Natasha Romanoff a droit à son propre film d'action et d'espionnage, pour un résultat trop classique, loin des autres épisodes du MCU.
Le Marvel Cinematic Universe avait clôturé sa Phase III avec Spider-Man: Far From Home, mais surtout avec le dantesque Avengers: Endgame, marquant la fin de l'arc des Pierres d'Infinité et de Thanos. Une conclusion épique qui termine une histoire commencée plus de 10 ans auparavant, mais le MCU est loin d'être fini, la Phase IV est prévue depuis un moment et le premier film est Black Widow, centré sur le personnage de Natasha Romanoff.
Le contexte sanitaire a lui aussi renforcé la hype, les fans ont été privés de films Marvel en 2020 et doivent se contenter de séries sur Disney+ (WandaVision, Falcon et le Soldat de l'Hiver, Loki), autant dire que la sortie au cinéma de Black Widow était attendue par des millions de spectateurs, mais ce nouveau film est loin d'être le nouveau fer de lance du MCU dans les salles obscures. Place à notre critique, évidemment sans spoilers.
Black Widow ne marquera pas la saga et est loin d'être un gros argument pour relancer une nouvelle phase.
Black Widow prend place après Captain America: Civil War, alors que les Avengers ont implosé et que certains super-héros font désormais bande à part. Natasha Romanoff (Scarlett Johansson) fait bien malgré elle la rencontre de Taskmaster, ce qui va l'emmener à se replonger dans son ancienne vie de Veuve noire : une assassin parfaitement entraînée dans la Chambre rouge en Russie afin d'effectuer des opérations d'espionnage contre le S.H.I.E.L.D.. Pas besoin d'en savoir davantage pour comprendre que le scénario de Black Widow n'arrivera jamais à surprendre au fil des 2h10 du film, nous avons là un film d'action et d'espionnage très classique, puisant ses idées chez James Bond et Jason Bourne, mais sans le même talent d'écriture. Le long-métrage place la famille au centre de l'histoire, et malgré des acteurs plutôt sympathiques (Rachel Weisz, David Harbour, Florence Pugh), la recette ne fonctionne que moyennement. Natasha est loin d'être l'héroïne de ce long-métrage, le reste de la famille est tout aussi présent qu'elle et nous aurions presque voulu voir un film complet sur le Red Guardian, qui arrive parfois à toucher le spectateur, mais le scénario n'exploite pas suffisamment ce personnage.
Autre point qui déçoit, il est évident que le film tente de montrer des femmes fortes s'opposant à la mainmise qu'ont certains hommes sur elles, mais malgré quelques scènes pleines de sororité (moins forcé que dans Avengers: Endgame, ouf !), cela ne fonctionne encore une fois que moyennement, et c'est bien dommage, car l'idée pouvait parfaitement coller à un long-métrage comme celui-ci. Cependant, Black Widow arrive à explorer des thèmes plus sensibles lors de certaines scènes, des sujets terre à terre et réalistes, ce qui change quand même pas mal des autres films du MCU. D'ailleurs, ce sont bien les scènes calmes qui sont les plus intéressantes ici, la réalisatrice Cate Shortland est une habituée des réalisations intimistes et propose des séquences de dialogues efficaces, mais bien trop rares au final.
Car Black Widow a un cahier des charges à respecter, et comme tout bon film du Marvel Cinematic Univers, il lorgne très souvent vers l'action et l'humour, un peu trop parfois. Pour le coup, difficile de critiquer le film sur ce point, le MCU est un parfait mélange de ces deux genres depuis ses débuts, Disney n'a pas lésiné sur le budget (200 millions de dollars tout de même !), les effets spéciaux en mettent plein la vue et même les combats évitent le piège du montage épileptique. La mise en scène des affrontements s'inspire là encore des Jason Bourne de Doug Liman puis Paul Greengrass, avec des mouvements rapides, des coups puissants et impactant, des gros plans, mais l'ensemble est suffisamment bien fait pour éviter le mal de crâne, même si au final, les scènes restent très classiques et peu originales dans l'ensemble. Le tout est porté par des compositions musicales d'Alexandre Desplat, bien moins inspiré que pour The Budapest Hotel ou La Forme de l'eau, peu de chance d'Oscar ici, mais les titres accompagnent plutôt bien les scènes pour plonger le spectateur dans l'ambiance.
Pour une reprise du Marvel Cinematic Universe, Black Widow a un peu de quoi décevoir. Le film est loin d'être mauvais, il porte des sujets intéressants avec un casting de qualité, mais n'arrive jamais à parfaitement exploiter cela pour proposer un spectacle marquant. Les scènes d'action sont très banales, il est clair que Cate Shortland ne fait que suivre les directives de production sans apporter sa patte, et de toute façon, elle n'a pas l'air à l'aise dans cet univers. La réalisatrice apporte quand même son savoir-faire dans les moments d’accalmie avec des scènes intimistes autour de la famille, chose rare dans le MCU et qui apporte un petit vent de fraîcheur. Mais une fois le générique défilant sur l'écran, le spectateur quitte son siège avec un sentiment d'insatisfaction, Black Widow ne marquera pas la saga et est loin d'être un gros argument pour relancer une nouvelle phase après l'épique final d'Avengers: Engame. Bien évidemment, il y a à la toute fin une scène post-générique, pas question de perdre les bonnes habitudes, mais désormais, les fans attendent surtout des films comme Les Éternels, Spider-Man: No Way Home, Thor: Love and Thunder ou Doctor Strange in the Multiverse of Madness pour vibrer de nouveau.
Note : 2,5 étoiles sur 5
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Clint008 Rédacteur - Testeur |