C'est un fait, les éditeurs proposent de plus en plus leurs jeux vidéo en version dématérialisée et pourtant les titres AAA ne voient pas leurs prix toujours révisés à la baisse. Petite explication sur la réalité d'un marché complexe.
Selon la HADOPI, si un jeu dématérialisé devait, aux yeux du consommateur, être vendu moins cher que son équivalent sur support physique, la situation est loin d'être évidente.
L'incompréhension règne chez les joueurs, qui arrivent toutefois à jouer de quelques combines pour acheter leurs titres moins chers, notamment au travers de sites de vente de clés Steam achetées sur le marché russe ou autres zones profitant d'un taux de change avantageux.
La logique voudrait que les titres dématérialisés se retrouvent moins chers : il n'y a pas de CD à presser, pas de boite ni de livret à imprimer, pas de loyer à payer pour les entrepôts, aucun circuit de distribution à entretenir... Mais alors pourquoi les jeux téléchargeables sont-ils aussi chers que les jeux vendus en boite ?
Pour la HADOPI, les éditeurs entretiennent une politique des prix hauts et indexés tout simplement pour maintenir l'activité de la vente de supports physiques. En somme il est établi qu'un joueur sera avantagé s'il achète la version DVD puisqu'il conservera un support physique. Dans le cas contraire, les distributeurs seraient mis en porte à faux.
Autre explication : les consoles de jeux ont encore du mal à imposer la vente de contenus dématérialisés. Puisque les titres sont majoritairement proposés sur plusieurs plateformes en simultanée, difficile d'expliquer pourquoi le titre sera moins cher sur PC que sur console. En France, seulement 31% des revenus des jeux sur console proviennent de la vente de contenu dématérialisé.
Et puis il y a également le fait que le téléchargement des titres a un cout souvent sous-estimé de la part des joueurs. La bande passante nécessaire à la gestion des millions de téléchargements simultanés peut coûter une fortune, souvent bien plus que l'ensemble de la logistique mise en oeuvre pour la diffusion des supports physiques.
Reste que certains titres PC sont souvent proposés à des prix plus attractifs, notamment les petites productions. Si la démocratisation des sites clé en main de type 1&1 permet à des développeurs tiers ou petits éditeurs de vendre directement leurs titres, les grosses plateformes n'hésitent plus à les accueillir volontiers, comme le fait Steam avec le succès grandissant des versions anticipées vendues à bas prix pour les courageux parés à se soumettre aux épreuves de l'alpha ou du beta testing.
Reste que pour le PDG d'Ubisoft, Yves Guillemot, l'alignement des prix des jeux dématérialisés et physiques "devrait durer, car il n'y a pas de raison de changer."