John Rambo est de retour, dans un cinquième et fort probable ultime volet de péripéties sanglantes. À ce stade, il vaudrait mieux que la boucherie s’arrête. Notre critique du film, qui sort le 25 septembre.
La suite que nous n'attendions pas
La dernière fois que Stallone avait rempilé dans le rôle de Rambo, c’était en 2008 dans un opus sobrement intitulé John Rambo, le quatrième de la saga entamée en 1982. Silvester Stallone avait 62 ans à l’époque et, déjà, le voir reprendre mitraillette et air renfrogné pour dézinguer à tout va les forces armées birmanes était vraiment too much. Alors forcément, l’annonce d’un cinquième volet de la saga 11 ans plus tard, intitulé Rambo: Last Blood, avait de quoi intriguer les amateurs d’action que nous sommes. C’est pourquoi il était impossible de refuser la découverte anticipée de ce film, réalisé par Adrian Grunberg, dont la filmographie rachitique ne donne, autant le dire tout de suite, pas vraiment confiance.
Le scénario du film a beau tenir sur la serviette d'un fast food, il ne se passe rien de passionnant pendant les 45 premières minutes du métrage.
Désormais rangé dans l’Arizona, John Rambo est un ancien soldat ravagé par la guerre, pour qui la vie semble être devenue un fardeau quotidien. Rambo vit dans la ferme de son père où il dresse des chevaux, aidé par une vieille dame mexicaine qui élève seule sa petite-fille, ado talentueuse, mais un brin rebelle. Alors, quand celle-ci décide de braver l’interdit pour aller rencontrer son fuyard de père dans un endroit mal fréquenté du Mexique, rien ne se passe comme prévu, et Rambo repart faire la guerre bon gré mal gré. Et il n’a vraiment plus grand-chose à perdre.
Le scénario de Rambo 5 a beau tenir sur la serviette en papier d’un fast food, il ne se passe rien de passionnant pendant les 45 premières minutes du métrage. Un peu comme Rambo, le spectateur peut facilement avoir l’impression d’être au bout de sa vie face à des discours prémâchés sur la famille, la confiance, la loyauté, et des plans contemplatifs sur la beauté des chevaux et autre dialogue en champ-contrechamp mollasson. Une fois arrivé le rebondissement gros comme une maison, le film commence alors à partir dans ce que tout le monde attend vraiment : le moment où Rambo, machine à tuer aux états d’âme plutôt bien dissimulés, dégaine son énorme couteau et ouvre la boucherie en mode open-bar.
Tellement trash que c'en est drôle
Il serait dommage d’évoquer en détail ici les truculentes séances de charcutage qui parsèment le film, mais il est tout de même possible de dire que c’est à peu près à ces seuls moments que Rambo: Last Blood fait ressentir un petit quelque chose au spectateur. Si vous aviez déjà trouvé John Rambo très trash, dites-vous que ce cinquième volet va encore plus loin dans la torture et la taillade. La première séquence s’attarde de manière quasi chirurgicale sur ce que l’ex-commando fait subir à sa victime, à tel point qu’il est légitime de se demander qui est réellement le méchant dans l’affaire. À ce niveau-là, Rambo: Last Blood met plutôt bien en scène son personnage qui n'a plus rien à faire de tout, pour rester poli. Et comme les festivités sont lancées, le métrage se lâche généreusement en scènes glauques et crades, en viscères qui voltigent et en nuques qui craquent.
À certains moments, Rambo : Last Blood s’affiche aussi débile qu’un Machete Kills. Sauf que Rambo se prend très au sérieux.
À ce stade, les problèmes sont multiples. En premier lieu, la mise en scène reste globalement ultra-paresseuse, ce qui combiné à un scénario cliché à souhait, ne contribue pas à instaurer ni tension ni émotion dans l’ensemble. Ensuite, la violence et même l’ultra-violence, utilisée à outrance comme le fait le film, finissent par faire rire. Le spectateur rit non seulement pour désamorcer le malaise face au trash qui s’étale sur l’écran, mais aussi parce que ça fini bien vite par en devenir risible.
À certains moments, Rambo : Last Blood s’affiche aussi débile qu’un Machete Kills. Sauf que le métrage de Robert Rodriguez est conçu pour être drôle, à travers une évidente autodérision. Rambo: Last Blood est quant à lui sérieux, très sérieux. Ou en tout cas, il cherche à l’être, et ce jusqu’à sa scène finale, qui se veut solennelle. C’est un peu loupé, quand même.
Et enfin, difficile de ne pas évoquer la grande séquence finale du film, déluge d’effets spéciaux à pas cher principalement destinés à remettre une couche d’hémoglobine virtuelle sur un tas de bidoche déjà fort embarrassant. À n’en pas douter, les trois quarts du budget du film sont passés dans le dernier quart d’heure, qui arrive comme un cheveu sur la soupe, mais il faut bien ça pour garder la salle éveillée jusqu’au bout.
Un final nanardesque pour un grand héros
Rambo: Last Blood a beau ne durer que 1h29, il donne l’impression d’être beaucoup, mais alors beaucoup plus long. Et c’est donc presque au ralenti que le téléspectateur assiste, impuissant, au saccage d’un personnage emblématique du cinéma américain, qui aura été pendant plus de 35 ans l’incarnation du traumatisme guerrier, un personnage complexe en lutte perpétuelle contre ses démons. John Rambo termine sa carrière en massacrant des Mexicains par pack de 12 sur fond de rien du tout : il ne reste plus qu’à espérer que ce soit effectivement son dernier combat.
Note : 1 étoile sur 5