DOSSIER - Ingress : un point sur le phénomène dépassant le cadre du simple jeu mobile
par Maxime ClaudelLa puissance de Google en sept lettres.
Derrière le jeu mobile Ingress se cache tout d’abord John Hanke, fondateur de Niantic Labs et créateur de Google Earth. Ce développeur au curriculum vitae bien rempli a plusieurs passions : la cartographie, forcément, le réalisateur J.J. Abrams (la série Alias, les films Mission: Impossible 3 et Star Trek, en attendant le prochain Star Wars) mais aussi le jeu vidéo. Ainsi, à la question « Comment passe-t-on de la cartographie au divertissement ? », l’intéressé répond toujours : « j’ai commencé par un MMO et c’est par passion que je suis revenu au jeu vidéo ». Du reste, ne s’attendait-il pas à ce que son projet, suite logique de Google Earth, devienne un phénomène mondial dépassant le cadre du plaisir vidéoludique ? Explications.
200 pays, 3 millions de portails créés dont 2 millions approuvés par une équipe Google, 4 millions d’installation, 1,78 million de followers sur Google+…
Concrètement, Ingress est une sorte de jeu de rôle géant, rappelant le célèbre mode Capture the flag et utilisant les vertus de la réalité augmentée pour transformer le monde en un vaste terrain virtuel, au sein duquel deux factions s’affrontent par le biais de portails à capturer. Au-delà de la simple application à télécharger depuis son terminal (Android, et iOS depuis peu), Ingress s'accompagne d'une foule de canaux pour faire vivre cette réalité parallèle faisant référence à la science-fiction de J.J. Abrams. Un comics, une web-série, vidéos ponctuelles… La narration est très impliquante et poussée, de manière à ce que les communautés puissent faire vivre leur nouvelle passion, peu importe l’endroit où elles sont. En outre, cela permet à Google de capitaliser sur ses propres réseaux, tels YouTube et Google+.
Mais résumer Ingress à une expérience cross/trans-média s’apparenterait à réduire l’aspect social hautement poussé. Déjà, le concept implique un nomadisme certain puisque, pour trouver des portails, il faut d’abord aller les chercher, pour mieux découvrir le Monde grâce à une base de données forcément très impressionnante – Google oblige. Autrement dit, rester sur son canapé ne permet pas de profiter du titre comme il se doit. Comme aime à l’expliquer John Hanke, Ingress s’appuie sur des objectifs simples, mais sous-entendant des choses folles à réaliser. Effectivement, certains, très aventuriers, n’hésitent pas à faire des centaines voire des milliers de kilomètres pour capturer de nouveaux portails. D’autres, plus impliqués, se font carrément tatouer le logo de leur équipe sur la peau histoire de montrer d’où ils viennent. Car Ingress est un véritable vivier de rencontres, avec des événements mondiaux organisés pour que les fans se retrouvent et partagent. Durant ces journées ou week-ends consacrés au jeu, des couples se forment. Encore plus insolite ? Des joueurs n’hésitent pas à enfourcher leur vélo ou modifier leur voiture pour mieux apprécier leur voyage. Et si vous voulez perdre du poids, Ingress sera peut-être votre meilleur allié.
Ingress, en chiffres, ça donne quoi ? 200 pays, 3 millions de portails créés dont 2 millions approuvés par une équipe Google, 4 millions d’installations, 1,78 million de followers sur Google+… Autant dire qu’il y a sans doute quelques-uns de vos proches qui y ont goûté, peut-être en cachette, mais peut-être pas. Dans tous les cas, le développement devrait continuer dans les mois qui viennent, entre une possible version Google Glass, appareil tout trouvé pour scanner l’environnement en quête du Saint Graal, et le développement d’une API pour que d’autres studios puissent se lancer, eux aussi, sur le marché du Ingress-like. En l’état, les possibilités apparaissent nombreuses et, eu égard à la puissance de Google et de ses nombreuses tentacules, le phénomène Ingress ne devrait pas disparaître de sitôt. Quant à John Hanke, il planche déjà sur un autre projet, baptisé Endgame et qui, lui aussi, sera cross-media, avec un film en ligne de mire.
En conclusion, Ingress n’est peut-être ni le futur du jeu vidéo, ni celui des réseaux sociaux. En revanche, il représente l’une des voies – ou réponses – liant les deux domaines aux antipodes parfois, au diapason souvent, dans une même production. Il n'y avait que Google pour y parvenir avec une telle ampleur. Jusqu'à maintenant ?