League of Legends : LoL « est devenu une bête bien plus grosse que nous l'aurions imaginé », notre interview de Guillaume Rambourg
par Kevin HattererNous avons profité de la finale des Worlds à Paris pour poser quelques questions au directeur général de Riot Games France et en savoir un peu plus sur l'avenir du studio et de l'eSport.
Quelques heures avant la finale du Mondial de League of Legends qui se déroulait à l'AccorHotel Arena à Paris, nous avons pu rencontrer Guillaume Rambourg, directeur général de Riot Games France qui a accepté de répondre à nos questions. Pour rappel, Riot Games c’est l’éditeur qui n’a sorti qu’une licence en 10 ans : League of Legends, un jeu qui est vite devenu une référence dans le MOBA et dans l'eSport.
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50€ sur Amazon* * Prix initial de vente : 50€.Moi c’est Guillaume Rambourg, je suis chez Riot Games depuis bientôt 4 ans et je m’occupe du bureau Riot Games en France à Paris, dont la mission est de nourrir la relation avec les joueurs, la communauté (cosplayeurs, influenceurs, médias...), et tous ces gens qui nous aident à faire durer League of Legends dans le temps.
Je suis dans le gaming depuis 12 ans et par le passé, j’étais dans le groupe CD Projekt où j’ai pu gérer GOG.com et CD Projekt RED.
Au quotidien, en quoi consiste d'être Directeur Général de Riot Games France ? As-tu une semaine type ?
Ma semaine type n’est pas vraiment type justement. Mon rôle est d’être le capitaine du bateau, dans le sens où on a un cap à suivre pour Riot Games, on sait où on veut aller avec notamment un futur assez rempli. Toutefois il y a pas mal de chose qu’il faut coordonner et mon but est justement de m'assurer que les équipes ait une ligne directrice, les informations nécessaires, les outils... En clair, tout ce qu’elles ont besoin pour performer. Il y a un peu de stratégie, de coaching des équipes, parler aux partenaires, etc. Je suis un peu touche à tout !
À coté de ça, as-tu le temps de jouer ?
Quand j’ai un peu de temps libre je joue à pas mal de truc, notamment à Rocket League, mais je ne maîtrise pas assez le jeu aérien et j’ai donc du mal à dépasser le haut du niveau Platinum (rire). À côté de ça, je dois avouer que je me suis épris d’amour pour un jeu mobile - je me surprends moi-même de le dire - qui est Brawl Stars où je passe un temps fou dessus, des petites parties de 5 minutes ci et là afin de gagner le plus d’étoiles possible.
À côté de ça, je joue de moins en moins à League of Legends par manque de temps. Le jeu est très exigeant et demande du temps, pour jouer, mais également pour analyser mes parties. Je faisais beaucoup du 3vs3 qui était mon mode de jeu préféré dans LoL mais qui va bientôt être supprimé, il faut donc que je repasse en ARAM ou en 5vs5, mais il faut que je trouve quelque chose !
Ton personnage préféré dans League of Legends ?
Je suis un fanatique de Vel'Koz au poste de Midlane !
Quel est l’avenir de Riot ? Cela fait maintenant 10 ans que LoL existe, puis vous avez annoncé il y a quelques mois TFT et plus récemment maintenant plusieurs nouveaux projets : un jeu de cartes, un FPS tactique, une série animée... Pourquoi avoir attendu aussi longtemps et pourquoi tout maintenant ?
Ça nous pris plus de 10 ans d’annoncer le futur pour une raison assez simple. League of Legends, à notre surprise, est devenu une bête bien plus grosse que nous l'aurions imaginé, donc ça nous a demandé beaucoup d’effort, de temps et de ressources pour développer ce jeu et en faire ce qu’il en est aujourd’hui. Et à coté de ça, nous avons développé plein de prototypes de développement et dans plein de genres différents, mais c’est un peu comme la recherche de pépite d’or dans une rivière : il y a parfois des pépites qui sont trop petites et on n’est pas satisfait du niveau de qualité. Donc il y a des tas de prototypes de jeu que nous avons mis à la poubelle et cela nous a pris du temps pour trouver des concepts de jeu.
Il fallait également que nous gagnions en confiance avant de pouvoir en parler et cette confiance nous l’avons gagnée. Et le hasard des choses fait que nous avons gagné cette confiance en 2019, pour les 10 ans de League of Legends. C’était donc la belle occasion pour parler du passé, du présent et aussi du futur.
Y aura-t-il un lien entre toutes ces licences ?
