relecture du mythe de Batman arrive encore à surprendre.
Autant se l'avouer, le Batman de Ben Affleck ne restera pas dans les mémoires, pas aidé par un Univers cinématographique DC en perte totale de repères. C'est donc avec intérêt que nous attendions que Robert Pattinson reprenne le flambeau sous la direction du réalisateur Matt Reeves dans The Batman, un énième reboot venant s'inscrire dans la lignée d'une saga culte, même pour ses ratés. Malgré la multitude des relectures, ce nouveau long-métrage arrive à créer sa propre identité.
Ses codes rappellent ceux du film noir, en nous laissant d'ailleurs que très peu entrevoir la lumière du jour.
Rarement un film de super-héros aura été aussi sombre, dans sa photographie comme dans sa thématique. The Batman prend le pari de nous faire suivre un Chevalier Noir jeune et pourtant lessivé par sa vie nocturne, dont l'esprit de vengeance a tourné à l'obsession dévorante, quitte à presque totalement renier le Bruce Wayne qu'il était. Il croise ici la route du Riddler, un Homme-Mystère plus cinglé que jamais, qui tire plus vers le tueur en série sadique que le vilain folklorique des bandes dessinées. Ces deux êtres torturés vont se défier à distance dans un récit sur fond de mises à mort spectaculaires, devinettes et surtout enquête.
Le pendant détective de Batman est beaucoup mis en avant, et pas seulement pour la résolution des énigmes du Riddler. Entre interrogatoires musclés, meutres et jeux de pistes, ses codes rappellent ceux du film noir, en nous laissant d'ailleurs que très peu entrevoir la lumière du jour. Plus d'enquêtes, moins de gadgets : les joujoux de la Batcave sont moins sollicités que dans de précédents longs-métrages, mais leur apparition n'en devient que plus plaisante, en témoigne les frissons qui ont parcouru notre corps à l'échauffement du moteur de la Batmobile.
La production ne manque pas de scène d'action marquante cependant, souvent des combats rapprochés éclairés par des flammes et détonations en tout genre, dont les plans étriqués et les coups musclés resteront dans les mémoires. The Batman rappelle ainsi en un sens les comics dont le personnage est issu, non pas forcément pour la direction artistique, mais pour le découpage de ses scènes. Le cadrage serré et l'attention portée à l'image font de beaucoup d'entre elles des plans aussi sombres qu'impactants, sans pour autant tirer vers la suresthétisation, qui aurait pu être intéressante. Et que dire de la musique et du sound design : des chocs sourds aux cordes du thème principal en passant par la voix rauque de Kurt Cobain sur le récurrent Something in the Way, tout résonnera encore en vous après le visionnage.
Longue, mais sans longueur, cette balade nocturne de près de 3 heures reste captivante en chaque instant, grâce à une tension à tirer au cordeau et une mise en scène qui prend son temps. Presque aucun passage n'est à jeter, alors que les scènes prennent leur temps pour poser une ambiance oppressante et étrangement si fascinante. The Batman, c'est avant tout une vibe, qui vient nous cueillir de la première scène à la dernière et qui efface facilement les rares points faibles. L'enquête et les déductions de nos héros auraient pu être mieux écrits, et la photographie encore plus léchée, mais ce récit solide arrive à utiliser avec soin et parcimonie les codes de l'univers de Batman, des décors aux ficelles scénaristiques, sans jamais perdre en intensité. Robert Pattinson, Jeffrey Wright, Andy Serkis, Zoë Kravitz et tous les autres forment un ensemble d'acteurs sans fausse note, même si la star restera Gotham et ses rues obscures, dans lesquelles nous avons déjà hâte de retourner.
Note : 4,5 étoiles sur 5
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