Le Royaume du Crâne de Cristal avait divisé ? Alors, attendez de voir Le Cadran de la Destinée, qui ne va pas faire l'unanimité.
Il y a une légende populaire selon laquelle Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal n'existe pas. Il se pourrait qu'Indiana Jones et le Cadran de la Destinée le rejoigne bientôt dans le Triangle des Bermudes du cinéma. Alors que James Mangold et Lucasfilm n'avaient qu'à livrer une copie sans trop de défauts pour offrir un dernier tour de piste à Harrison Ford dans la peau du célèbre aventurier, ils n'ont fait que renforcer la sensation que cette saga aurait bien dû s'arrêter à sa trilogie originale.
2h30 de blockbuster moderne dénuées de charme, d'intérêt et parfois même de sens.
Le Cadran de la Destinée force Indy à renfiler le costume pour percer les secrets d'un ancien cadran séparé en deux par Archimède, qui pourrait remettre en cause tout ce que nous savons du concept même du temps. Sa filleule Helena Shaw, fille d'un ami proche créé sur le tas en la personne de l'archéologue Basil Shaw, veut mettre la main sur l'artefact convoité par son père décédé pour des raisons pécuniaires, au même titre que Jürgen Voller, scientifique nazi reconverti en ingénieur aérospatial pour la NASA. Cela amène forcément une course-poursuite à travers le monde où les méchants ont toujours un coup d'avance ou de retard, dans la plus grande tradition des films d'aventure « à la Indiana Jones ».
Pas de quoi fouetter un chat ? Certes, mais là où nous attendions de cet Indiana Jones 5 qu'il atteigne au moins les (bas) standards des nombreux longs-métrages qui se sont inspirés de la trilogie originale, il offre un legacyquel sans saveur, sans idée, sans humour. En dehors de son final abracadabrantesque, aucune scène n'a d'impact, que ce soit par sa force narrative ou ses idées dramatiques, James Mangold semblant avoir perdu tout son savoir-faire pour ne proposer que des plans serrés au montage rapide qui ne réussissent même pas à maintenir l'attention du spectateur.
Les scènes d'action sont sombres et brouillonnes, et ne laissent percevoir que des concepts de mise en scène sans jamais marquer ou même divertir. Les longues séquences de poursuite bafouent les lois de la physique et de la mécanique sans vergogne, et certains effets spéciaux sont terribles, surtout quand il s'agit d'animer le corps d'un aventurier rajeuni au deepfake, une technologie qui ne prend décidément pas malgré toutes les avancées technologiques. L'écriture n'est pas en reste, avec des dialogues insignifiants, sans émotion même lors de réunions au forceps avec des visages du passé, et des punchlines qui nous ont fait révulser les yeux jusqu'à l'arrière de notre siège. Seule Phoebe Waller-Bridge, pleine d'entrain et de bagou, semble s'amuser dans cet amas d'ennui, aux côtés d'un jeune Ethann Isidore clairement mal dirigé, et un Mads Mikkelsen dont le charisme si naturel ne perce pas plus l'écran que cela, pas aidé par un rôle de méchant aux ambitions troubles. Même Harrison Ford semble absent, tant il n'imprime pas la pellicule et n'a plus son aura d'antan, lors des joutes physiques comme verbales. Et que dire des rôles de Shaunette Renée Wilson et Antonio Banderas, expédiés avant même de devenir intéressants.
Dès l'imbuvable scène d'introduction, qui culmine par une énième scène de bagarre dans un train en marche, nous avions l'impression que nous allions passer un mauvais moment, et cela n'a pas manqué. Nous avons seulement été tenu en haleine par l'envie de savoir ce que réservait vraiment le cadran d'Archimède, un artefact qui donne lieu à un dernier arc surréaliste et hautement discutable qui a au moins le mérite de nous sortir de notre torpeur. Qu'importe sa portée ou sa symbolique, ce final n'a pas pu toucher sa cible chez nous, lassé par ces 2h30 de blockbuster moderne dénuées de charme, d'intérêt et parfois même de sens, là où un simple film d'aventure aux codes 80s aurait suffi. Laissons les vieilleries au placard et, par pitié, arrêtons de produire de grosses productions sans la moindre idée cinématographique ou scénaristique derrière.
Note : 1 étoile sur 5
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