Surfant sur le revival de la franchise Doom, Universal 1440 Entertainment nous propose ici un mètre étalon dans le domaine du mauvais film.
Doom, Doom, Doom, Doom, I (dont') want you in my room
Avec la sortie en mai dernier du très bon Détective Pikachu, les fans de jeux vidéo avaient un peu d'espoir. Les studios semblent enfin comprendre les enjeux et rouages d'une bonne adaptation de jeu au cinéma, mais c'était sans compter sur Universal 1440 Entertainment, qui balaye tous les espoirs des fans avec Doom: Annihilation, un direct-to-DVD basé sur la franchise d'id Software. Celle-ci avait eu droit pour rappel à une adaptation dès 2005 par Andrzej Bartkowiak avec Dwayne « The Rock » Johnson et Karl Urban, résultant d'un film très moyen, avec quand même de bonnes idées et un plan-séquence en vue subjective directement tiré des jeux dont il s'inspire, même s'il était assez maladroit.
Doom: Annihilation n'a rien pour lui, c'est 1h36 de souffrance pour les fans de la franchise.
Mais avec Doom: Annihilation, n'espérez rien. Réalisé par Tony Giglio, le film nous emmène sur une lune de Mars après que des Marines aient reçu un message de détresse d'une base de l'UAC, qui travaillait sur un système de téléportation grâce à des portails mystérieux. L'équipe de soldats arrive donc sur place pour trouver une base vide, avec des environnements aseptisés qui sentent bon le plastique pas cher, voire le carton, mais tombent rapidement sur des employés transformés en démons, avec le visage bleu (maquillé à la va-vite) qui se comportent davantage en zombies, dévorant leurs victimes, mais de façon assez civilisée, évitant de tomber dans le gore à outrance (car tout le monde sait que la franchise Doom est très sage à ce niveau-là). S'en suivent diverses péripéties inintéressantes dans les locaux de l'UAC, des clins d'œil forcés aux jeux dont il s'inspire (avec encore un Dr. Carmack et une séquence nanardesque autour du BFG 9000), pour finir sur un cliffhanger ridicule, au cas où quelqu'un d'assez masochiste voudrait produire une suite.
Dire que Doom: Annihilation est un mauvais film serait un euphémisme. Absolument rien ne va dans ce film, qui joue avec la santé mentale du spectateur pendant un peu plus de 1h30. Le lien avec les jeux est là, mais jamais poussé, il est question de Marines sur une base martienne affrontant un seul démon (qui ne ressemble à rien) pendant la majeure partie du film, enchaînant les séquences d'action mal filmées et mal montées et les moments plus calmes avec des dialogues inintéressants, portés par des acteurs qui sont juste là pour pouvoir payer leurs factures à la fin du mois. Mention spéciale à Amy Manson (Merida dans la série Once Upon A Time), incarnant ici le personnage principal du film Joan Dark (sans doute un jeu de mots foireux, une version gothique de Jeanne d'Arc, nommée Joan of Arc en anglais ?), qui n'exprime aucune émotion pendant tout le long-métrage.
Mauvais film d'action, Doom: Annihilation est également un mauvais film d'horreur, qui n'arrive jamais à faire peur, malgré la présence de quelques tentatives de jump scares ratés, et ne tombe jamais dans le gore, ce qui aurait pu lui donner un quelconque intérêt pour une tranche réduite de spectateurs. Ici, la principale menace (le démon) est montrée en plan moyen très rapidement, faisait disparaître le mystère de la menace, avec son désastreux costume en latex. Le budget est évidemment au rabais, avec des bruitages kitsch, des costumes génériques, des armes visiblement conçues avec des imprimantes 3D et un éclairage et des cadres très banals, ne respectant parfois même pas les règles de base du cinéma. Sans parler de la musique, qui oublie les gros sons de Metal industriel pour nous proposer des pistes Heavy Metal génériques, une énième déception.
Et pourtant, nous nous sommes surpris à avoir un soupçon d'espoir à un moment du film, proposant un décor certes directement inspiré des jeux (surtout du DOOM de 2016), mais crédible et avec la possibilité de, peut-être, avoir une vraie séquence d'action intense. Où Joan Dark deviendrait une vraie Doom Slayer, avec du gore, des démons démembrés et explosés à coup de fusil à pompe ? Mais non (il n'y a même pas un seul shotgun dans le film), tout cela arrive trop tard et est vide désamorcé sans intensité par une nouvelle scène d'action mal filmée, avec des effets spéciaux numériques ratés, avant de laisser place à une ultime séquence et au générique de fin, qui fait quand même un bien fou.
Une référence dans le genre du mauvais film
Alors, Doom: Annihilation est-elle la pire adaptation d'un jeu vidéo en film ? Eh bien oui, sans doute. De mauvais films tirés de jeux, il y en a beaucoup, mais la plupart arrivent quand même à proposer des choses intéressantes, des références pas trop appuyées aux œuvres vidéoludiques ou de petites trouvailles de mises en scène. Et s'ils n'y arrivent pas, eh bien, ils tombent alors dans la case du nanar, et le visionnage devient alors drôle (oui, House of the Dead est à mourir de rire lorsqu'il est vu au second degré).
Mais non, ici, Doom: Annihilation n'a rien pour lui, c'est 1h36 de souffrance pour les fans de la franchise, il se retrouve au même niveau que Far Cry ou Alone in the Dark (tout deux réalisés par Uwe Boll, comme House of the Dead d'ailleurs), qui se battent pour avoir la première place du pire. Alors, faites vous plaisir, évitez de regarder Doom: Annihilation et réservez votre temps pour refaire quelques niveaux de DOOM en attendant la sortie de DOOM Eternal. Ou au pire, revoyez le Doom d' Andrzej Bartkowiak, il n'était finalement pas si mal.
Note : 0,5 étoile sur 5