Le second volet du diptyque moderne Ça ne fait pas évoluer le genre horrifique, mais reste tout de même efficace.
I Love Derry <3
Ça terrifie les gens depuis maintenant plus de 30 ans. Clown tueur d'enfants sortis de l'imagination de Stephen King, Ça a déjà eu droit à une adaptation télévisuelle en 1990, une œuvre en deux parties qui vaut encore aujourd'hui le coup d'œil, ne serait-ce que pour la prestation de Tim Curry en Pennywise (ou Grippe-Sou en version française). Mais Warner Bros. a eu l'idée de ressortir le clown danseur de ses cartons en 2017 avec Ça, un film d'horreur pas vraiment effrayant, mais tout de même efficace, proposant une ambiance assez malsaine. Mais le Club des Losers n'en a pas fini avec Ça, et 27 ans plus tard (ou deux ans, dans le contexte des sorties en salles), le clown est revenu, il est temps de reformer le Club.
Avec 2h49 au compteur, Ça, Chapitre II souffre de quelques longueurs.
Ça, Chapitre II se déroule donc de longues années après le premier volet, alors que les enfants ont bien grandi. Chacun a évolué à sa manière, mais a gardé son caractère, que ce soit Richie le blagueur ou Eddie l'hypocondriaque, et si certains ont changé (adieu le ventre gras ou le bégaiement), le Club des Losers se reconnaît facilement, ce qui n'a pas empêché le réalisateur Andy Muschietti de tourner des flash-back un peu lourds tout au long du film, surtout au début. Et il faut bien l'avouer, avec 2h49 au compteur, Ça, Chapitre II souffre de quelques longueurs, la faute à des visions du passé pas forcément inutiles, mais surtout à une construction du script prévisible qui ne laisse pas vraiment place à la surprise scénaristique pendant une bonne partie du long-métrage.
Une histoire pas vraiment passionnante, surtout si vous connaissez l'œuvre de base ou le téléfilm de 1990 de Tommy Lee Wallace, qui reste tout de même assez efficace. Si la surprise n'est pas au rendez-vous, le spectateur reste tout le même le derrière vissé dans son siège pendant la durée du film, grâce à une interprétation solide et surtout quelques scènes marquantes.
Ça ne fait pas vraiment peur
Le film s'ouvre d'ailleurs sur une séquence terriblement réaliste, montrant une scène coup de poing bien loin des cabrioles de Pennywise (avec un célèbre Canadien au casting), afin d'encrer le récit dans la triste réalité de notre monde. Car Ça, Chapitre II n'est pas tendre, il est évidemment déconseillé aux enfants, ces derniers souffrent particulièrement dans le film lorsqu'ils rencontrent Pennywise. Longtemps un tabou au cinéma, l'image de l'enfant mort est bien présente dans cette adaptation, de quoi déranger les plus sensibles à ce genre d'images. Tout au long du récit, Ça, Chapitre II joue avec certaines phobies bien réelles, comme la peur du noir, de l'enfermement, des araignées ou tout simplement des clowns (ça s'appelle la coulrophobie).
Andy Muschietti et la Warner Bros. ont mis les bouchées doubles en matière de jump scare.
Eh oui, Bill Skarsgård livre encore une fois une interprétation de Pennywise très effrayante, et sans utiliser d'effets spéciaux numériques, il arrive à terrifier le spectateur grâce à son sourire déformé et son œil qui part de travers. Malgré un maquillage parfois trop propre, le clown danseur est assurément fantastique et malsain, difficile de le regarder droit dans les yeux sans être répugné, surtout lorsque la scène inclut des enfants. Mais c'est surtout sans maquillage sur le visage que Bill Skarsgård arrive le plus à traumatiser le spectateur, grâce à un jeu d'acteur hanté particulièrement jouissif.
Le Suédois n'est cependant pas la star de Ça, Chapitre II, il se fait voler la vedette par un couple d'acteurs déjà connus, à savoir James McAvoy (Bill) et Jessica Chastain (Beverly), qui livrent ici une prestation très réussie, surtout pour un film d'horreur où il n'est pas souvent commun de réussir à sortir du lot. Et de manière générale, le Club des Losers (avec Bill Hader, Jay Ryan, James Ransome, Andy Bean et Isaiah Mustafa) est touchant de sincérité, même à l'âge adulte, car hanté par ce qu'ils ont tous vécu il y a 27 ans, sans tomber dans le cliché de l'affrontement de ses peurs ou la quête identitaire.
Mais s'il y a bien une chose à reprocher à Ça, Chapitre II, c'est sa mise en scène très prévisible, un problème légion dans le genre de l'horreur. D'ailleurs, s'il y avait bien un reproche à faire au Ça de 2017, c'est qu'il ne faisait pas peur, mais proposait une ambiance dérangeante, chose un peu moins présente ici. Sans doute à cause des retours du précédent volet, Andy Muschietti et la Warner Bros. ont mis les bouchées doubles en matière de jump scare, ces fameux moments où quelque chose de brusque apparaît à l'écran, accompagné d'un son fort, à réveiller un mort. Nous l'avons déjà dit, la structure scénaristique du film est prévisible, et prétexte à caler un jump scare pendant de nombreuses séquences, ce qui est vite fatiguant, et qui fait perdre surtout son intérêt au procédé. Comme la recette est simple (installer une ambiance, faire monter la pression et lâcher le screamer), le réalisateur s'amuse en la tordant un peu et en calmant la situation avant le jump scare, mais pas de quoi révolutionner le genre. Les amateurs de ce style de réalisation y trouveront leur plaisir, mais pour une vraie tension malsaine, il faut se contenter de peu. Reste des plans de caméra plutôt bien pensés, qui jouent sur la profondeur de champ et les regards des acteurs, du vu et revu dans les films d'horreur, mais si c'est efficace, pourquoi s'en priver ?
Il est clair que Ça, Chapitre II ne marquera pas le genre de l'horreur. Il reste un film à jump scare plutôt plaisant à regarder malgré ses longueurs, grâce à une interprétation de qualité et quelques séquences qui fonctionnent. Un film à voir avec du pop-corn, dans le noir, une fois, mais pas deux.
Note : 3,5 étoiles sur 5