Bloodborne : Une nouvelle virée en enfer, concoctée par From Software.
Bloodborne... L'évocation de ce nom résonne sans doute comme un cauchemar dans l'esprit de certains joueurs, ceux qui ont osé se plonger dans cette pépite noire de From Software, exclusive à la PlayStation 4. La simulation de torture ultime, guidée par cette impression que les développeurs nous veulent du mal à chaque seconde, est autant une mine d'exultation au moment des rares réussites, que de frustration mentale extrême à mesure que les échecs répétés s'amoncellent. Et From Software n'avait pas assez d'un titre pour nous en faire baver : voici donc The Old Hunters, première et seule extension de Bloodborne, grand moment de cette année 2015.
Ne rêvez pas trop fort et serrez les dents.
Sans surprise, The Old Hunters n'est pas donné à tout le monde : il y a quelques prérequis pour accéder au Cauchemar du Chasseur, miroir horrible du Rêve du Chasseur, le hub par où tout passe. Parce que tout a un coût dans Bloodborne, encore et toujours. Les premières minutes dans la nouvelle zone rappellent certains environnements de l'aventure principale. Logique, il y a un point de départ analogue. Puis le DLC nous emmène vers d'autres cieux, ou plutôt vers d'autres enfers avec toujours ce level design à nul autre pareil, travaillé sur la forme (la direction artistique phénoménale) que sur le fond (les labyrinthes recélant de passages secrets). Il suffit de voir le Laboratoire, ses escaliers façon Harry Potter et ses étages alambiqués à n'en plus finir pour s'en convaincre. Bien sûr, From Software a criblé les environnements de nombreux pièges, de fausses échappatoires. N'espérez pas un voyage tranquille, malgré des habitudes induites de plusieurs dizaines heures de jeu auparavant.
Car The Old Hunters se situe dans la droite lignée de Bloodborne, avec un challenge incessant et qui pardonne rarement la moindre erreur. C'est d'autant plus vrai que les Chasseurs, qu'ils soient maudits ou non, peuplent beaucoup plus les décors. Ils offrent des face-à-face difficiles, mais ce n'est rien face aux boss qui vous attendent (ils se comptent sur les doigts d'une main). Le premier d'entre eux donne directement le ton. Et que dire du dernier... Alors, bien sûr, il y a une dizaine d'armes inédites (quelques redondances quand même), dont un arc/épée autorisant de vraies attaques à distance. La variété est là, permettant aux courageux de trouver leur voie. Que dire, aussi, des collectibles mystérieux, apportant toujours plus de ciment à cette narration sage, mais terriblement enivrante. Les PNJ inquiétants, parfois donneurs de quêtes annexes, croisent notre route et plongent dans le doute. Comme si le reste ne suffisait pas.
Alors la question que tout le monde se pose sur cette nouvelle virée cauchemardesque concerne la durée de vie, difficilement quantifiable, car dépendant du niveau de chacun. Le piège du contenu additionnel facile et opportuniste n'a pas touché Bloodborne. Car rien n'atteint Bloodborne et sa grâce, aussi cradingue soit-elle. Rassurez-vous, The Old Hunters vaut clairement l'argent nécessaire pour se l'offrir. Ne serait-ce que pour le défi immense, imposé par les patterns à réapprendre. Surtout, les amateurs d'exploration trouveront là une porte ouverte pour se perdre, peut-être pas à jamais, à minima marqués par les trouvailles bizarroïdes de From Software. Au final, le DLC ne fait qu'assurer la continuité avec, à l'arrivée, autant de questions que de réponses. Vous êtes prévenus : ne rêvez pas trop fort et serrez les dents. Ce sera la dernière chose qu'il vous restera et à laquelle vous pourrez vous accrocher.