ANALYSE sur Final Fantasy XVI : une première bande-annonce plus instructive qu'elle n'y parait
par Alexandre S.La flamme de la licence Final Fantasy a été ravivée avec l'annonce du seizième épisode numéroté, qui nous laisse déjà avec de nombreuses questions en tête.
Square Enix a officialisé mercredi dernier un jeu dont le seul titre a de quoi exciter toute une génération de joueurs, Final Fantasy XVI, attendu en exclusivité console sur PS5. La première bande-annonce de cet Action-RPG solo fait déjà énormément parler d'elle et contient de nombreux éléments que les fans ont pris le temps de démêler. Nous ne faisons pas exception et vous proposons ici une analyse de ces premières minutes ainsi qu'un éclairage concernant l'équipe de développement du projet.
Une équipe gagnante ?
La Creative Business Unit III, anciennement nommée Business Division 5, teasait déjà son nouveau projet dès 2019, et avait diffusé plus tard cette année-là un concept art que nous pouvons désormais rattacher au jeu. Sauf que le développement (la phase de préproduction) a en réalité démarré bien avant, à minima en 2016, faisant suite à la sortie de l'extension Heavensward de Final Fantasy XIV. Outre le fait que Naoki Yoshida soit producteur sur les deux jeux et à la tête de l'unité, il faut savoir qu'Hiroshi Takai était alors assistant directeur sur cette 3.0 du MMORPG, lui que nous savons désormais directeur de FFXVI et qui a auparavant occupé le même rôle sur The Last Remnant.
Ryota Suzuki, anciennement chez Capcom où il était l'un des designers sur Devil May Cry 5 et lead game designer sur Dragon's Dogma: Dark Arisen, fait également partie de l'équipe depuis 2019, comme nous l'apprenions en juin dernier, et officie en tant que directeur des combats. Le premier aperçu est plutôt prometteur et dynamique, s'inscrivant dans la lignée de l'orientation Action-RPG qu'a prise la licence au fil des années. La musique, reprenant les thèmes Final Fantasy et Prelude apparaissant dans la plupart des épisodes principaux, n'est quant à elle pas sans faire énormément penser aux travaux de Masayoshi Soken, qui a au passage retweeté l'annonce, et plutôt trois fois qu'une !
Visuellement, et contrairement à l'habitude qu'a prise la licence, Square Enix ne semble ici pas vouloir miser sur le côté « claque graphique » auquel la next-gen fait évidemment penser. Est-ce vraiment un mal ? Pas de cinématique CGI donc, mais un mélange de cut-scenes et passages de gameplay posant une ambiance de dark fantasy, signe que l'équipe est plutôt confiante sur ce qu'elle compte nous proposer sans le survendre. Bien que le moteur de jeu utilisé n'a pas encore été mentionné, il se pourrait qu'il s'agisse de celui de FFXIV, déjà maîtrisé par les équipes de la division, ce qui expliquerait le sentiment de familiarité se dégageant de la vidéo.
Un premier aperçu riche en détails
Concernant ce que nous propose cette bande-annonce intitulée Awakening (l'Éveil en français), il y a énormément à dire, en commençant par la mise en avant des Eikons, nom donné aux traditionnelles invocations de la saga. Nous retrouvons ainsi une confrontation entre Titan, dont l'apparence est très proche de celle qu'il arbore dans Final Fantasy XV, et Shiva, mais aussi et surtout un face à face opposant Phénix et Ifrit, les deux Eikons de feu figurant sur le sublime logo encore une fois dessiné par Yoshitaka Amano. Parmi les autres éléments familiers du bestiaire, nous retrouvons aussi des Chobobos en guise de monture, un écœurant Morbol / Malboros et un Coeurl.
Deux temporalités semblent par ailleurs se dégager de cet aperçu, la première avec le protagoniste âgé et son air revanchard, déclarant qu'il cherche à tuer quelqu'un même si ce doit être sa dernière action. Il fera visiblement partie d'un groupe de « mercenaires » chargé de chasser les Eikons. Tous portent un tatouage au visage sur leur joue gauche, et ont pour cible l'Émissaire de Shiva (le terme Dominant est utilisé en anglais et japonais à l'oral), la créature ayant été invoquée.
La deuxième le met en scène lorsqu'il était plus jeune et agissait en tant que Gardien (Shield) d'un dénommé Joshua, membre d'une certaine noblesse en qualité de fils d'un archiduc. Ce jeune garçon semble posséder de grands pouvoirs magiques, puisqu'il est montré en train d'utiliser un sort de soin, en plus de son lien avec les Eikons qui reste à établir clairement, mais ferait à priori de lui l'Émissaire de Phénix. Son statut spécial expliquerait les paroles de la femme s'adressant à lui (sa mère ?), qui ne veut pas qu'il joue dehors. Notons également un élément de chara design partagé par les deux personnages, à savoir la même boucle portée à l'oreille gauche, le genre de détail anodin pouvant typiquement avoir un sens narratif.
