#CINEMA - Mad Max: Fury Road - Nous avons vu la claque visuelle de l'année (critique)
par Maxime ClaudelMax est de retour, pour le meilleur... et le meilleur !
Trente ans pile poil après Tina Turner et son - piètre - dôme du tonnerre, George Miller revient (enfin) avec un nouveau Mad Max, sous-titré Fury Road. Entretemps, il était allé faire un tour sur la banquise et nous avait raconté l'histoire d'un petit cochon prénommé Babe. Mais rassurez-vous, le réalisateur hyper visionnaire, père spirituel du post-nuke, n'a rien perdu de sa rage, de son envie et de son talent. Mad Max: Fury Road est bel et bien le rejeton attendu : une puissance visuelle absolue nourrie par les flammes, le pétrole, le sable et le sang. Un écrin brûlant dont personne ne ressortira indemne. La claque cinématographique, à la fois jouissive et excitante, que tout le monde n'espérait plus dans la catégorie action.
Une course-poursuite géante transformée en un concerto de grosses caisses soutenues par une unique guitare électrique balançant des riffs explosant la rétine.
Pour autant, la gestation de Mad Mad: Fury Road n'aura pas été de tout repos, entre tournage chaotique suite à des conditions climatiques désastreuses et obligation de refaire des scènes après les premières projections tests. Mais, dans la douleur, George Miller a enfanté une bombe à retardement, une relecture de sa propre œuvre, ni trop référencée, ni trop infidèle. Mad Max: Fury Road pourrait presque se suffire à lui-même, matérialisé par ce changement d'acteur principal, Mel Gibson, jugé trop vieux, étant remplacé par Tom Hardy. Comme son prédécesseur, il joue en retenue, laissant la vedette au reste, à savoir une succession de séquences toutes plus hallucinantes les unes que les autres. Une course-poursuite géante transformée en un concerto de grosses caisses soutenues par une unique guitare électrique balançant des riffs explosant la rétine et des plans séquences à en pleurer.
C'est bien simple, nous pourrions presque dire qu'il y a plus d'idées dans Mad Max: Fury Road que dans l'ensemble des films d'action de ces cinq dernières années. Le metteur en scène multiplie les effets de montage - même sonores - et délaisse les ordinateurs pour mieux faire transparaître l'authenticité et mettre en exergue la folie des cascades imaginées. L'authenticité d'un long-métrage fait dans la sueur et la chaleur d'un désert brûlant, où l'humanité essaie tant bien que mal de survivre dans le berceau du post-apocalyptique. C'est une véritable prouesse technique, à l'heure où les FX numériques gangrénent les blockbusters formatés. À l'opposé, George Miller n'a pas voulu se renier, livrant une production roots, risquée, mais qui a de la gueule et renvoie tout le monde dans les couches de sa mère.
En parallèle, non content d'être un faiseur d'images loin d'être éreinté, George Miller est un formidable conteur. Celui qui a compris que les messages passaient plus facilement en faisant parler l'écran plutôt que les acteurs. Car bien au-delà de la fureur et de la violence, Mad Max: Fury Road est un bon pied de nez au reste, en féminisant d'abord l'héroïsme au travers du personnage ô combien charismatique de Furiosa (Charlize Theron) et de sa ribambelle d'apôtres en ayant plus dans le pantalon que certains hommes formant une légion de "squelettes" dérangés, et au service d'un tyran effrayant. Spectaculaire, beau et décapant, le quatrième Mad Max risque de faire grand bruit, et il fallait donc ressusciter un héros d'antan pour (re)vivre ça. L'esprit d'époque conservé, la trahison en moins. Un pied dans le passé, un autre déjà dans le futur. George Miller a tout compris.
Note : 5/5