Non, il n’aura pas forcement de lien entre tous ces projets, sinon que les jeux seront basés sur l’univers de Runeterra, qui est donc le lore de League of Legends. Forcement, en soit on retrouvera ici des champions et régions familiers. Seul notre futur jeu de tir, Project A, ne sera issu de l’univers de League of Legends
Comme nous venons d'en parler, cela fait 10 ans que LoL existe et énormément de personnes dans le monde ont grandi avec cette licence, en jouant au jeu évidement, mais également via l'eSport (d'où notre présence ici). Comment vois-tu l'avenir de l'eSport et de League of Legends ?
Notre vocation c'est clairement de faire durer League of Legends dans le temps et pour ça l'eSport est fantastique. On peut créer une pyramide inspirationnelle qui fait qu’un joueur peut commencer chez lui et finir à la finale des championnats du monde à Paris. Maintenant le point qui nous manque et qu’on doit développer de plus en plus, c’est le point local de l’eSport. Contrairement au sport traditionnel, l’eSport a commencé par le haut de la pyramide (championnat du monde), puis les championnats régionaux (LEC, LCS, LCK, LPL, etc) et ce qu’il manque désormais, c’est le pan local de l’eSport. C’est un pan que nous avons commencé à développer en France il y a un peu plus de 2 ans, avec l’arrivée successive d’un championnat de France, d’une ligne universitaire, et l’an prochain nous aurons une ligue 2 qui sera l’antichambre du championnat de France.
Tout cela se développe, mais il reste encore énormément à faire. Il va falloir démocratiser la pratique, que les gens comprennent comment jouer à ce jeu et comment s’y développer, un peu comme le football où vous avez un club près de chez vous avec des éducateurs.
L'eSport n’a pas encore d’éducateurs, de diplôme d’État pour les entraineurs donc il y a beaucoup à faire par rapport au sport traditionnel, mais du moins l’ambition c’est que demain, un jeune puisse choisir entre le foot, le basket ou faire du League of Legends
Verrons-nous un jour une coupe du monde par nation sur League of Legends ?
On a pas mal de discussions à ce sujet, mais avant de pouvoir faire une coupe du monde par nation, il faut déjà que l'ont ait un pool de talent développé dans chacun des pays. Par exemple, actuellement notre ligue principale en Europe (le LEC) ne compte même pas une dizaine de Français. Et si nous voulons faire les équipes nationales, il faut au moins 5 titulaires et potentiellement quelques remplaçants. Chez Riot, nous voulons que ça se tienne d’un point de vue compétitif, que le niveau soit inspirant et que ça tire vers le haut. Il faut que l'on mette en place des stratégies pour potiellement y arriver un jour, mais c’est une réflexion que l'on a effectivement.
D’ici quelques années se déroulera les JO de Paris (2024). Est-ce que LoL sera de la partie ?
L’année dernière le CIO (Comité International Olympique) qui est basé à Lausanne a entamé une réflexion sur l’esport pour en savoir un peu plus sur cette pratique. Ils ont organisé des sommets avec différents représentants de l'eSport ou du sport traditionnel afin de savoir qu’est-ce que l’eSport et surtout pour savoir comment c’est structuré à l’échelle mondial. Il faut savoir que pour sélectionner des disciplines de manière officielle, le CIO a beaucoup d’exigences, et l’une d’entre elles est qu’il faut un modèle de gouvernance à l’échelle mondiale avec par exemple une fédération mondiale, des fédérations nationales, etc. Et l'eSport, pour le moment, n’est pas aussi bien structuré qu’un sport traditionnel, où il y a un ministère des sports et des fédérations.
Ce n’est pas impossible qu’à l’avenir on y soit, mais au moment où je vous parle, il faut absolument une structure bien définie, ce que l'eSport n’a pas encore
Aujourd'hui est donc la finale du Mondial 2019 de League of Legend en présence du meilleur public du monde. Plutôt G2 Esport ou FunPlus Phoenix ?
Si je devais faire preuve de neutralité en tant que Rioteur, je dirais de manière très normande que j’attends une belle finale avec beaucoup de suspense, ce qui est vrai ! Mais après en tant qu’Européen, je dois avouer que je suis un peu comme tous les fans français et on espère vraiment que G2 Esport va gagner à Paris, ça serait magnifique ! (NDLR : malheureusement pour nous, l'Europe s'est vu battre face à l'équipe chinoise).
Vous l'aurez donc compris, Riot Games est désormais plus fort que jamais et nous allons encore entendre parler de lui dans l'avenir.