CRITIQUE de Dragon Ball Super: Super Hero, la CGI est une mauvaise idée (sans spoil)
par Martial DucheminNous avons vu le nouveau long-métrage de la Toei, il est temps de vous livrer nos impressions…
Dur d’accrocher
Dragon Ball Super: Super Hero est le nouveau film de la Toei Animation qui est actuellement projeté dans les salles obscures nippones. Nous sommes (aussi) au Japon, et nous avons eu la chance de nous poser dans un cinéma pour visionner cette nouvelle aventure, afin de vous livrer nos impressions. En communiquant sur ce film, la firme mettait souvent en avant le nouveau rendu tout en CGI (3D), qui faisait grincer les dents de quelques fans. Finalement, de quoi émoustiller les pupilles ? L’histoire est-elle prenante ? Il est temps de répondre à ces questions, sans vous spoiler bien évidemment.
Nous avons eu l’impression de regarder une énorme cinématique de 1h40.
Soyons francs dès le départ, non, la partie visuelle n’arrive pas à convaincre. La raison ? Tout n’est pas tout beau, tout rose, et les plans sont inégaux. Ainsi, nous nous retrouvons avec des personnages super bien modélisés et colorés, qui amusent gentiment la rétine et qui sont exhibés dans un décor digne d’un jeu PS3/Xbox 360, avec des textures plates, sans vie et sans détail. D’autres séquences montrent aussi des protagonistes mal réalisés qui choquent à l’image. Pour faire simple, un coup c’est classe, un coup c’est catastrophique. Pour mieux résumer tout cela, nous avons eu l’impression de regarder une énorme cinématique de 1h40.
Autre point, de l’aliasing (effet d’escalier sur les contours) est visible, et nous avons repéré des bugs visuels, comme la partie d’un corps s’enfonçant dans une paroi. Le problème de ce genre de défaut, c’est que nous sortons totalement du film, et c’est vraiment dommage. En outre, le nombre d’images par seconde n’est pas constant, les mouvements sont saccadés, voir risibles selon la séquence. Un brin de positif quand même ? La 3D permet d’avoir une caméra dynamique et nerveuse pendant les affrontements. Les combats sont alors survoltés et les effets de lumière nous mettent des claques en pleine face pour nous faire monter les poils ; surtout pendant les énormes offensives. Durant certains assauts, le souffle est coupé, le spectateur s’accroche à son siège pour prendre son pied.
Du côté de la bande-son, nous avons des tonalités qui ne font pas vraiment « Dragon Ball ». Les mélopées sont dans des styles électriques, avec des notes très super-héros. Pas de quoi faire plaisir aux esgourdes ? Sincèrement, c’est très agréable. Les quelques musiques que nous avons perçues collent parfaitement avec l’action à l’image. C’est différent, c’est nouveau, c’est frais, ça change et ça passe ! Concernant le doublage, nous sentons que Masako Nozawa, prêtant sa voix à Gohan, arrive à ses limites et manque de peps dans les hurlements par moment. Son jeu est bon globalement, mais rappelons que cette légende a tout de même 85 ans ; oui, oui, vous avez bien lu. Toshio Furukawa (Piccolo), lui, donne tout ce qu’il a pour nous exploser les tympans. Son timbre est toujours aussi incroyable, nos oreilles ont adoré.
Les enfants d’abord
Et le scénario dans tout cela ? Eh bien, l’histoire est bien pensée et très bien ficelée. Il y a de l’émotion, des séquences surprenantes, des rebondissements, des phases explosives, dans l’ensemble, c’est plaisant à suivre ; même si la CGI nous sort de la trame de temps à autre. Nous avons apprécié l’évolution des personnages, et l’humour Dragonballesque est omniprésent. Le souci vient principalement du dénouement qui n’a aucun sens avec ce qui a été exhibé juste avant. La Toei s'appuie sur un moment culte des années 90 pour essayer de convaincre l’aficionado d’antan. Du fan service poussé à l’extrême en somme. Et sincèrement, mis à part un placement de produit furtif pour de futurs joujoux, nous avons eu du mal à comprendre le choix de cette ultime séquence.
C’est dommage, car il y a de bonnes idées, de l’inédit, et les concepteurs ont pris certains risques. Mais, entre la 3D rigide, des moments inutiles et un final peu convaincant, il est difficile de dire que ce nouveau film est un bon Dragon Ball. De plus, l’univers coloré et simpliste n’est clairement pas à destination des adultes et adolescents. Dragon Ball Super: Super Hero a été conçu pour satisfaire un autre public, bien précis, les tout petits enfants. Et c’est plutôt malin, puisque les parents qui ont grandi avec l’œuvre de Toriyama se rendent alors dans un cinéma avec leurs bambins qui passeront outre l’esthétique fade et l’aspect fan service (sur)exploité à mauvais escient.
Note : 2,5 sur 5
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Critique initialement publiée le 13 Juin 2022.