Hideo Kojima : "Maintenant que je suis indépendant, je peux faire ce que je veux"
par Maxime ClaudelLe papa des Metal Gear tance les grandes entreprises, sans nommer Konami.
Le divorce entre Hideo Kojima et Konami ressemble à un classique bien connu, celui du fils prodigue qui s'émancipe pour mieux voler de ses propres ailes. C'est d'ailleurs dans cet état d'esprit qu'est maintenant le papa des Metal Gear, jouissant d'une liberté pleine pour mieux se retrouver. Dans un entretien accordé à New Yorker, Hideo Kojima confirme à demi-mot les raisons de son départ, même s'il n'a pas vraiment le droit d'en parler.
Hideo Kojima a atteint la maturité suffisante pour se lancer dans le grand bain sans avoir une grosse structure derrière. Il ne veut plus avoir les pieds et poings liés :
Les jeux ont évolué au-delà du simple divertissement interactif, vers un média riche qui peut offrir du drama et des éléments plus profonds. En ce sens, les jeux japonais sont devenus durs à vendre : leur sensibilité et leur identité culturelle sont trop distinctes. Et la seule manière de créer des gros jeux est de cibler un marché global. Mais pour viser un marché global, le management derrière le projet doit avoir une vision sensée de ce qui va fonctionner et se doit de vouloir prendre des risques. Si vous êtes seulement focalisés sur le profit immédiat, vous passerez à côté. Ce sera impossible de rectifier le tir.
Hideo Kojima critique carrément la structure des grosses sociétés, particulièrement les japonaises (donc Konami indirectement) :
Quand vous travaillez dans une grosse société, et plus spécifiquement les japonaises, même les petits détails doivent être approuvés en amont, et vous devez remplir des papiers pour tout et n'importe quoi. Maintenant que je suis indépendant, je peux faire ce que je veux et plus rapidement. Je n'ai pas à perdre du temps dans des présentations inutiles. Je prends en charge les risques. Quand je travaillais pour une société, mes pensées personnelles pouvaient être balayées par la direction. Ainsi, je n'avais rien le droit de dire.
Pour l'anecdote, Hideo Kojima a d'abord pensé à se vider l'esprit pendant un an sur une île déserte. Un ami d'Hollywood l'en a dissuadé :
En entendant ça, j'ai compris que mon rôle dans ce monde était de continuer à faire des grands jeux aussi longtemps que je peux. C'est ma mission. Celle que j'ai reçue dans ma vie.