CRITIQUE Avalonia, l'étrange voyage : un film d'animation anecdotique qui ne méritait peut-être pas mieux que Disney+
par Auxance M.Une fois encore, Disney nous propose un nouveau film d'animation original en exclusivité sur Disney+ en France. Une sortie limitée qui ne devrait pas aider à populariser cette production qui manque d'atout pour rester dans les mémoires.
Comme Raya et le dernier dragon, Avalonia, l'étrange voyage sort directement sur Disney+ en France alors qu'il a été diffusé au cinéma aux États-Unis. Cette fois, ce n'est cependant pas la crise sanitaire qui est la raison de cette stratégie commerciale, mais la chronologie des médias, Disney préférant zapper la diffusion en salles par chez nous plutôt qu'attendre de trop longs mois pour le proposer en SVOD. Ce long-métrage réalisé par Don Hall (Raya et le dernier dragon, Vaiana : La Légende du bout du monde, Les Nouveaux Héros) vaut-il au moins le détour ?
Un film familial, qui se regarde tranquillement à Noël sur l'écran de son domicile en streaming.
Avalonia, c'est le nom de ce monde mystérieux où vit notre héros, Searcher Clade. Son père, Jaeger Clade, a disparu il y a des années après s'être aventuré en solitaire à travers les montagnes insurmontables qui entourent la vallée isolée, afin de découvrir les secrets qui se cachent au-delà. Searcher a lui préféré ne pas le suivre, afin d'exploiter le Pando, une plante riche en ressources qui pourrait aider sa communauté à survivre. Mais alors que le végétal semble touché par un mal venu des tréfonds de la terre, il va devoir s'aventurer dans ses profondeurs inconnues avec la leader des siens, son ancienne amie exploratrice Callisto, ainsi qu'Ethan, son fils, et Meridian, sa femme, qui l'ont suivi malgré lui.
Sur le fond, c'est un périple bien traditionnel que nous propose ce 61e « classique d'animation de Disney ». L'exploration de ce monde souterrain à la Jules Verne, dont la direction artistique colorée et surprenante n'est pas sans rappeler les univers générés procéduralement de No Man's Sky, n'a rien de très original ni de spécialement grisant, même si l'esthétique entre le cinéma de science-fiction low cost des années 50 et le comics pulp fait plaisir à voir. Il en va de même des ressorts humoristiques réchauffés (punchlines en situation de crise, chien à 3 pattes amusant, être humanoïde rigolo à la voix tout droit sortie d'Animal Crossing) ou du énième discours sur l'acceptation de soi et des siens.
La réflexion sur l'éducation paternelle, à travers un personnage perdu entre l'animosité envers son père qui l'a presque abandonné et son désir profond de ne pas reproduire ses erreurs sur son fils, offre cependant un regard qui diffère un peu par rapport aux autres aventures centrées sur des adolescents. La relation homosexuelle dépeinte dans le film d'animation, la plus mise en valeur dans une production Disney, a elle a le mérite de banaliser la chose sans pour autant en faire un arc intéressant. Le schéma narratif global reste sans grande surprise malgré son rythme dynamique et ses scènes d'action régulières, si ce n'est par son approche écologique, tardive, mais appréciable, sans aller jusqu'à secouer les consciences non plus.
Ponctuellement drôle sans jamais être hilarant, touchant sans être poignant, léché sans être sublime, Avalonia, l'étrange voyage n'arrive jamais à dépasser ce qu'il est : un film familial, qui se regarde tranquillement à Noël sur l'écran de son domicile en streaming, et qui ne restera pas dans les annales, faute de passages ou de personnages mémorables. Ne pas pouvoir le voir en salles n'aidera dans tous les cas pas à le marquer au fer rouge dans nos esprits. Il serait peut-être temps pour Disney de changer d'architecture narrative, de technologie 3D ou de tonalité dans les dialogues pour enfin proposer quelque chose de vraiment nouveau.
Note : 2,5 étoiles sur 5
Avalonia, l'étrange voyage est disponible dès maintenant sur Disney+ : vous pouvez vous abonner au service pour 8,99 € par mois ou 89,99 € par an.