Le salon a fait la part belle au versus fighting et au rétro, mais a su varier les plaisirs tout au long du week-end.
Le Stunfest 2019 s'est achevé ce dimanche soir avec la finale de Dragon Ball FighterZ, et pendant plus de trois jours, le centre-ville de Rennes s'est encore une fois transformé en temple du jeu vidéo. Une 15e édition qui renoue avec le succès, car l'association 3 Hit Combo revient de loin : pas de festival en 2017, une édition 2018 en demi-teinte qui a engendré un énorme déficit, mais comme l'a expliqué Aymeric Lesné lors de la cérémonie d'ouverture, le Stunfest a reçu cette année de nombreux soutiens, notamment venant du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (S.E.L.L.) et du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), en plus des divers développeurs et éditeurs.
Alors, que retenons-nous de ce Stunfest 2019 ? Eh bien le festival a retrouvé ses bonnes habitudes, en évitant de se disperser. Outre les activités Hors les murs qui étaient organisées en ville pendant la semaine et quelques recontres ADDON destinées aux professionnels, l'évènement se concentrait au Liberté, la principale salle de spectacles de Rennes, tandis que les conférences avaient une nouvelle fois lieu à la Maison des Associations, de l'autre côté de la rue. Comme ça, pas question de se perdre en ville, la plupart des activités étaient à portée de main. Autre point fort, la volonté de 3 Hit Combo de proposer divers billets en fonction du budget et des préférences des visiteurs, avec des pass pour les familles et des billets uniquement pour le vendredi ou samedi soir, en plus des incontournables pass à la journée ou au week-end, bien évidemment. Et cela s'est ressenti dans les allées du Liberté et à L'Étage, la petite salle de concerts juste au-dessus, dans le même bâtiment. Une fréquentation qui allait de manière exponentielle jusqu'au dimanche après-midi, un public varié à toute heure de la journée et une grande salle, où se déroulaient les matchs majeurs des tournois, presque constamment remplie.
Il faut dire que pendant ces trois jours, il y avait des choses à découvrir pendant le Stunfest, avec premièrement la présence de plusieurs bornes PS4 Pro pour s'amuser sur Mortal Kombat 11 et Days Gone, mais également sur Crash Team Racing Nitro-Fueled, qui n'est pas attendu avant le mois prochain. Le soutien des éditeurs et du S.E.L.L. passe par ce genre de bornes promotionnelles, de quoi donner des envies d'achat aux visiteurs. Sauf pour Days Gone, souvent boudé par le public sur place, car il est bien difficile de se plonger dans ce genre de jeu sur un salon, contrairement à des jeux de course ou de combat en multijoueur. Autre jeu jouable qui n'est pas encore sorti, Samurai Shodown, qui a attiré un paquet de monde pendant tout le salon. SNK proposait en effet de découvrir son nouveau jeu sur des PS4 Pro et organisait même des tournois, tandis que l'association MO5.COM avait rapporté des vieilles versions de la licence, sur Neo-Geo, PSone et PS2, afin de rappeler d'où vient la série.
Du côté des activités un peu plus classiques, les bornes d'arcade étaient évidemment là, sous un chapiteau à l'extérieur, dans une bonne ambiance fin 90 / début 2000 avec la musique de l'époque et la machine à fumée. L'occasion rêvée de retrouver House of the Dead, Crazy Taxi, Galaga ou encore Street Fighter II Turbo sur des bornes de l'époque ou sur des machines plus récentes, embarquant des émulateurs. Et sans avoir à mettre de pièce dans la borne pour jouer, c'est encore plus agréable. Un autre barnum accueillait quant à lui diverses associations proposant de jouer en multijoueur local à Mart Kart 8 Deluxe, mais également à l'intégralité des Super Smash Bros., à Trakmania ou encore à Quake, le tout dans la bonne ambiance. Mais sous cette tente se trouvait surtout Dragonium, un jeu de rôle plutôt atypique, car il a été conçu pour pouvoir être joué par les sourds et les aveugles. Un titre free-to-play sur ordinateurs et mobiles à retrouver ici. Entre ces chapiteaux, la boutique de Pix'n Love, le bar et les food trucks, il y avait là encore de quoi s'amuser et s'occuper rien qu'à l'extérieur du Stunfest.
Autre détour immanquable pendant le festival rennais, les speedruns et superplays, organisés un peu partout au Liberté et à L'Étage pendant ces trois jours. Pour le coup, les amateurs de retrogaming étaient servis avec du The Legend of Zelda sur NES, Resident Evil sur PlayStation, Sonic the Hedgehog 2 sur Megadrive, mais aussi avec des jeux plus récents comme Celeste, Dying Light, Hollow Knight et surtout The Legend of Zelda: Breath of the Wild, terminé en un poil plus de 36 minutes par Zarwaldo devant une salle de L'Étage comble pour l'occasion. Et pour les plus patients, certains speedrunners ultra motivés s'étaient attaqué à des jeux de rôle, notamment KamiiNeyko qui a runné Final Fantasy X le vendredi de 11h30 à plus de minuit en No Sphere Grid, il ne fallait pas être pressé pour voir le boss de fin, mais ce genre de longplay a servi de fil rouge pendant la durée du festival. L'équipe de La Boulangerie proposait quant à elle des séances un peu moins impressionnantes, mais peut-être encore plus amusantes, dont un Bingomizer, un run interactif avec le public, sur The Legend of Zelda: Majora's Mask.
