CRITIQUE Spider-Man: Across the Spider-Verse, Miles et les Spider-Héros nous mettent une nouvelle claque
par Auxance M.Sony Pictures Animation a décidément de l'or dans les mains. Après Into the Spider-Verse, il nous en remet plein les mirettes avec Across the Spider-Verse.
Bijou du cinéma d'animation, Spider-Man: Into the Spider-Verse (ou Spider-Man: New Generation selon son hasardeuse traduction française) avait séduit bien au-delà de la sphère des amateurs de comics à sa sortie au cinéma en 2018. Sony Pictures Animation a logiquement commandé une suite, ou plutôt deux, pour une nouvelle aventure en deux parties qui débute cette semaine en salles avec Spider-Man: Across the Spider-Verse. Et comme espéré, nous avons encore pris une claque.
Spider-Man: Across the Spider-Verse est avant tout une incroyable prouesse visuelle.
Après avoir sauvé sa dimension et les quelques Spider-Héros qui s'y étaient aventurés malgré eux, Miles Morales a pris de l'âge et mène une vie d'adolescent toujours aussi tumultueuse, accaparé par sa réussite scolaire, ses obligations de gardien de New York et le souvenir qui le hante d'une Gwen Stacy d'une autre dimension. Tout en gérant les conflits amenés par ses secrets avec ses parents, il fait la rencontre de La Tâche, un méchant gaffeur aux origines liées à son passé qui va vite s'avérer bien plus dangereux qu'au premier abord. À distance, alors que nous découvrons un peu mieux les traumatismes et l'univers de Spider-Gwen, celle-ci va faire une mauvaise rencontre qui va l'amener à croiser le chemin d'autres Spider-Héros, protecteurs du Multivers face aux anomalies venues d'autres dimensions.
C'est dans ce contexte que nous allons découvrir une flopée d'univers et de Spider-Héros, tous plus originaux et inattendus les uns que les autres, souvent avec des scènes de révélations badass pour des personnages qui le sont tout autant. Le ton complètement fun et décalé de ce Multivers va cependant progressivement laisser sa place à une tournure plus sombre, offrant une approche prenante du mythe de l'Homme-araignée et de ses évènements formateurs, et une réflexion à l'échelle multidimensionnelle sur la prédestination. Une bonne manière de reprendre et respecter les codes de Spider-Man, tout en leur donnant encore une fois un coup de jeune et en réussissant même à connecter les nombreuses relectures de la licence. Et, oui, il y a des caméos et easter eggs à gogo, mais ils ne sont quasi exclusivement là que pour étayer des arrière-plans riches en détails sans jamais gêner les néophytes.
Long de 2h20, tout de même, Across the Spider-Verse passionne pendant presque durant tout le visionnage, aidé par de longs passages introductifs intéressants et une montée en puissance progressive. L'alternance entre les séquences d'action rapides et les moments plus posés, que ce soit des dialogues forts sur l'avenir de Miles, les doutes d'une Spider-Gwen très présente à l'écran ou des échanges humoristiques allongés et réussis, captive presque jusqu'au bout. Les vannes rapides et parsemées tout au long de l'aventure font aussi souvent mouche, notamment celles de l'anarchiste Hobie aka Spider-Punk. La dernière partie, plus lente, voire trop longue de quelques minutes, nous rappelle cependant difficilement qu'une suite était prévue depuis le départ et que nous devrons l'attendre pour découvrir les réponses à nos questions et l'issu des différents cliffhangers.
Mais au-delà de sa narration absorbante, de ses personnages forts ou de son casting vocal parfaitement impliqué, Spider-Man: Across the Spider-Verse est avant tout une incroyable prouesse visuelle. Sony Pictures Animation va encore plus loin que pour Into the Spider-Verse en poussant à l'extrême son style qui en mélange plusieurs, avec des inspirations venues tout droit des différents âges des comics, des séries animées, des esquisses en noir et blanc, et de plein de choses que nous vous laisserons découvrir et qui sont inhérentes au concept même de Multivers aux mises en scène variées. Entre panneaux de bandes dessinées, couleurs aquarelles vibrantes qui changent d'une vue à l'autre et effets visuels qui apportent du mouvement et de l'esthétisme même aux scènes les plus simples, il y a toujours quelque chose devant lequel s'extasier, sans que cela ne gêne la lisibilité.
Ajoutez à cela des compositions de plans qui n'ont rien à envier aux plus beaux films que nous a offert le cinéma, et des séquences de combat stylées et stylisées qui déclenchent un plaisir énorme et non coupable (mention spéciale à l'entrée en scène de Jessica Drew aka Spider-Woman), et vous comprendrez que ce long-métrage d'action animé à tout pour se hisser parmi les plus incontournables de sa catégorie. Et nous pourrions presque en dire autant sur la bande-son, au top, que ce soit grâce à ses mélodies originales aux accents électroniques entraînants ou les pépites hip-hop que nous nous ferons une joie de réécouter. Nous lui en voudrions presque parfois d'être trop beau, à tel point que nous nous concentrions davantage sur la forme que sur ce qu'elle montre.
Vous l'aurez compris : foncez voir Spider-Man: Across the Spider-Verse au cinéma. Déjà, car la multitude de techniques d'animation et de styles visuels a de quoi faire tomber à la renverse, et vous ne compterez pas les moments où vous fixerez l'écran avec des étoiles dans les yeux, empêchant de décrocher le regard jusqu'au terme du générique de fin. Et ensuite, surtout si vous appréciez le mythe de l'Homme-Araignée, car cette approche plus riche et généreuse que jamais du Multivers donne lieu à une narration palpitante, ancrée autour de deux adolescents qui n'ont pas choisi leur destinée.
Le seul bémol que nous pourrions formuler serait la dernière partie, qui calme le rythme et traîne un tout petit peu en longueur pour poser les enjeux d'une suite, et qui ne permet pas au film d'être entièrement apprécié lors d'un visionnage autonome. En attendant la sortie de Spider-Man: Beyond the Spider-Verse le 3 avril 2024 en France, ce volet a un petit goût d'inachevé, qui pourrait vite se transformer en saveur de classique intemporel si le prochain frappe aussi fort, voire encore plus.
Note : 4,5 étoiles 5
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