L'extraterrestre culte du cinéma s’invite sur Disney+ pour affronter une jeune Comanche. Un film féministe et réussi.
Film culte de John McTiernan, Predator a introduit un nouveau monstre culte du cinéma en 1987, mettant en scène un chasseur extraterrestre en lutte contre des militaires menés par Arnold Schwarzenegger. Une franchise est née, avec une suite plutôt intéressante, car bien différente, un Predators oubliable et plus récemment The Predator, vraiment mauvais, sans oublier les deux cross-overs Aliens vs. Predator, dont le nom fait grincer les dents des fans de Predator et d’Alien...
Mais revoilà le Predator à l’affiche de Prey, une préquelle produite par 20th Century Studios pour une diffusion sur Hulu et Disney+, et surtout réalisée par Dan Trachtenberg (10 Cloverfield Lane, des épisodes de The Boys et Black Mirror, le fan film Portal: No Escape). Retour dans le passé pour un combat mortel entre un Predator et des Comanches, et le résultat est une franche réussite !
Prey est bien un film féministe, mettant en scène une vraie guerrière indépendante.
Prey nous ramène en 1719, dans une tribu de Comanches, en Amérique donc, aux côtés de Naru, jeune femme qui compte bien devenir une vraie guerrière malgré sa culture l’obligeant à rester une simple soigneuse au camp. Malgré les tensions avec le reste du clan, dirigé par son frère, elle part régulièrement explorer les horizons en compagnie de son chien et commence à voir des choses pour le moins étonnantes dans la région, comme des bisons écorchés ou un ours éventré sous ses yeux par une créature invisible. Nous n’allons pas trop en dire sur le scénario de Prey, qui reste assez basique et prévisible, avec un premier tiers un poil long dans son rythme. La recette Predator est conservée, avec une menace invisible, mais bien présente, des plans en vision thermique et des contrechamps sur une forêt pas si vide, des rencontres intenses avec la créature qui se dévoile petit à petit et finalement un duel épique. C’est convenu, déjà vu avant, le film décide de ne pas s’embêter avec une histoire complexe et des relations ambiguës pour nous proposer une lutte simple entre humains et Predator pour la survie, un retour aux sources qui fait écho au long duel entre Dutch et l’extraterrestre dans le premier film, et ça fonctionne.
Prey brille aussi par sa mise en scène à la fois sobre et intelligente, gérant parfaitement le suspense pour introduire une version primitive du Predator, monstre intemporel chassant non pas pour le plaisir, mais pour le sport et la gloire, et pas que les humains. Oui, amis des animaux, certaines scènes font mal au cœur. La mise en scène est à la hauteur des attentes, sublimant les magnifiques paysages naturels et immaculés, l’éclairage est maîtrisé, Prey offre des plans larges et poétiques qui se font rares dans ce genre de productions, mais n’oublie pas de se rapprocher au centre de l’action lorsque cela est nécessaire. Mais si les costumes des Comanches comme du Predator sont impeccables, les effets spéciaux numériques auraient demandé un peu plus de soin, la faute sans doute à un budget un peu serré. Mais cela reste rare et Prey sait aussi être sanglant, dans le pur esprit de la franchise, avec des corps mutilés et des os brisés, le film est pour rappel classé dans la catégorie 18+ sur Disney+, et c’est évidemment justifié.
Bien sûr, impossible de ne pas parler d’Amber Midthunder, surtout remarquée dans la série Legion et qui incarne ici une Naru particulièrement intéressante. Femme soumise à sa condition de soigneuse dans une société comanche très codifiée, elle rêve de s’émanciper et de devenir chasseuse, le Predator va lui offrir cette opportunité. Prey est bien un film féministe, mettant en scène une vraie guerrière indépendante, sans jamais sombrer dans le cliché quasi commercial, comme cela peut être le cas dans d’autres productions. Difficile de ne pas faire un petit rapprochement entre Naru et les princesses Disney modernes comme Mérida, évoluant dans un milieu masculin, mais désireuses de faire leur vie comme elles l’entendent. Une héroïne très bien écrite, intelligente, astucieuse et forte, parfaitement incarnée par Amber Midthunder, toujours juste dans son jeu et sachant parfois être encore plus terrifiante que le Predator lui-même. Encore une fois, la créature extraterrestre n’est qu’un prétexte pour un duel intense où l’Humain doit se dépasser pour survivre.
Pour finir, sachez que Prey est intégralement doublé en comanche, la version originale étant en anglais avec quelques mots de comanche uniquement. Une décision intéressante, montrant l’intérêt des producteurs pour cette tribu amérindienne et qui colle évidemment très bien à l’ambiance du film. Le jeu des comédiens et comédiennes de doublage est convaincant, mais la synchronisation labiale l’est moins dans les dialogues filmés en champs-contrechamps. Pas de quoi réellement choquer le spectateur, même si en France, le doublage est bien ancré dans notre culture et mieux maîtrisé. Mais ne boudons pas notre plaisir, le comanche est rarement mis en avant de cette façon, et pour l’immersion, cette version est un plus non négligeable. Les producteurs voulaient d’ailleurs à l’origine tourner directement dans cette langue, avant de se rabattre vers l’anglais.
Prey est une excellente surprise. La franchise Predator ne cessait de perdre en qualité depuis des années, oubliant ce qui avait fait le succès critique et commercial du premier volet. Malgré une diffusion directement en SVoD, ce nouveau volet a tout d’un grand film d’action violent, proposant un tête-à-tête entre deux personnages forts dans une violence et une atmosphère unique, le tout porté par une réalisation soignée. Malgré un début de film qui met un peu de temps à s’installer, il n’y a rien à jeter dans le reste, de quoi ravir les fans de la franchise.
Note : 4 étoiles sur 5
Vous pouvez regarder Prey sur Disney+, l’abonnement coûte 8,99 € par mois ou 89,90 € par an.
Clint008 Rédacteur - Testeur |