Elika's Escape : quand l'UNICEF pitche un faux jeu vidéo pour sensibiliser à la pauvreté du Sud Soudan
par Auxance M.Bonne ou mauvaise idée ?
Drôle de campagne de sensibilisation que celle lancée par l'UNICEF. Les Fonds des Nations Unies pour l'Enfance ont en effet partagé cette semaine une "caméra cachée" organisée dans un salon du jeu de Washington il y a peu, le VGU. Un acteur y a en effet présenté Elika's Escape, un jeu vidéo de genre "FPS survival horror post-apocalyptique" dans lequel nous devions incarner une jeune fille de sept ans qui doit survivre face à la guerre, la famine et la maladie.
L'homme décrit alors les premières scènes du "jeu" : la mort de notre mère par maladie, l'assassinat de notre frère aîné par des militaires, notre fuite alors que notre petit frère est effleuré par une balle... Nous avons par la suite accès à des jauges de santé, d'hydratation et de faim, pour lesquelles nous allons devoir nous prostituer afin de récolter de l'argent et répondre à nos besoins. Le scénario est insoutenable, l'idée qu'un homme puisse soutenir un tel projet l'est aussi, alors de nombreux spectateurs quittent la salle.
Bien évidemment, un tel jeu n'existe pas, mais la vérité est pire, car il s'agit en réalité de l'histoire d'Elika, une vraie Sud-Soudanaise dont le récit a été rapporté ici. "Ce qui est trop dur pour un jeu vidéo arrive quotidiennement aux enfants du Sud-Soudan", voilà le message qu'a voulu faire passer l'UNICEF... à sa manière. Si le fond est tout à fait louable, l'idée d'utiliser le média jeu vidéo à contre-pied, sous-entendant peut-être que celui-ci n'est pas capable de faire passer des messages forts du genre, quand ils sont bien transmis, a de quoi troubler. À vous seuls d'en juger, mais n'oublions pas que des titres comme This War of Mine et Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre ont à la fois réussi à se montrer ludiques, instructifs et sensibles à la thématique de la guerre.