Facebook : non, le réseau social ne menace pas de fermer en Europe !
par Thomas Bruggemans , Eric de BrocartDes menaces pourtant claires qui finalement n'en seraient pas... Il est clair que la gestion des données personnelles est un trésor bien précieux et que l'affaire n'est pas encore finie !
Les temps sont durs pour Facebook qui accumule les problèmes avec l'Union européenne. En effet, après avoir stoppé les ventes d'Oculus en Allemagne suite une grosse tension avec les autorités locales face à la future obligation de posséder un compte sur le réseau social pour installer et utiliser son casque de réalité virtuelle, la société a reçu une demande de rapatriement des données des utilisateurs européens en Europe afin d'être sûr qu'elles soient protégées par les règles en vigueur (RGPD, entre autres).
Tout a débuté le 16 juillet 2020, quand la cour de justice de l'Union européenne a décidé d'annuler le Privacy Shield, un accord lié à l'autorisation d'envoyer aux États-Unis les données des utilisateurs vivant en Europe (pour rappel, aux USA, les autorités ont un accès « libre » à toutes les données présentes sur le réseau social). La cour de justice a jugé que ce n'était pas suffisamment encadré et ne respectait pas le RGPD. Puisque Facebook semblait ne pas tenir compte de cet acte, la Data Protection Commissioner - autorité gérant la protection des données des utilisateurs européens sur les réseaux sociaux - a lancé une nouvelle demande intimant au réseau social de stopper l'envoi de données des utilisateurs européens aux États-Unis. Facebook, jugeant cette règle trop stricte et impossible à mettre en place, a demandé et obtenu, pour le moment, le gel temporaire de cette ordonnance auprès de la Haute Cour de justice d'Irlande (lieu du siège social en Europe de Facebook et bien d'autres multinationales). Par la suite, Yvonne Cunnane, responsable de la protection des données chez Facebook a déclaré : « il n'est pas très clair pour Facebook comment, dans de telles circonstances, il serait possible de continuer à fournir les services Facebook et Instagram dans l'Union européenne ».
Cette déclaration, clairement perçue comme une menace, laissait entendre que Facebook et Instagram pourraient bien fermer leurs portes au sein de l'Union européenne. Difficile de l'entendre autrement et une certaine inquiétude est née auprès des utilisateurs lambdas, mais aussi des joueurs (l'Oculus Quest 2 arrive bientôt et ne peut être utilisé sans) voire des professionnels qui communiquent via ce réseau social. Ce buzz fort négatif semble quand même avoir fait réagir Facebook qui aurait confié à nos confrères du journal Les Échos :
Facebook ne menace pas de se retirer de l'Europe. Des documents juridiques déposés auprès de la Haute Cour irlandaise exposent simplement le fait que Facebook, et de nombreux autres services, entreprises, et organisations dépendent des transferts de données entre l'Union européenne et les États-Unis pour faire fonctionner leurs services.
Rétropédalage ou réelle incompréhension du message initial, il nous semble évident que le géant américain n'est pas vraiment en mesure de se priver du marché européen et va devoir trouver une solution pour satisfaire les autorités européennes en termes de préservation de la vie privée de ses ressortissants. La vraie question est de savoir si compromis il va y avoir, et si nos dirigeants seront assez fermes et Facebook conciliant... À suivre !