ANALYSE - Sans lecteur de Blu-ray UHD, la PS4 Pro ne peut pas être une vraie console 4K
par Maxime ClaudelRetour sur le bad buzz généré par une fonctionnalité bizarrement absente de la future console de Sony Interactive Entertainment.
Il fallait bien que ça arrive un jour et c'est donc durant son PlayStation Meeting de 2016 que Sony Interactive Entertainment s'est planté, après un sans-faute ayant duré environ trois ans (depuis le précédent PlayStation Meeting en réalité). Le constructeur a annoncé la PS4 Pro, une PS4 améliorée reposant sur des arguments visuels qui font rêver et se résumant à un chiffre et quelques lettres : 4K et HDR. Les jeux ne tourneront pas en 4K natif (cela nécessite encore trop de puissance) et des concessions seront obligatoires pour faire évoluer l'existant, mais la PS4 Pro promet un confort visuel décuplé à ceux qui ont investi dans un téléviseur digne de ce nom, quelle que soit sa gamme. Mais la console, qui sortira en novembre, a oublié un élément de taille pour être complète : un lecteur Blu-ray UHD.
Cette absence est déjà un contre-pied à l'histoire de PlayStation. Avant d'être une console de jeux - il faut se souvenir de son line-up de lancement -, la PlayStation 2 était un formidable lecteur DVD. À ses débuts, la PlayStation 3 était le lecteur Blu-ray le moins cher du marché (600 € contre plus de 1 000 pour les solutions dédiées). Il était beaucoup trop tôt pour l'UHD en 2013, au moment où la PlayStation 4 a démarré son cycle de vie, mais en 2016, il est temps de s'y mettre, qu'importe le côté niche du marché (le Blu-ray l'était aussi) et l'offre software aux qualités pas encore suffisantes (master pas forcément 4K, studios pas tous impliqués). Un argument corroboré par le fait que la Xbox One S, elle, lit bel et bien les films en 4K, et que les films UHD sont proposés en combo avec leur homologue Blu-ray pour une trentaine d'euros (ou comment s'équiper aujourd'hui même si c'est pour demain).
En somme, Sony Interactive Entertainment dit « venez profiter de votre télé 4K achetée des centaines d'euros avec la PS4 Pro, mais allez voir ailleurs pour lire des films dans cette résolution. » L'argument Netflix, avancé par Andrew House, ne peut pas se tenir à une époque où les connexions internet ne peuvent pas toutes autoriser le streaming à ce niveau de qualité. Une qualité qui ne peut pas se prévaloir d'un rendu équivalent à un support physique encore loin devant côté flux. À cela s'ajoutent des catalogues encore faibles - quelques séries sur Netflix - et des limitations du format (la restitution sonore, la technologie HDR). Les fervents défenseurs diront que la PS4 Pro reste une console avant tout, mais cela reste un bénéfice en moins pour les clients (la possibilité de regarder un long-métrage avec le meilleur rendu) et une opportunité en moins pour le marché de prendre son envol (cinq millions de PS4 Pro vendues, c'est autant de lecteurs UHD dans les foyers).
À l'arrivée, il suffit de lire les réactions sur Internet pour se rendre compte de l'ampleur de cette erreur. Au sortir de la conférence, tout le monde parlait de ce que la PS4 Pro ne faisait pas - au lieu de ce qu'elle faisait - et Microsoft ne s'est pas fait prier pour troller son rival. Cela n'enlèvera pas ses qualités réelles, mais aujourd'hui, il est difficile de l'ériger au rang de console ultime pour un environnement 4K. Et ce n'est pas grâce à elle que ces pauvres Blu-ray UHD s'installeront dans les demeures du grand public. La Xbox One S, seule gagnante de l'histoire, lui dira mille mercis. Sony Interactive Entertainment loupe le coche et aurait pu profiter des balbutiements du format pour l'assoir. Cela n'empêchera peut-être pas la PS4 Pro de se vendre comme des petits pains, mais le nom Pro ne laissait pas présager une multiplicité des appareils. Tant pis pour nos comptes en banque.