Une nuit, le duché va être attaqué par l'empire ennemi, qui se nommerait « Zanbrek » à en croire la version japonaise lors du passage avec le chevalier dragon terrassé par le héros, et disposait d'un traitre infiltré. Ce dernier va assassiner l'un des membres de la garde chargés de veiller sur Joshua sous les yeux de ce dernier, déclenchant involontairement l'invocation de Phénix. Une mystérieuse silhouette faite de flammes va quant à elle se transformer en Ifrit, laissant penser que les Émissaires ne sont pas de simples invocateurs, mais incarnent les Eikons. Pour autant, il est dit que deux Eikons de feu ne devraient pas exister à la fois, le traitement de ce dernier peut donc être particulier. Quant à la phrase demandant à Joshua de se réveiller, annonce-t-elle un destin tragique le concernant ? En japonais, une voix demande à Ifrit d'arrêter, en déclarant qu'il s'agit de son petit frère. La mort de Joshua pourrait donc être à l'origine du désir de vengeance du protagoniste. Si c'est bien le cas, tout cela ne constituerait alors que le prologue de l'histoire, expliquant pourquoi Square Enix en a autant montré, ce qui est assez rare lors d'une révélation, il n'y a qu'à voir Project Athia.
De plus, le style visuel des armures dans la temporalité la plus avancée fait penser à celle de l'empire. Le héros, ayant survécu à l'attaque, serait-il désormais obligé de servir l'ennemi, d'où le tatouage et le fait d'être obligé de suivre les ordres ? Dans tous les cas, il est vu à plusieurs reprises en plein combat, se servant d'une épée et maniant le pouvoir des Eikons, matérialisant ainsi les ailes de Phénix, en plus de se téléporter et d'esquiver dans une trainée de feu. Nous le découvrons aussi avec une autre tenue et un style de combat plus aérien, matérialisant une sorte de serre acérée avec une aura verte faisant penser au vent (Garuda ?). Enfin, c'est le bras de Titan qui est utilisé dans une autre scène en intérieur. Et ne vous attendez pas à monter bien longtemps sur ce beau Chocobo blanc / argenté, puisqu'il git au sol suite à l'attaque...
Quelques références bien senties
En plus de tout ce que nous avons pu détailler jusqu'à présent, plusieurs éléments trouveront écho chez les joueurs de la saga, bien qu'il faille faire attention avec les sous-titres français, ne collant pas forcément à ce qui est dit en anglais et japonais. Pour commencer, il est question d'un Cristal-mère (Mothercrystal) appartenant à un ennemi du royaume du protagoniste, suggérant qu'il y en aurait plusieurs, or c'est précisément le même terme qui est employé pour désigner Hydaelyn dans FFXIV, mais aussi et surtout dans FFXI avec les cinq cristaux servant à maintenir l'équilibre dans Vana'diel. Il est aussi fait mention d'un mystérieux Fléau (Blight et non Calamity) nécessitant la bénédiction d'un Cristal-mère pour s'en protéger et d'une bataille des Deux Continents (Twin Realms) ayant opposé les Dhalmeks aux Crusaders (Sangs-de-rouille, nous cherchons encore d'où ça sort), qui a tout pour être celle où Shiva et Titan combattent. Et en parlant des Eikons, il s'agit d'une autre appellation des Primordiaux (Primals / Banshin) de FFXIV.
L'un des jeux de Yasumi Matsuno, s'intégrant dans le monde d'Ivalice, semble également avoir servi d'inspiration, à savoir Vagrant Story. Dans ce dernier, un certain Joshua Corrinne Bardorba est présent, fils du Duc Aldous. De même, la femme blonde avec son kiseru (une pipe traditionnelle japonaise) a de faux airs d'Heldricht, l'inquisitrice des Chevaliers de Valendia, ici présente à une sorte de sommet entre différents dirigeants où il est question d'une alliance. Les enjeux politiques devraient donc servir de toile de fond à cet épisode, de quoi plaire à une partie de la fanbase.
Final Fantasy XVI ne dispose pour le moment d'aucune date de sortie sur PS5, et nous n'aurons à priori pas plus d'information majeure avant 2021. D'ici là, n'hésitez pas à découvrir les univers de FFXIV (la Complete Collection est vendue 22,90 € sur Amazon) et de FFXII: The Zodiac Age (13,37 €, également sur Amazon).