Maintenant, il faut alimenter.
Nous pourrions fanfaronner des heures avec la PlayStation 4. Après tout, le hasard a voulu que notre analyse de la situation de la console tombe le même jour que le communiqué annonçant un parc de 18,5 millions d'exemplaires. 18,5 millions, c'est presque 20 millions en un peu plus d'un an, mais c'est surtout peu ou prou les ventes cumulées de Wii U et de Xbox One, ses rivales, si tant est que la machine de Nintendo en soit vraiment une. Le succès de la PlayStation 4 a cela de monstrueux qu'il est en avance sur celui de la PlayStation 2 en son temps, plateforme de salon la plus écoulée de tous les temps. Mais la belle japonaise accuse un léger retard sur le rythme de la Wii, qui en était déjà à 20,1 millions au même moment. Qu'importe.
La firme nippone a retrouvé son hégémonie.
Mais passé le rêve, il faut maintenant revenir à la réalité. Et la réalité, c'est un catalogue de jeux ô combien pauvre en 2014, avec des remakes (GTA V, The Last of Us: Remastered, Tomb Raider: Definitive Edition...) en forme de cache-misère et quelques exclusivités qui sauvent la mise (inFAMOUS: Second Son, DRIVECLUB, LittleBigPlanet 3). La réalité, c'est aussi des fonctionnalités arrivées hyper tardivement (Blu-ray 3D, YouTube) ou encore absentes (quid de la compatibilité 4K ?). La réalité, c'est enfin un PlayStation Network hyper fragile, qui a du mal à tenir face à un gros coup de boost (les 4 millions d'unités ayant trouvé preneurs pendant les fêtes) concomitant à une attaque de Lizard Squad. Sept jours pour s'en remettre et l'obligation de proposer une compensation aux clients. C'est le revers de la médaille, autant que des éléments sur lesquels il faut que Sony s'améliore.
La PlayStation 4 s'impose sans killer-app, c'est un fait. Quel titre First Party a fait sa ludothèque pour le moment ? Aucun. Certains diront que c'est encore trop tôt, mais il n'est pas certain que l'année 2015 en apporte une, sauf si Uncharted 4: A Thief's End sort et fait mieux que ses prédécesseurs. The Order: 1886 et Bloodborne, qui ont la bonne idée d'arriver pendant le premier trimestre, n'ont pas le profil, sauf immense surprise. L'E3 2015 apportera quelques débuts de réponse, mais Sony Computer Entertainment donne parfois cette impression de jouer sur beaucoup trop de fronts (PlayStation Now, la parade payante de l'absence de rétrocompatibilité, et Project Morpheus) pour tout faire bien. Mais l'avantage d'être le leader, c'est d'avoir l'appui des autres, dans le sillage de Capcom avec Street Fighter V.
Si la PlayStation 4 veut totalement se comparer à la PlayStation 2, il faudra des jeux, une pluie de jeux, et marquants qui plus est. Pour le moment, la base installée est immense, Sony Computer Entertainment peut sabrer le champagne et affirmer ses ambitions. Maintenant, il ne faut pas tomber dans la facilité, sans quoi les joueurs pesteront dans les forums, "J'ai la PlayStation 4, mais je ne joue à rien dessus." Puisque la firme nippone a retrouvé son hégémonie, pile au moment où la marque PlayStation a fêté ses 20 ans (pour le prestige - et la frime), il serait dommage de la perdre faute de munition. En outre, le Japon est toujours à (re)conquérir.