Warner Bros. Games : David Zaslav veut transformer toutes ses licences en live service
par Alexandre S.Si vous préférez les expériences solos ayant une fin bien définie, les futurs titres de Warner Bros. Games ne seront sans doute pas pour vous.
Nous sommes en pleine période de bilans financiers et Warning Bros. Discovery a également fait le point cette semaine, dévoilant quelques informations concernant Warner Bros. Games. Pour commencer, les revenus engendrés par les jeux vidéo ont augmenté de manière significative grâce à la sortie de Mortal Kombat 1 et les performances continues d'Hogwarts Legacy : L'Héritage de Poudlard. Le CEO du groupe David Zaslav a déclaré lors de l'appel aux investisseurs que le jeu de NetherRealm Studios, qui vient d'accueillir Omni-Man en DLC, s'est déjà vendu à près de 3 millions d'exemplaires depuis son lancement. Il s'est aussi félicité du temps passé par les joueurs sur le jeu du Wizarding World, plus de 700 millions d'heures, revitalisant l'intérêt pour l'entièreté de la licence Harry Potter. Avec un reboot annoncé sur Max, il est certain que Warning Bros. Discovery compte capitaliser sur cet univers. En revanche, nous ne sommes pas certains qu'il ait bien compris la raison pour laquelle le jeu d'Avalanche Software a fonctionné compte tenu de ses autres déclarations.
Avant tout, il ne voit ses 11 studios de développement de jeux vidéo que comme « un atout » dans son « arsenal » pour toucher les générations Z (1996 à 2010) et Alpha (après 2010), qui selon des études préfèreraient les jeux vidéo à d'autres formes de divertissement (catégorie où il range les médias sociaux...). Ensuite, il a voulu montrer qu'il dispose de licences gaming majeures, celles valant plus d'un milliard de dollars. En plus d'Harry Potter et Mortal Kombat, il a ainsi cité DC, qui « est principalement Batman aujourd'hui », et... Game of Thrones. Quelques jeux ont évidemment vu le jour au fil des ans (Game of Thrones: A Telltale Games Series, Reigns: Game Of Thrones, Game of Thrones Au-delà du Mur), mais difficile de la ranger dans le même panier que les autres en termes d'importance dans ce domaine tant qu'aucune sortie majeure n'aura vu le jour.
Outre ces différences de perspectives sans doute dues à sa position, c'est ce que prévoit David Zaslav pour l'avenir qui fait peur. En effet, bien qu'il compte investir plus de capital et ressources dans ces licences établies et ce secteur d'activité, sa vision est donc de tout miser sur du live service pour effectuer de la rétention de joueurs et de la monétisation à outrance pour générer toujours plus de revenus... Nous sommes bien loin de l'aventure solo qu'est Hogwarts Legacy.
Notre objectif est de transformer nos plus grandes franchises, ayant une base essentiellement sur consoles et PC avec des calendriers de sortie sur trois à quatre ans, pour inclure davantage de gameplay via des live services, des extensions multiplateformes et free-to-play, dans le but de permettre à davantage de joueurs de consacrer plus de temps sur plus de plateformes. En fin de compte, nous voulons favoriser l’engagement et la monétisation sur des cycles plus longs et à des niveaux plus élevés. Nous mettons en place des moyens spécifiques. Nous sommes actuellement bien en dessous de notre potentiel et voyons une opportunité significative de générer des revenus post-achat plus importants.
La transformation a déjà débuté avec par exemple l'annonce de Harry Potter : Champions de Quidditch et surtout le Suicide Squad: Kill the Justice League de Rocksteady. Mais justement, sa présentation de février où nous avons appris qu'il s'agira d'un jeu live service en a refroidi plus d'un et, même si cela n'a pas été la raison évoquée, son report du 26 mai 2023 au 2 février 2024 a bien montré que la transition vers ce modèle économique n'est pas aussi simple que les actionnaires et dirigeants le pensent. Si un studio aussi talentueux que Rocksteady, qui a proposé la trilogie Arkham, se casse les dents là-dessus, ce n'est peut-être pas sans raison.
Plusieurs studios en ont déjà fait les frais, comme BioWare avec Anthem et Crystal Dynamics avec Marvel's Avengers, tous les deux bien vite abandonnés, car le public n'a pas suivi et le contenu promis n'a pas pu être pleinement délivré. Il semble d'ailleurs que les PlayStation Studios sont aussi en galère sur ce terrain puisque la moitié des projets live service en développement ont été reportés. Même Bungie, qui a réussi à faire de l'univers Destiny un succès, se retrouve actuellement en difficulté. Quant à Epic Games, les rentrées d'argent liées à Fortnite ne sont plus aussi importantes qu'auparavant, comme nous l'avons appris lors de l'annonce des licenciements en septembre. Tout miser sur cette tendance est donc particulièrement risqué.
En attendant de voir comment s'en sortira Warner Bros. Games à l'avenir, vous pouvez toujours vous procurer Hogwarts Legacy : L'Héritage de Poudlard dans ses versions PS5 et Xbox Series X|S, vendue 52,99 € sur Amazon (ici et là).