Et parce que le Stunfest, ce n’est pas seulement des jeux vidéo, les visiteurs ont pu assister pendant tout le week-end à des conférences à la Maison des Associations, l'occasion de débattre et réfléchir sur de nombreux sujets comme la narration dans les jeux de combat, la toxicité des joueurs en ligne, le jeu pour les handicapés, l'eSport, le modding ou encore l'activisme politique dans les œuvres vidéoludiques. De vastes sujets à chaque fois, avec de nombreux invités venus de la France entière. Toujours dans cette optique de proposer autre chose que du jeu pur, L'Étage accueillait le vendredi soir des playformances, où des artistes mettent en avant de diverses manières la musique d'un jeu. Notre coup de cœur de la soirée va clairement à Ludopium, un studio allemand qui présentait au Stunfest son jeu de rythme Vectronom. Pendant son set, l'équipe de développeurs était installé derrière des instruments (tapis de DDR, batterie, synthétiseur), le tout relié au jeu pour que chaque note interagisse avec le gameplay, le but étant de créer une musique électronique tout en terminant les niveaux. Et ça marche bien.
Et la musique était également à l'honneur le vendredi soir, de 21h jusqu'à 2h du matin avec quatre artistes / groupes, toujours sur la scène de L'Étage. Perturbator avait enflammé le public en 2016, Carpenter Brut et GosT ont fait de même en septembre dernier (hors Stunfest donc), les organisateurs ont donc eu du flair en faisant appel à Hollywood Burns et Master Boot Record pour animer la fin de soirée. Le premier groupe, mené par Emeric Levardon, donne dans la « Darksynth Orchestrale », avec une ambiance qui mélange de lourds sons électroniques, de gros riffs de guitare et une esthétique inspirée des films d'horreur avec des extraterrestres des années 60-70. Sur scène, c'était évidemment épique, les musiciens ont tout donné et la scénographie était totalement maîtrisée pour nous mettre dans l'ambiance. Master Boot Record avait fait de même juste avant, le groupe officie dans le Metal, le chiptune et le classique symphonique. Dit comme ça, c'est étrange, mais dès les premières notes, c'est comme si le Black Metal instrumental rencontrait Michiru Yamane et la sound chip d'une Game Boy. D'ailleurs, le groupe a à son actif des reprises bien à lui des thèmes de Castlevania justement, mais aussi Doom et Duke Nukem, en plus de nombreuses créations originales. Et si ce sont Hollywood Burns et Master Boot Record qui ont fait le plus bouger L'Étage (et abîmé quelques cervicales à force de headbanger), ils étaient quand même précédés de A-Sim, un musicien rennais qui a remplacé au pied levé Kessel avec son set de titres Electro / Ambiant (parfait pour commencer la soirée en douceur) et de Sierra, une jeune artiste parisienne qui mélange la synthwave, l'Electro et la darkwave, mais à sa façon, avec une énergie débordante derrière ses platines. La soirée des concerts était maîtrisée de A à Z pour ce Stunfest 2019, mais en même temps, c'est souvent le cas.
Avant de passer aux tournois, attardons-nous tout de même sur les nombreux jeux indépendants qui étaient présentés pendant ces trois jours au Stunfest 2019, sur une surface encore plus grande que d'habitude. L'objectif des studios présents était évidemment de séduire un maximum de joueurs / potentiels futurs acheteurs, et comme c'est un peu le thème du festival, la part belle était faite aux jeux multijoueur, coopératifs ou compétitifs, et au scoring, même si quelques OVNI ont réussi à se glisser dans le lot. C'est le cas notamment de Vectronom, encore lui, un jeu plateforme et de rythme où le joueur doit traverser des niveaux emplis de pièges en collant ses mouvements à la musique. Unruly Heroes a quant à lui charmé les fans des récents Rayman, Pawarumi poursuit la vieille tradition des shoot'em up au Stunfest, Minimal Move nous a fait nous creuser les méninges avec ses énigmes de plateforme en 3D et Sillysquad donne un petit coup de fraîcheur au genre du party brawler, les joueurs devant étourdir (stun en anglais, ça tombe bien) leurs adversaires avant de les jeter dans un piège mortel.
Et pour finir, un petit mot sur les tournois de versus fighting, parce que c'est quand même le cœur du Stunfest. Comme chaque année, Super Street Fighter II Turbo (2X pour les intimes et les pressés) était de la partie, un tournoi remporté par Zagi en solo, comme en équipe. Autre grand moment, la finale halletante de Super Smash Bros. Ultimate, où Shuton a terminé premier du classement, battant Glutonny de Solary 3 à 2. Quelques compétitions classiques avaient lieu (Street Fighter V, King of Fighters XIV, Tekken 7, SoulCalibur V, Guilty Gear Xrd Rev2), mais également des tournois sur des titres un peu moins vus et revus, comme Lethal League Blaze ou le tout récent Puyo Puyo Champions. Les visiteurs ont également pu assister à un très beau tournoi d'exhibition sur Kill la Kill the Game: IF, qui n'est pas encore disponible, mais le clou du spectacle, qui a conclu le Stunfest 2019, c'est la compétition sur Dragon Ball FighterZ. La finale opposait l'espagnol Shanks à Wawad, un jeune joueur français de 17 ans qui a finalement remporté le match, et donc le tournoi. Alors qu'il ne jouait même pas avec son stick, qui a rendu l'âme avant le début de la partie, ce qui n'aide pas pour les automatismes en général !
Cette 15e édition du Stunfest était donc maîtrisée du début à la fin, le seul couac notable, indépendant de la volonté des organisateurs, étant le food truck de galettes-saucisses absent du vendredi, mais bien là pour remplir les estomacs le reste du week-end. Entre rétrogaming, musique, tournois de versus fighting, échanges et speedruns, le Stunfest 2019 avait tout pour séduire ses visiteurs. Et c'est déjà un succès pour 3 Hit Combo, qui a déjà officialisé une 16e édition, qui se tiendra toujours à Rennes du 11 au 17 mai 2020.