CRITIQUE de Détective Pikachu : l’adaptation « à l’américaine » dont nous pouvions rêver
par Audrey O.Si le projet semblait totalement délirant, force est de constater que Détective Pikachu est un film très réussi. La principale raison à cela, c’est qu’il épouse totalement son concept déluré.
Un choix judicieux d’adaptation
Tim Goodman est un jeune homme qui, enfant, rêvait de devenir dresseur de Pokémon. Mais la vie s’est mêlée de ses rêves, et Tim est finalement devenu un agent d’assurance solitaire, au point qu’il ne possède même pas de Pokémon à lui. Un jour, il reçoit un appel venant de Ryme City, une ville où les hommes et les Pokémons vivent en paix, et où son père travaille dans la police. Ce dernier est déclaré mort dans un mystérieux accident de voiture. Tim décide de se rendre sur place, et découvre dans son appartement un Pikachu qui parle la même langue que lui. Il s’agit du Pokémon de son père, qui est persuadé qu’il n’est pas mort...
Détective Pikachu est une excellente surprise.
Film américano-japonais de Rob Letterman, notamment à l’origine de l’adaptation au cinéma de Chair de poule, Détective Pikachu est le tout premier film Pokémon à mélanger prises de vues réelles et images de synthèse. C’est également la première incursion concrète du cinéma américain sur ce terrain. En effet, Pokémon étant une marque nippone, ce sont des films d’animation japonais qui mettaient en avant les monstres de poche jusque-là.
À l’heure où la bande-annonce de Sonic fait frémir le monde entier, il y avait des raisons de s’inquiéter d’une adaptation live de Pokémon. Heureusement, Détective Pikachu est une excellente surprise, et ce à quasiment tous les niveaux. La première bonne idée du film est d’adapter non pas l’intrigue basique du jeune dresseur de Pokémon qui part à l’assaut des arènes, mais de prendre pour base le jeu d’enquête Détective Pikachu, déjà fort décalé des « jeux de base » de la franchise. Avoir un Pikachu parlant ne sort pas de nulle part, puisque c’est déjà le cas dans le titre sorti sur Nintendo 3DS.
Si les joueurs qui ont pu y jouer retrouvent leurs marques, le film n’est pas une adaptation stricto sensu du scénario du jeu. C’est encore un bon point, car cela permet de réserver quelques surprises, même aux connaisseurs. Le long-métrage propose une enquête, avec la construction progressive de la relation entre Tim et Pikachu, un duo résolument attachant. Le casting, qui compte notamment l’excellent Bill Nighty, mais également Ken Watanabe pour la touche nippone, n’est pas non plus en reste.
PikaPool
Mais, bien évidemment, impossible d’évoquer les bonnes idées du film sans parler de la présence de Ryan Reynolds. L’acteur, qui incarne déjà Deadpool dans les films éponymes, prête également sa voix à Pikachu dans ce métrage. Le résultat est sensationnel : l’acteur canadien sait décidément tout faire, et chacune de ses répliques confirme à quel point il s’est éclaté dans cette expérience.
Un Pikachu absolument adorable.
Le résultat, c’est un Pikachu absolument adorable, qui n’hésite pas à glisser quelques petits sous-entendus salaces dans certaines répliques. Mais rien de vulgaire, évidemment : tout est dans la double lecture, la subtilité, pour ne pas choquer les enfants, mais pour faire rire les parents. Parents qui, fort probablement, jouaient ou jouent encore aux jeux Pokémon.
C’est d’ailleurs l’un des autres points positifs du film : mettre en avant beaucoup de Pokémon parmi les 150 premiers. Certes, le film présente aussi des créatures plus récentes, mais les grands classiques sont valorisés. L’idée derrière ce choix est évidente : faire vibrer la corde nostalgique du spectateur trentenaire. Même si vous n’avez pas touché à un jeu Pokémon depuis 20 ans, vous aurez de quoi vous délecter. D’autant que, autre réussite, les images de synthèse et le design des Pocket Monsters s’avèrent parfaitement réussis.
Y a des défauts, quand même ?
Ce déluge d’éloges peut-il être contrebalancé par des points négatifs ? Aucun film n’est parfait, et Détective Pikachu ne fait pas exception. L’un des points noirs du film est assurément son intrigue trop simpliste, avec des ficelles énormes et des deus ex machina destinés à faire avancer le scénario coûte que coûte, quitte à perdre un peu de crédibilité au passage. C’est là que le film dévoile sa plus grosse faiblesse : celle de tout miser sur un scénario enfantin et sur quelques scènes amusantes façon fan service. Certes, le film vise le jeune public, mais les fans de la première heure auront peut-être un peu l’impression d’être pris pour des jambons.
Heureusement, l’ensemble des qualités font de ce défaut, qui pourrait s’avérer majeur pour bien des films, une petite entorse dont il est finalement facile de passer outre. Parce que les Pokémon sont dépeints d’une manière originale, le monde proposé est plutôt cohérent et il est facile d’adhérer à cette bonne dose de nostalgie, respectueuse du matériau de base. À défaut de valider totalement l’histoire, l’univers s’impose de son côté comme une véritable invitation à se plonger dans Ryme City.
Certes, Détective Pikachu est là pour remettre la tendance Pokémon au goût du jour et continuer d’alimenter les caisses de la franchise. Mais il est agréable de constater que la démarche vise à proposer autre chose qu’un pur produit marketing. Il n’y a donc aucune raison de bouder son plaisir, même s’il s’avère peut-être un peu coupable !
Note : 5 étoiles sur 5