Le service de streaming s'est mis au vert durant six semaines avec Loki, qui fait déjà office de classique dans le Marvel Cinematic Universe.
Maintenant que la Saga de l'Infini est close et que l'ombre de Thanos ne plane plus sur le MCU, Marvel Studios a plus que jamais les mains libres pour étendre son univers cinématographique, qui partage désormais ses projets entre le petit et le grand écran. La Phase IV a donc été lancée sur Disney+ avec l'original WandaVision puis le plus terre à terre Falcon et le Soldat de l'Hiver, qui s'attardaient chacun sur le devenir de personnages revenus d'entre les morts à la suite de l'Éclipse. La troisième série du lot, Loki de Michael Waldron, place ses enjeux tout autre part au fil de ses six épisodes que nous avons suivis avec délectation chaque semaine (en VO), tournant chacun autour des 45 minutes, une durée presque trop courte tant l'envie d'en voir davantage était présente. Notez que nos impressions dans les lignes suivantes feront mention d'un personnage central de cette première saison, qui n'avait été qu'entraperçu avant la diffusion, sans pour autant révéler de détails majeurs à son sujet. Nous n'avons pas envie de voir débarquer le TVA après tout...
Loki est ce qui est arrivé de mieux au MCU depuis bien des années maintenant.
Pour commencer, Loki peut s'apprécier sans aucun souci même en n'ayant pas suivi assidument l'intégralité du MCU jusqu'à présent, constituant une excellente porte d'entrée aux nouveaux venus (s'il y en a encore) tout en se posant comme la pierre angulaire de son avenir. Ça tombe bien, car tout débute justement à cause d'un caillou, ou plutôt son contenant, le Tesseract. Même sans avoir vu Avengers: Endgame, la scène où le dieu de la Malice s'empare de l'artefact en 2012 avant de s'enfuir sert d'introduction et nous rappelle que le personnage joué par Tom Hiddleston est une version antérieure à celle ayant connu un triste sort au début d'Infinity War. Ce léger souci temporel est l'élément déclencheur servant à faire apparaître sur le devant de la scène le TVA (la Time Variance Authority en version originale ou Tribunal des Variations Anachroniques dans notre langue). Comme nous le constatons rapidement, au même titre que notre anti-héros de service, nous avons affaire à du lourd, de quoi relativiser et remettre en perspective l'ensemble des 24 films déjà disponibles, Black Widow inclus.
Le premier épisode nous introduit donc cette entité proclamant gouverner l'intégralité de l'Éternel Flux Temporel en empêchant tout évènement non désiré de se produire, qui pourrait à terme faire réémerger un Multivers incontrôlable. Il est évidemment question de voyages temporels, mais seulement en toile de fond et sans prise de tête pour le spectateur. Ce bon vieux Loki est donc ici considéré d'office comme un criminel, ou plutôt un Variant, nom assez ironique étant donné la situation actuelle. Même si vous n'êtes pas familiers avec la trilogie de longs-métrages Thor, tout est fait pour nous montrer la personnalité du fils de Laufey et ce qu'il a (ou aurait) vécu, avant de procéder à son développement tout au long de la série. Une évolution à saluer qui rend Loki plus appréciable que jamais. Il faut dire que Tom Hiddleston l'incarne à la perfection au travers de tout un panel d'émotions et de mimiques, nous faisant à de multiples reprises questionner les intentions réelles de ce manipulateur hors pair en qui il est difficile d'avoir confiance.
Heureusement pour lui et le scénario, son arrestation n'est que le début des réjouissances, son échappatoire prenant la forme de l'Agent Mobius, campé par un Owen Wilson au look grisonnant et à la répartie cinglante. L'acteur a beau être essentiellement connu pour ses rôles dans des comédies, il excelle tout autant dans un registre un peu plus sérieux, bien que son personnage ne manque pas de touches d'humour parfaitement dosées. Son duo avec ce Variant Loki constitue l'un des moteurs de l'intrigue, mais ce n'est pas la seule dynamique qui se démarque. La série introduit donc un personnage inédit appelé Sylvie, qui est clairement inspirée des comics tout en ayant un background bien différent. Difficile de rester insensible à Sophia Di Martino qui lui prête ses traits, l'alchimie entre elle et Loki fonctionnant à merveille, étant tantôt complice et tantôt dans l'opposition. D'autres personnages sortent également du lot, mais difficile d'en parler sans spoiler. Sachez tout de même que la prestation d'un certain acteur dans le dernier épisode ne nous a pas laissés de marbre, bien au contraire, présageant du meilleur lors de ses prochaines apparitions.
Du reste, nous nageons en pleine science-fiction avec une intrigue placée sous le signe de l'enquête, du mystère, du libre arbitre et de la distinction entre le bien et le mal en filigrane, qui nous a fait penser bien des fois à Doctor Who, avec un budget bien plus conséquent il va sans dire. Au fil des épisodes, la variété des décors procure un sentiment de voyage indéniable à travers le temps et l'espace, avec en tête d'affiche le TVA qui est un vrai paradoxe à lui tout seul. Bureaucratie ultra formelle et esthétique qui nous ramène dans les années 60-70 ne sont pas forcément ce à quoi nous aurions pu nous attendre d'une telle entité disposant de technologies de pointe. Même l'équipement de ses soldats, les Minutemen, ou encore l'intrigante Miss Minutes, un hologramme doué de conscience et faisant office de mascotte, ne sont pas si fantaisistes. Et pourtant, rien n'aurait pu mieux lui aller ! Lamentis-1 en met aussi plein la vue avec son ambiance violette de désolation. Marvel Studios n'a clairement pas lésiné sur les effets spéciaux et la photographie des destinations, ni d'ailleurs sur les easter eggs en référence directe aux comics (voire aux futurs projets du MCU ?), le contexte dans lequel ils apparaissent justifiant bien toutes les folies possibles après tout.
Loki se démarque également par sa bande-son, qui outre une reprise bien placée de Holding Out For A Hero, entre autres, nous offre des thèmes signés Natalie Holt vraiment marquants et bien calés avec l'action, qui risquent de vous rester en tête pendant de nombreux jours. Leur simple écoute évoque littéralement l'écoulement du temps voire une certaine forme d'intemporalité avec par exemple l'utilisation d'un thérémine, le tout avec par moment un petit côté mystérieux ou épique. Nous retrouvons aussi une certaine similitude avec le thème de Doctor Who dans celui de la série, alors forcément, cela ne pouvait que nous plaire. Enfin, le scénario n'hésite pas à jouer aux montagnes russes avec nos émotions en se servant habillement du format série pour placer des ciffhangers, notamment au cours de l'épisode 4, qui comporte d'ailleurs une scène post-générique qu'il valait mieux ne pas avoir raté le jour de son arrivée sur le service.
Avec son rythme bien maîtrisé dans l'ensemble (même si certains pourraient trouver le 6e épisode trop bavard), du suspense et des révélations bien senties, ou encore l'utilisation à bon escient des comics comme matériel source, Loki est ce qui est arrivé de mieux au MCU depuis bien des années maintenant, une série addictive incontournable, d'autant que ses conséquences pèseront lourd par la suite. Nous attendons avec impatience de les voir au cours des longs-métrages Doctor Strange in the Multiverse of Madness et Ant-Man and the Wasp: Quantumania, sans compter qu'une saison 2 est d'ores et déjà officialisée. Espérons qu'elle ait aussi droit à un glorieux destin !
Note : 4,5 étoiles sur 5
Loki est à visionner en exclusivité sur Disney+, dont l'abonnement coûte 8,99 € par mois ou 89,90 € à l'année.