L'arc avec John Kramer est définitivement terminé, mais Jigsaw a un imitateur peu inspiré.
La saga Saw a débuté en 2004 avec un excellent premier volet réalisé par James Wan, mettant en scène un tueur en série emprisonnant ses victimes dans des pièges sordides à l'issue souvent sanglante, afin de leur montrer l'importance de la vie. Une franchise qui n'a cessé de décliner depuis, jusqu'au septième épisode en 2010, et elle a fait son retour en 2017 avec Jigsaw, toujours en lien avec le Tueur au Puzzle, mais là encore sans grand succès critique.
Mais la licence semble immortelle, et les scénaristes Josh Stolberg et Pete Goldfinger, déjà derrière le script de Jigsaw, ont voulu poursuivre leur œuvre avec Spirale : L'Héritage de Saw, qui est donc le neuvième volet de la franchise, même s'il peut être considéré comme un spin-off. Derrière la caméra, nous retrouvons Darren Lynn Bousman, réalisateur des Saw 2, 3 et 4, de quoi promettre une continuité entre les épisodes. Et pourtant, même si le film tente de reprendre les codes du Tueur au Puzzle, il n'arrive jamais à la hauteur des précédents volets, pourtant pas bien élevée...
Il y avait sans doute mieux à faire avec l'héritage du Tueur du Puzzle.
Spirale : L'Héritage de Saw (ou Spiral: From the Book of Saw en anglais) suit donc le détective Ezekiel Banks (Chris Rock), enquêtant sur la mort sordide d'un collègue, retrouvé écrasé et explosé en morceaux par un métro, la langue pendue à un piège. Accompagné du jeune enquêteur William Schenk (Max Minghella), Zeke se rend vite compte que le tueur s'inspire des crimes de Jigsaw, mort une dizaine d'années auparavant, et compte bien l'arrêter rapidement avant que les cadavres ne s'empilent, d'autant que l'affaire commence vite à devenir personnelle pour Zeke.
Mais des règles du vrai Tueur au Puzzle, cet imitateur n'en a que faire, à commencer par le huis clos. Dans les Saw, le tueur enferme ses victimes ensemble dans des lieux fermés, pour un sentiment d'emprisonnement, de claustrophobie et de crainte de l'autre. Dans Spirale : L'Héritage de Saw, les victimes sont isolées et dispersées aux quatre coins de la ville, cela a un intérêt scénaristique justifié au fil du long-métrage, mais pour l'ambiance et l'implication, il faudra repasser. Autre gros souci, le spectateur découvre la plupart du temps les victimes en même temps que Zeke, déjà mortes donc, et c'est un flashback qui montre l'exécution. Impossible donc de s'identifier à la victime, qui va évidemment mourir à la fin du piège. De toute façon, les personnages sont tous présentés comme méchants et mauvais, il n'y a aucune nuance, et lorsqu'ils meurent, le spectateur se dit juste « bien fait pour lui, c'était mérité ».
La fin de Spirale : L'Héritage de Saw est tout de même dans la pure tradition de la franchise, avec un retournement tiré par les cheveux, mais presque jubilatoire (si vous ne l'avez pas vu venir 1h avant). Si vous avez apprécié les précédents épisodes, vous serez en terrain connu, mais appréciable, de quoi donner un peu de sensations fortes dans les dernières secondes du film. Ce qui n'est pas le cas des pièges, car avouons-le, c'est bien là ce qui a fait le succès de Saw. Des pièges sordides, laissant une possibilité de survie à la victime si elle sacrifie une partie d'elle-même. Mais n'est pas John Kramer qui veut, le tueur est clairement peu inspiré, le gore est au rendez-vous, mais sans ce côté vicieux et dérangeant d’antan. Les amateurs d'hémoglobine et de chaire découpée en ont pour leur argent, mais sans la malice du vrai Jigsaw, ce n'est pas pareil.
Pourtant, Spirale : L'Héritage de Saw essaye des choses, tente d'aborder des sujets brûlants et intéressants comme la difficulté d'un policier afro-américain à s'imposer dans un commissariat corrompu jusqu'à l'os ou sa relation avec son père ancien chef de la police, mais rien n'y fait, cela ne fonctionne pas. La faute à des acteurs en roue libre, Chris Rock a bien du mal à être crédible et il n'est pas aidé par Samuel L. Jackson, incarnant son père, mais qui ne semble être venu sur le tournage que pour repartir avec un joli chèque tant il n'est pas du tout impliqué dans son personnage. Du côté de la réalisation, c'est d'un classique ennuyeux, aucune recherche de mise en scène, aucune créativité pour filmer les exécutions. Autre opportunité ratée, la temporalité du film est incompréhensible. L'action du long-métrage semble durer moins de 48h, mais à aucun moment le spectateur ne subit la tension du temps qui manque pour sauver les victimes, là où un thriller haletant aurait réussi à scotcher le public sur son fauteuil pendant 90 minutes, à la manière d'un Se7en dont le long-métrage semble parfois puiser son inspiration, sans réussite encore. Le film tente en effet d'être un thriller policier, revenant aux bases de la franchise, où l'inspecteur Tapp joué par Danny Glover traquait John Kramer. Zeke ne lui arrive pas à la cheville, il n'y a que peu d'enquêtes, la police suivant simplement les indices évidents lâchés par le tueur sans cogiter plus que ça ou même s'opposer directement à lui, le jeu du chat et de la souris n'existe ici pas. D'ailleurs, chose intéressante, Spirale : L'Héritage de Saw se déroule en plein été, le soleil semble bien taper, nous rappelant Predator 2 (également avec Danny Glover), où la mise en scène mettait parfaitement en avant ce cagnard épuisant les policiers à petit feu. Ici, il n'en est rien. Le soleil brille, l'image est jaune, point.
Spirale : L'Héritage de Saw est donc une semi-déception, dans le sens où la franchise Saw n'est plus que l'ombre d'elle-même depuis le second volet. Darren Lynn Bousman tente ici de lui donner un second souffle en cassant les codes et en faisant évoluer la licence vers le thriller policier sanglant, mais rien ne fonctionne, la faute à une écriture ratée et des acteurs au plus bas de leur forme. Il y avait sans doute mieux à faire avec l'héritage du Tueur du Puzzle, du côté de l'horreur façon torture porn ou de l'enquête policière, mais dans Spirale : L'Héritage de Saw, il n'y a pas grand-chose à sauver.
Note : 1,5 étoile sur 5
Vous pouvez retrouver la saga Saw, du premier au huitième film, sur Amazon Prime Video.
Clint008 Rédacteur - Testeur |