CRITIQUE de Black Adam : tout un ramdam pour très peu d'âme
par Auxance M.Dwayne Johnson a enfin rejoint l'univers cinématographique DC. Mais son super-héros vendu comme un presque super-vilain ne va pas renouveler le genre.
Quand Dwayne Johnson aka The Rock débarque dans le monde des super-héros, c'est forcément un évènement. L'acteur ultra bankable incarne ainsi Black Adam, alter ego maléfique de Shazam (avec qui il partage des pouvoirs communs) à l'alignement moral qui flirte aussi souvent vers le bien que le mal, et qui a connu des querelles répétées avec Superman dans les comics. Ce presque super-vilain réussit-il à renouveler le genre au cinéma ? Pas si sûr.
Le long-métrage n'a pas vraiment d'originalité par rapport à d'autres origin story du genre.
Black Adam nous compte ainsi l'histoire de Teth-Adam, un humain né durant l'Antiquité à Kahndaq, province fictive de l'Égypte Antique. Face à une dictature oppressante recherchant des pierres d'Eternium pour reformer la maléfique Couronne de Sabbac, il va se rebeller et obtenir les pouvoirs du Sorcier Shazam pour libérer son peuple, ce qui l'amènera à se sacrifier pour que l'artefact façonné puisse être caché. De nos jours, Kahndaq est sous l'oppression de l'Intergang, une milice qui veut piller les ressources du pays et retrouver la couronne, et une certaine Adrianna et son entourage vont réveiller par hasard Teth-Adam en tentant de contrecarrer leurs plans. Ce colosse à l'énergie démesurée va vite attirer la défiance de la Justice Society of America, une bande composée de Hawkman, Atom Smasher, Cyclone et Doctor Fate.
Malgré ses apparences de film sur un anti-héros, Black Adam n'a jamais réussi à nous faire douter de la bonté de son protagoniste. D'abord présenté comme un sauveur avant de voir son statut remis en question, il n'est violent et létal qu'avec les personnages les plus antipathiques du film et se montre rarement plus inquiétant que les interventionnistes américains de la JSA aux méthodes et actes peu réfléchis. À tel point que, à part la mise en scène d'un héros bourrin forcément en décalage avec son temps pour des blagues éculées, dans des décors arabiques peu communs dans ce genre de production (aux accents cyberpunk qui auraient gagné à être bien plus poussés), le long-métrage n'a pas vraiment d'originalité par rapport à d'autres origin story du genre.
Toute son esthétique peine d'ailleurs à surprendre, entre des paysages désertiques où nous avons déjà vu The Rock dans Le Roi Scorpion, le fils d'Adrianna plus tête à claques que beaucoup d'adolescent des films des années 90, des super-héros dont nous avons déjà vu les sosies et les pouvoirs sur grand écran via Falcon, Ant-Man, Tornade et Doctor Strange, de courts passages d'aventure à la Tomb Raider, des passages sur des musiques surentendues et des bagarres musclées autour des pouvoirs classiques du héros. Et ce n'est pas l'ambiance musicale et le casting sans saveurs qui vont marquer nos esprits, au contraire de quelques vannes plutôt sympas.
Les combats restent impressionnants, la force, la rapidité et la violence de Black Adam donnant lieu à plusieurs scènes d'action marquantes, abusant des ralentis et des images de synthèse pour des plans qui devraient plaire aux amateurs de genre, mais en fatiguer d'autres. Le montage frénétique à lui aussi tendance à user, des courses-poursuites ou des bastons enchaînant trop souvent les plans d'à peine une seconde. Au moins, Black Adam a l'avantage d'être un film dynamique et rythmé, dont l'action resserrée dans l'espace et dans le temps offre un spectacle presque sans pause.
Alors non, difficile de sortir de Black Adam avec l'impression d'avoir vu quelque chose de nouveau par rapport aux films de super-héros (et d'autres genres) des deux dernières décennies. L'anti-héros porté par Dwayne Johnson est pour le moment trop ancré dans les carcans des héros traditionnels et la production se repose sur ses scènes d'action numériques, ses références à l'univers DC pour un effet waouh sans utilité directe pour le film et des codes cinématographiques traditionnels pour proposer un blockbuster efficace, mais pas aussi disruptif qu'elle le voudrait.
Note : 2 sur 5
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